Des années de perturbations ont cantonné employeurs et employés dans des univers différents aux priorités, pressions et perspectives bien distinctes.
Le plus récent Sondage sur le travail réinventé 2023 d’EY, qui en est à sa quatrième édition, révèle les tendances qui pointent à l’horizon de la « nouvelle normalité » du travail, traçant les contours d’un rééquilibrage des forces au sein de la main‑d’œuvre et pointant les facteurs qui contribuent le plus à de meilleurs résultats.
Les entreprises ne fonctionnent plus uniquement en fonction des conséquences persistantes de la pandémie de COVID‑19.Les employeurs voient maintenant leurs défis sous l’angle conjoncturel des pressions économiques, géopolitiques et du travail, ce qui exige une stratégie en matière de main‑d’œuvre allant au delà du cadre d’une seule fonction d’affaires. L’évolution du travail hybride exige que l’on accorde plus d’attention à l’influence que la technologie, les bureaux et les commodités peuvent avoir sur la productivité, la culture et la confiance, mais aussi que l’on se penche sur les risques liés à une main‑d’œuvre qui est plus mobile. Les employés, quant à eux, sont principalement guidés par les réalités structurelles de la main d’œuvre, conservant un plus grand pouvoir apparent dans le marché du travail et acceptant de changer d’emploi pour obtenir ce qu’ils souhaitent. De nombreux employés sont motivés par le besoin d’un meilleur programme de rémunération globale dans un contexte de hausse de l’inflation et du coût de la vie, par leur désir d’améliorer leur bien‑être et par la nécessité d’obtenir les compétences pour réussir dans un monde de flexibilité constante au travail.
Le sondage révèle ce qui suit :
- Trente‑quatre pour cent des employés se disent prêts à changer d’emploi au cours des 12 prochains mois, bien que les employeurs soient plus enclins que les employés à penser que les enjeux économiques réduiront le taux de roulement du personnel. Le salaire demeure la principale préoccupation des employés qui continuent de se concentrer sur les programmes exhaustifs de rémunération globale.
- Employeurs et employés sont d’avis que le rapport de force a recommencé à pencher légèrement en faveur des employeurs au cours de l’année écoulée, bien que le pouvoir apparent des employés ait augmenté de 8 % depuis 2019.
- Les entreprises qui cultivent des rapports de confiance et ont un modèle de leadership axé sur les gens obtiennent des résultats organisationnels considérablement meilleurs, y compris la perception d’une meilleure culture et d’une plus grande productivité.
- Le renforcement des compétences et la formation figurent au sommet des priorités des employeurs cherchant à mettre à niveau et à recycler les compétences de leur main‑d’œuvre ainsi que de celles des employés désirant demeurer compétents dans un marché de l’emploi toujours solide.
- Employés comme employeurs se montrent enthousiastes à l’égard de l’intelligence artificielle (IA) générative, alors que 33 % d’entre eux s’attendent à une amélioration de la productivité et que 44 % s’attendent à une incidence favorable nette sur les méthodes de travail flexible. Toutefois, les deux groupes de répondants ne perçoivent pas la formation relative à l’IA générative comme étant une priorité.
- Chez les travailleurs du savoir, dont le travail consiste essentiellement à utiliser leurs capacités d’analyse ou leur expertise technique dans un environnement de bureau, plus du tiers préfèrent le télétravail à temps plein, cette préférence étant plus marquée chez les femmes que chez les hommes. Seulement un cinquième des employeurs préfèrent le télétravail à temps plein, la majorité d’entre eux souhaitant que les employés viennent travailler au bureau au moins deux ou trois jours par semaine.
- Les immeubles de meilleure qualité ne suffisent pas à eux seuls à ramener les employés dans les bureaux, mais les entreprises offrant un lieu de travail de catégorie supérieure sont également plus susceptibles d’afficher une meilleure productivité et culture d’entreprise, et une probabilité réduite d’employés souhaitant quitter l’entreprise.
Les pressions conjoncturelles et structurelles ont fait ressortir des différences frappantes et persistantes entre les priorités des employeurs et celles des employés. Pour l’avenir, les dirigeants devront considérer ce grand rééquilibrage comme étant l’occasion de redynamiser leur stratégie en matière de main-d’œuvre pour qu’elle soit évoluée sur le plan technologique, tout en étant intrinsèquement axée sur les gens, agile et résiliente.
Le sondage sur le travail réinventé 2022 d’EY révèle le point de vue des employés et des employeurs dans le cadre de la « grande démission ». Certes, une partie des employés se sentent en pleine possession de leurs moyens, mais des lacunes demeurent.
La transformation sans précédent de la façon dont nous travaillons et dont nous envisageons le travail constitue un tournant dans la manière dont nous établissons nos priorités et envisageons notre avenir au quotidien. La pandémie de COVID‑19 a accéléré la réorientation du travail qui était déjà en cours et a modifié notre compréhension de la nature du succès, de la raison d’être et de la valeur. L’inflation croissante, la « grande démission » et des appels à l’engagement et à l’action sur les questions environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) intensifient la transformation de la main‑d’œuvre que nous tentons tous de voir d’un œil neuf. Tandis que les premières vagues de changement axé sur la santé en entraînent d’autres, la main‑d’œuvre se redistribue en divers bassins suivant les méthodes de travail, les valeurs et l’identité de chacune et chacun.
C’est le début d’un temps nouveau, regorgeant de nouvelles possibilités, où il importe plus que jamais de comprendre le quoi, le pourquoi et le comment.
Le sondage sur le travail réinventé 2022 d’EY présente des observations recueillies auprès de plus de 17 000 employés et de 1 575 employeurs répartis dans 22 pays et 26 secteurs. Les résultats révèlent les principales raisons qui expliquent le roulement ou le maintien en poste du personnel, ainsi que les champs d’intérêt des leaders qui cherchent à saisir les occasions du moment.
Le sondage révèle ce qui suit :
- Les employeurs, comme les employés, reconnaissent qu’il est nécessaire de mettre en place des dispositions concernant le mode de travail hybride et flexible, mais ce ne sont pas tous les employeurs qui ont élaboré et communiqué une politique et des lignes directrices officielles et claires à cet égard.
- Les employés estiment avoir plus de pouvoirs; toutefois, près de la moitié (43 %) des répondants affirment qu’ils quitteront probablement leur emploi au cours de la prochaine année. La rémunération totale est leur principale source de préoccupation dans un contexte de resserrement du marché du travail et de nouvelles possibilités.
- Les membres des générations Y et Z aux États‑Unis (53 %) et les personnes travaillant dans le secteur des technologies et du matériel informatique (60 %) sont les plus susceptibles de quitter leur emploi.
- Les employeurs qui ont déjà adopté une approche proactive en réponse à la mutation du monde du travail sont plus optimistes par rapport à ce qui se passe à l’heure actuelle et à ce qui se passera dans l’avenir quant à l’évolution de la productivité et de la culture.
- Les employeurs, comme les employés, considèrent que la rémunération globale et les facteurs entourant la diversité, l’équité et l’inclusion sont des domaines qui méritent une meilleure attention et des mesures plus importantes.
Désormais, nous sommes prêts à réimaginer une stratégie en matière de main‑d’œuvre plus durable et plus axée sur l’humain. En s’adaptant de façon décisive au moment présent et en reconnaissant la nécessité de procéder à une transformation durable de leurs activités, les employeurs peuvent définir une nouvelle façon de travailler à l’appui de leur bassin de talents et de la valeur future.
Travailler dans un monde changé
Bien que nous aimerions tourner la page sur la pandémie de COVID‑19 et ses effets, nous subissons encore les contrecoups d’un monde en pleine mouvance, y compris en ce qui concerne nos façons de travailler. Au début, tant les employeurs que les employés se sont concentrés – par nécessité – sur des décisions à court terme afin de se sortir d’un des plus grands événements de santé de notre époque. Aujourd’hui, cependant, les attitudes et les stratégies en matière de travail subissent l’influence d’autres tendances générales. Dans l’une de ses analyses, la Banque mondiale constate que l’on s’attend à un ralentissement de la croissance économique et à une inflation constamment élevée au cours des prochaines années, et souligne le besoin de prendre des mesures coordonnées pour atténuer un tant soit peu les coûts gigantesques des catastrophes météorologiques et climatiques.
Ces aspects défavorables ont des conséquences sur l’investissement des entreprises et sur l’opinion des employés dans une période où la « grande démission » semble encore battre son plein dans certaines régions du monde.