Priorités actuelles des sociétés d’exploitation aurifère
Les impératifs de rentabilité poussent les sociétés minières à rechercher des occasions de fusions et acquisitions audacieuses
Alors que le nombre de transactions en exploitation aurifère a diminué, passant de 133 en 2021 à 118 en 2022, la valeur globale des transactions a augmenté de 58 % sur douze mois pour atteindre 21,5 G$ US en 2022². Sur fond de léger recul des taux d’inflation par rapport à l’exercice précédent et de fluctuations des taux d’intérêt en 2023, les sociétés à moyenne capitalisation aspirent à l’expansion de leurs activités et aux avantages offerts par les synergies opérationnelles tout en tablant sur les prix élevés de l’or et sur la solidité des marges.
Parmi les grandes transactions en exploitation aurifère en 2023, citons l’acquisition de Yamana Gold par Pan American et Agnico Eagle, avec une offre en trésorerie et en actions d’une valeur d’environ 4,8 G$ US et l’objectif d’étendre les activités de Yamana en Amérique latine et de consolider sa participation dans ses activités à Malartic, au Québec³.
La moyenne annuelle des coûts de maintien tout compris a dépassé le record enregistré en 2012 pour se fixer à 1 276 $ US l’once.
Au cours des derniers trimestres, l’inflation plus forte comparativement à la période prépandémique, conjuguée aux perturbations de l’approvisionnement, a exercé une influence sur les coûts pour les sites miniers, notamment sur les frais de main-d’œuvre, de carburant et d’électricité. La moyenne des coûts de maintien tout compris de l’or a augmenté de 18 % sur douze mois pour s’établir à 1 276 $ US l’once en 2022, dépassant les records antérieurs de 2012⁴.
Ces coûts ont grimpé encore pour s’établir à 1 337 $ US l’once au cours de la première moitié de 2023, exerçant une pression croissante sur les activités des mines d’or à coût élevé, qui couraient donc le risque d’une fermeture temporaire ou d’une réduction du volume de production⁵.
À l’échelle régionale, les exploitations dans les Amériques devraient demeurer dispendieuses : en 2023, sous l’effet de la hausse des frais de main d’œuvre et de carburant, le coût moyen de maintien tout compris s’est établi à 1 299 $ US l’once⁶.
De toute évidence, l’or continuera à dominer les activités d’exploration, avec une affectation de budget totale de 46 %
Dans l’ensemble, le budget général affecté à l’exploration aurifère devrait atteindre 5,9 G$ US en 2023, soit une réduction de 16 % sur douze mois comparativement au record sur neuf ans enregistré en 2022. Néanmoins, il comptera pour 46 % du budget général d’exploration.
Les budgets affectés à l’exploitation aurifère des principales sociétés devraient totaliser 2,9 G$ US, soit un peu plus que le budget des sociétés juniors (2,3 G$ US), ces deux types d’affectation constituant 87 % du total des budgets affectés à l’exploitation aurifère.
Depuis le début de l’exercice, les activités d’exploration restent axées sur les sites miniers et les projets de dernière étape et non sur les nouvelles explorations.
Sur le plan régional, on s’attend à ce que la part du budget global affecté à l’exploration aurifère pour 2023 soit la plus importante au Canada (23 %, soit 1,4 G$ US), devant l’Australie et l’Amérique latine⁷.
Les achats par les banques centrales ont connu une croissance de 14 % sur douze mois pour atteindre 800 t durant les neuf premiers mois de 2023, ce qui en fait une autre année notable en matière d’achats nets.
Les achats par les banques centrales ont atteint des sommets inégalés en 55 ans, affichant une croissance de 140 % sur douze mois pour atteindre 1 082 t en 2022, ce qui s’explique surtout par le rôle de marchés émergents tels que la Turquie ou la Chine. Poursuivant la tendance, les achats par les banques centrales ont augmenté de 14 % sur douze mois pour passer à 800 t au cours des trois premiers trimestres de 2023. La demande de placements a augmenté de 12 % sur douze mois pour se fixer à 1 113 t en 2022, la demande de lingots et de pièces de monnaie demeurant soutenue, et le chiffre net des ventes d’actions de FNB traduisant un ralentissement. Cependant, du fait du retrait de capitaux, les placements sont passés à 687 t, enregistrant une baisse de 21 % par rapport à l’année précédente.
Pour ce qui est de la demande de bijoux, en 2022, elle a reculé de 3 % pour se chiffrer à 2 090 t sous l’effet de la hausse des prix locaux de l’or sur des marchés tels que l’Inde ou la Turquie et des confinements liés à la COVID‑19 en Chine.
Au cours des trois premiers trimestres de 2023, la demande de bijoux est restée inchangée sur douze mois, ce qui s’expliquait par l’incertitude économique persistante et les pressions sur les prix pour les consommateurs.
La demande de technologies a baissé de 6 % en 2022 et de 9 % au cours des neuf premiers mois de 2023, ce qui s’explique par les restrictions commerciales, les perturbations des chaînes d’approvisionnement et le recul de la demande de la part des consommateurs dans un contexte économique mondial qui ne cesse de s’assombrir⁸.
Les sociétés minières améliorent leurs pratiques redditionnelles ESG afin d’offrir une meilleure transparence aux investisseurs primaires et secondaires
Alors que l’or devient un actif de placement de plus en plus populaire, les sociétés minières doivent améliorer leurs pratiques de présentation de l’information sur les enjeux ESG. Afin d’éviter les erreurs redditionnelles en matière de durabilité, les sociétés minières renforcent le suivi et les analyses de leurs données ESG de qualité : elles mettent en place une gouvernance et des contrôles rigoureux pour garantir un processus d’approbation adéquat.
Certaines sociétés minières ont adopté des solutions de suivi des enjeux ESG pour colliger et valider informatiquement leurs données. Par exemple, Eldorado Gold se sert d’une solution ESG pour faire le suivi des points de données, les approuver et en faire rapport en conformité avec les différentes méthodes redditionnelles applicables⁹.
Prochaines mesures que doivent prendre les entreprises minières pour orienter leur processus de transition
L’adoption des principes d’exploitation minière aurifère responsable facilite l’observation des objectifs de développement durable.
Les sociétés d’exploitation aurifère qui appliquent les principes d’exploitation minière aurifère responsable du World Gold Council (les Principes) contribuent de façon indirecte à remplir divers objectifs de développement durable de l’Organisation des Nations Unies (ODD de l’ONU). Cela s’explique par le caractère interrelié des deux normes¹⁰.