Jeune garçon sous le Sycamore Gap, un érable sycomore se trouvant à proximité du mur d’Hadrien, en Angleterre

Les quatre principaux axes d’une stratégie de réduction des coûts et de création de valeur dans le secteur du capital‑investissement

Auteurs : Petter Wendel, Réseau mondial EY et leader, Fiscalité, Capital-investissement. Paul Pan, leader, Création de valeur, EY-Parthenon Amériques.

Dans une conjoncture difficile, la capacité de définir et d’exécuter la bonne stratégie d’optimisation des coûts peut véritablement changer la donne.


Trois questions que vous devez poser

  • Quelle est la stratégie idéale pouvant permettre à une entreprise de réaliser son véritable potentiel d’optimisation des coûts?
  • Les solutions de réduction des coûts axées sur le renforcement de la résilience et le maintien des ressources sont‑elles essentielles à la croissance future? 
  • La complexification de l’environnement opérationnel a‑t‑elle été au détriment de la structure de coûts, minant les capacités des entreprises en matière de recrutement et de rétention de talents?

L’environnement opérationnel actuel donne l’occasion aux équipes de gestion du capital‑investissement d’appliquer une approche globale à la structure de coûts de leur entreprise, tout en renforçant la résilience organisationnelle. Les gestionnaires font face à la réitération des pressions axées sur le contrôle des coûts, bien qu’ils soient parvenus à réaliser des économies au cours des dernières années, dans le cadre de diverses initiatives de rationalisation ou de restructuration. Dans un contexte difficile marqué par l’incertitude économique, de fortes poussées inflationnistes et des turbulences sur la scène géopolitique, la définition et l’exécution de la bonne stratégie d’optimisation des coûts peuvent véritablement changer la donne. Bien que la plupart des entreprises gèrent leurs coûts dans une optique de stabilisation, ce sont celles qui appliquent une approche orientée vers le renforcement de leur résilience et leur croissance future dont les efforts seront couronnés de succès.

Dans le cas des fonds de capital-investissement et des entreprises faisant partie de leur portefeuille, les pressions subies sont sans doute encore plus fortes, car ils doivent également composer avec un recul marqué des multiples de prix et la hausse des coûts de financement. Selon les estimations d’EY, le montant des prêts de ces entreprises qui viendront à échéance d’ici la fin de 2025 s’élève à 530 milliards de dollars américains, de sorte qu’il devient nécessaire pour celles-ci de stabiliser leur niveau de BAIIA, l’urgence d’apporter des améliorations à leur stratégie d’optimisation des coûts se faisant sentir encore plus qu’auparavant.

Grands avantages associés à l’optimisation des coûts

De nombreux chefs d’entreprise sont engagés dans une gestion tactique des coûts, sans tirer parti des possibilités de renforcement de la structure de coûts de leur organisation. Les systèmes de gestion et d’information opérationnels sont généralement conçus à des fins de contrôle, notamment pour l’établissement de budgets, étant moins orientés vers le renforcement de la transparence des processus et l’exploitation du potentiel d’amélioration qui s’y rattache. C’est pourquoi les entreprises qui prennent des décisions tactiques en matière de restructuration des coûts, en appliquant une approche descendante, courent le risque de se départir de ressources qui peuvent s’avérer essentielles à leur croissance future.

Lorsque la mise en œuvre du processus de définition et d’exécution de la bonne stratégie d’optimisation des coûts est efficace, le rehaussement du levier opérationnel se traduit par une rentabilité à court terme. C’est ce qui permet de jeter les bases sur lesquelles les entreprises peuvent s’appuyer pour surmonter l’adversité et conserver un avantage concurrentiel à long terme.

Définition de la bonne approche à appliquer dans la mise en œuvre d’une stratégie efficace

Pour assurer la mise en œuvre efficace de leur stratégie d’optimisation des coûts, les entreprises doivent se poser les trois questions suivantes :

  1. Les véritables facteurs de coûts sont-ils bien connus de l’entreprise?
  2. Quelle structure de coûts permettrait de servir efficacement la clientèle et s’agit‑il d’une structure durable?
  3. L’entreprise a‑t‑elle démontré qu’elle possède les compétences et la culture organisationnelle appropriées pour réaliser rapidement de véritables économies de coûts?

Les étapes suivantes consistent à définir l’étendue, le niveau d’intensité et le calendrier d’exécution de la stratégie d’optimisation des coûts. Les leaders appliquent généralement l’une des approches que voici :

  • Approche incrémentielle – Un bon nombre d’entreprises s’appuient sur une approche pouvant être qualifiée d’« incrémentielle ». Le point de départ consiste à mettre en œuvre un train de mesures allant de la mise en œuvre de stratégies de compression budgétaire à l’adoption de méthodes de gestion allégée. Cela vise généralement à compenser les pressions subies dans un contexte de faible inflation, tout en permettant de gagner quelques points de pourcentage en termes d’optimisation des coûts, dans le meilleur des cas.
  • Approche fondée sur des analyses comparatives – La réalisation d’analyses comparatives consistant à comparer une entreprise avec ses pairs, aux fins du recensement des possibilités à saisir, constitue une approche descendante à caractère plus tactique. Bien qu’une telle approche puisse aboutir à la réalisation d’économies incrémentielles de l’ordre de 5 % à 10 %, il y a un risque que l’analyse comparative fasse office de cataplasme, sans permettre l’exploitation de tous les gains d’efficacité que l’entreprise pourrait dégager. Par ailleurs, certaines entreprises peuvent avoir du mal à obtenir un haut niveau d’acceptation à l’échelle organisationnelle.
  • Approche sur mesure – À la différence des autres approches, cette approche est axée sur les activités. Une telle stratégie, qui repose généralement sur les principaux facteurs de création de valeur, consiste à examiner scrupuleusement l’ensemble des activités opérationnelles, selon une approche ascendante, et à mettre en évidence celles qui ont le plus de retombées positives sur le plan de la rentabilité. Étant donné le niveau de collaboration requis tout au long du processus, cette approche permet souvent d’obtenir un meilleur climat d’acceptation interne. Lorsque sa mise en œuvre est adéquate, une approche par étapes peut se traduire par une bonification des marges de plus de 15 %. Comme un chef des finances l’a fait valoir auprès d’une équipe d’EY, « une telle approche permet de bénéficier de la transparence nécessaire à la réalisation d’économies de coûts, tout en préservant le principal levier de la croissance ».

Recensement des coûts de base
 

De plus en plus, les entreprises détenues par des sociétés de capital–investissement, de même que les grandes sociétés qui remettent en question l’avenir d’une unité opérationnelle ou d’une division, cherchent à connaître le véritable potentiel que recèlent les coûts de base associés à ces actifs. Quel niveau de performance pourrait être atteint si toutes les possibilités d’économies de coûts envisageables étaient réalisées?
 

La pose rapide d’un diagnostic sur la capacité de création de valeur permet de définir un cadre d’examen des coûts par rapport à d’autres leviers, tels que la tarification, le fonds de roulement, la répartition du capital, l’optimisation fiscale et la stratégie à l’égard des enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). L’obtention d’un tel diagnostic permet de bénéficier de la transparence objective requise en termes de coûts et de jeter les bases d’un plan de mise en œuvre axé sur la création de valeur à court, moyen et long terme. Elle permet aussi de prendre des décisions opérationnelles cruciales en toute connaissance de cause, qu’il s’agisse de se concentrer sur la remise en état d’actifs contre-performants, l’exploration de diverses options de vente envisageables ou la réduction partielle d’une activité.
 

Les quatre principaux axes d’une stratégie de réduction des coûts et de création de valeur  
 

Une fois qu’une approche de réduction des coûts est choisie et que l’étendue de son application est déterminée, il convient de se demander quels secteurs organisationnels doivent être ciblés à des fins d’amélioration. Voici les quatre principaux axes d’intervention sur lesquels les équipes de direction doivent porter leur attention :
 

1. Contrôler les dépenses
 

Vous devez prendre en compte et examiner tous les types de dépenses, non seulement les coûts associés aux produits et aux intrants et les coûts contractuels, mais également les composantes des coûts indirects.

  • L’application de mesures traditionnelles en matière d’approvisionnement – telles que la consolidation de la demande, la rationalisation, le resserrement des liens de coopération avec les fournisseurs, la mise en œuvre d’enchères inversées ou le recours aux mécanismes de couverture requis – peut probablement permettre de réaliser des avantages associés à l’évitement de coûts, contrairement aux mesures d’optimisation des coûts, surtout dans un environnement hautement inflationniste. Le plus important alors consiste à faire en sorte que les mesures côté fournisseurs soient harmonisées avec les priorités en matière de fonds de roulement. 

  • Pour favoriser une plus grande optimisation des coûts, les entreprises doivent se concentrer sur les compressions en lien avec la « demande » interne. De concert avec les fonctions ventes, R&D et exploitation, il est alors possible d’harmoniser les gammes de produits et de services ou de déployer des initiatives d’ingénierie de la valeur, de façon à éliminer des intrants ou des processus coûteux qui ne génèrent aucune valeur.

  • De même, le passage au crible des coûts indirects peut s’avérer très efficace : il importe de déterminer quels sont les contrôles et les politiques à mettre en place pour amoindrir le besoin d’engager des coûts indirects (p. ex., en adoptant un budget base zéro) et favoriser le dégagement d’une valeur suffisante. Ces mesures exigent souvent le renoncement aux « bonnes vieilles façons de faire » et le relèvement d’un défi disruptif externe, un défi auquel il est généralement plus facile de s’attaquer dans un environnement hautement inflationniste.
     
2. Simplifier ce qui peut l’être
 

Les entreprises se complexifient avec le passage du temps, ce qui peut se traduire par une baisse de productivité et un accroissement des coûts. Face à une telle complexité, il devient plus difficile pour elles de cerner leurs véritables facteurs de coûts. La simplification des activités favorise une optimisation durable des coûts. Voici des facteurs clés à prendre en considération :

  • Élaborez un modèle opérationnel efficient qui est adaptable de façon efficace, dans une optique d’accroissement de la productivité et d’automatisation des tâches de soutien.

  • Au fil du temps, les activités se complexifient sous l’effet de la croissance interne, des mesures adoptées par le passé qui ne sont plus optimales dans le contexte économique ou l’environnement de réglementation actuel, ou encore de l’acquisition d’entités n’ayant pas été complètement intégrées. Il peut en découler un dédoublement des rôles ou des systèmes et infrastructures en place, ce qui entraîne souvent l’immobilisation de ressources, ainsi que des augmentations de coûts. En orientant leurs efforts vers l’optimisation de leur modèle opérationnel, les entreprises peuvent gagner en agilité, tout en se concentrant sur leurs marchés de base, ce qui s’avère déterminant quand elles doivent composer avec un environnement hautement inflationniste.

  • Les pressions qui les amènent à diversifier davantage leurs gammes de produits et de services se traduisent souvent par une complexification de leurs chaînes d’approvisionnement, de leur environnement opérationnel et des sources de leurs coûts indirects. Dans une conjoncture plus récessionniste, alors que les clients sont portés à réduire leurs dépenses et à n’acheter que les produits et services dont ils ont plus particulièrement besoin, il est primordial pour les entreprises de renoncer aux produits, services ou secteurs géographiques qui génèrent des marges faibles ou négatives. Une pareille initiative de rationalisation des gammes de produits et de services doit porter aussi sur l’environnement opérationnel et les coûts indirects. Souvent, au‑delà des sources de coûts directs, les véritables sources de coûts (croissance des unités de gestion des stocks et des services) ne sont pas facilement repérables, de sorte que le processus de sélection s’avère difficile lorsque les perspectives de retombées positives en termes de croissance s’avèrent incertaines.
     
3. Améliorer l’efficacité et la résilience des chaînes d’approvisionnement, sans négliger les considérations fiscales
 

Il est indispensable pour toute entreprise d’optimiser les coûts associés à ses chaînes d’approvisionnement, dont la résilience opérationnelle s’avère essentielle. L’effet conjugué des perturbations récentes et des pressions exercées sur les scènes économique et géopolitique a fait ressortir diverses possibilités d’optimisation des coûts :

  • Élimination des dépenses superflues – Au cours des dernières années, de nombreuses entreprises ont dû accélérer leur processus d’expédition ou se contenter d’expédier des commandes partielles, de façon à pallier leurs déficiences. Tandis que ces pratiques en sont venues à faire partie de la « nouvelle normalité », les coûts supplémentaires qui en ont découlé n’ont pas toujours disparu avec le relâchement des pressions exercées sur les chaînes d’approvisionnement. Cette situation donne aux entreprises une nouvelle occasion d’intégrer les priorités ESG et, donc, d’accroître leur résilience face aux incertitudes.

  • Soutien à la réalisation de gains d’efficacité – Généralement, l’examen des perspectives de gains d’efficacité dans le cadre d’un processus d’établissement d’un budget base zéro génère d’importantes possibilités. Lorsqu’elles ont été contraintes de modifier leurs façons de faire au cours de la pandémie de COVID‑19, bien des entreprises ont su se doter rapidement de nouvelles infrastructures leur permettant d’assurer en priorité la prestation rentable de leurs produits et services. Deux possibilités s’offrent alors à elles : 1) améliorer l’efficacité de leurs solutions de type « cataplasme » et 2) optimiser ou éliminer les coûts immobilisés dans leurs chaînes d’approvisionnement en place, dont la capacité de volume est en déclin.

  • Renforcement de la résilience – Certains fournisseurs de moindre envergure peinent à faire face aux défis associés à la conjoncture macroéconomique. L’urgence de remplacer rapidement des fournisseurs engendre souvent des hausses de coûts à court terme, ces derniers devant être optimisés. Dans le cadre des efforts de renforcement de la résilience et d’évitement de coûts, la capacité d’une entreprise de déterminer avec plus de transparence quels sont les fournisseurs susceptibles de présenter un risque pour elle revêt une importance déterminante.

  • Reconnaissance de la compatibilité des impératifs de rentabilité et d’efficience fiscale – Plusieurs dimensions fiscales clés doivent être prises en considération. Premièrement, il convient de procéder à un examen global des chaînes d’approvisionnement sous l’angle des perspectives de gains d’efficience fiscale. Deuxièmement, il importe d’examiner la structure juridique des entités. La détention et la gestion des entités juridiques engendrent des coûts et requièrent l’immobilisation de ressources. Une diminution significative du nombre d’entités juridiques permet de réaliser des économies de coûts administratifs, de libérer des ressources, de réduire les risques et de bénéficier d’une plus grande transparence. Troisièmement, il y a lieu de déterminer l’empreinte fiscale de l’entreprise et d’exploiter cette information de façon à établir une stratégie de planification fiscale axée sur la réduction de la charge fiscale globale.
4. Accorder la priorité aux ressources humaines

Les coûts de main‑d’œuvre revêtent une importance déterminante dans le cadre de toute stratégie d’optimisation des coûts. Pour compenser l’effet des hausses de salaire associées au contexte inflationniste, les entreprises doivent se concentrer sur la productivité, ainsi que sur l’élimination des activités à faible valeur ajoutée et des recoupements d’activités. Les équipes de recrutement doivent composer actuellement avec la course aux talents qui se poursuit, dans un contexte où il coûte de plus en plus cher aux entreprises d’attirer et de retenir des employés compétents, l’augmentation des coûts d’embauche entraînant forcément un recours plus généralisé à des contractuels. Juxtaposés à l’impératif de recruter d’excellents dirigeants, la rétention et le perfectionnement des talents constituent des conditions essentielles à l’instauration d’une culture organisationnelle axée sur la génération de valeur.

Perspectives

Le fardeau des chefs d’entreprise n’a jamais été aussi lourd que maintenant, dans un contexte marqué par l’effet conjugué des pressions inflationnistes, des défis énergétiques, de l’attention accrue portée aux enjeux ESG, de la perturbation des chaînes d’approvisionnement et des pénuries de main‑d’œuvre.

Pour survivre et prospérer dans un tel environnement, les entreprises doivent revoir leur approche en matière de compression des coûts. Bien que les aspects et approches ciblés traditionnellement soient toujours porteurs de valeur, ils se traduisent souvent par l’obtention de gains à court terme, tandis que les coûts peuvent se remettre à grimper par la suite, dans un délai de 12 à 18 mois.

Les leaders doivent procéder à un examen global de leurs activités opérationnelles, en tirant parti d’un ensemble de compétences en commerce, finances, exploitation et analyse de données, de façon à se concentrer sur les priorités immédiates permettant de dégager une valeur durable.

Sacha Hilhorst, Neil McFerran, Raphael Maccagnan et Dierk Buss ont contribué à ce report. 

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    Résumé

    Étant donné les exigences en lien avec les priorités auxquelles ils font face, les membres de la haute direction doivent avoir les idées claires au moment de déterminer, de quantifier et de mettre en œuvre les priorités en matière de compression de coûts. Les entreprises qui en profiteront pour gérer leurs coûts dans une perspective de renforcement de leur résilience sont celles qui en sortiront gagnantes.

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