Comment les secteurs peuvent‑ils collaborer afin de résoudre les pénuries de minéraux critiques?
- Faire tomber les barrières pour éduquer les parties prenantes. L’incidence des minéraux sur la vie de tous les jours est assez mal comprise dans de nombreux milieux. Pour stimuler la collaboration intersectorielle, les sociétés des secteurs et le gouvernement doivent investir dans l’éducation du public, démystifier le secteur et sensibiliser davantage la société. Des associations canadiennes commencent à concevoir de telles initiatives à l’échelle du secteur. C’est le moment de redoubler d’efforts et d’amplifier le message pour attirer de nouvelles parties prenantes : nouvelles recrues, investisseurs potentiels, communautés locales, etc.
- Cibler les enjeux ESG de façon stratégique. Chacun de ces secteurs a une empreinte environnementale considérable sur toute la chaîne de valeur. À mesure que l’atteinte des objectifs ESG se concrétise, les parties prenantes doivent se sentir davantage encouragées par les investisseurs et les marchés boursiers à orienter leurs décisions et leurs capitaux vers des modèles de substitution plus écologiques. L’ambition de saisir les occasions ne saurait être réalisée au détriment des acquis réalisés au chapitre des enjeux ESG.
- Établir des responsabilités claires. Pour gérer l’établissement des relations, les sociétés minières devront faire affaire avec des intermédiaires travaillant aux côtés des organisations et du secteur dans son ensemble. Leur intervention est un incontournable. pour n’importe quel secteur, mais elle revêt une importance particulière pour le secteur des mines. Qui coordonnera les divers participants au processus? Qui organisera les discussions et les mesures conjointes? Pour réussir le pari, le secteur des mines doit privilégier la collaboration en tant qu’impératif opérationnel stratégique.
2. L’électrification à grande échelle exige des investissements massifs en infrastructure.
Les besoins énergétiques en amont et en aval, de même que ceux des consommateurs, évolueront de manière spectaculaire à mesure que les VE seront adoptés au Canada et dans le monde. Les scénarios qui évoquent une adoption massive des VE, et qui prévoient qu’au cours des sept prochaines années 30 % de toutes les voitures circulant sur les routes canadiennes seront des VE, nécessiteraient une importante infrastructure de recharge d’envergure nationale. Au‑delà des bornes de recharge elles‑mêmes, ce genre d’initiative demande aussi des expansions majeures dans l’ensemble du réseau : poteaux électriques, câbles, transformateurs, etc., et tout cela pour répondre aux seuls besoins des véhicules.
L’électrification à grande échelle nécessiterait un réseau gigantesque d’équipements de recharge. À l’heure actuelle, une telle infrastructure fait cruellement défaut au Canada. Cependant, les véhicules ne sont pas les seuls à nécessiter une augmentation de la production d’électricité. Pour intensifier les activités d’extraction de minéraux critiques, il faudra construire et élargir les réseaux énergétiques de nouvelles façons durables, afin de contrebalancer la hausse des émissions de carbone qui en résultera. L’ajout de capacités sur les sites de production de véhicules et de fabrication, notamment ceux des constructeurs automobiles, pourrait nécessiter une augmentation comparable du réseau énergétique. Et tout cela sans parler de la consommation accrue des bornes de recharge à domicile et des installations privées ainsi que du travail qu’elle occasionnera.
Qui plus est, la mise hors service des centrales alimentées au charbon combinée à notre ambition de génération propre dans le cadre de la transition énergétique fera de l’équilibrage de charge un autre enjeu existentiel qui commande une réflexion stratégique. Cette discussion devrait couvrir l’utilisation intermittente d’énergie éolienne et solaire et le besoin à court terme d’une augmentation de la production d’électricité au gaz naturel et d’énergie hydroélectrique. Elle devrait aussi comprendre un dialogue approfondi et de longue haleine sur le rôle possible et souhaité de l’énergie nucléaire.
Tout cela se produit à un moment où le secteur des services publics reste miné par des conflits d’intérêts réglementaires qui opposent la raison d’être du secteur (offrir une énergie accessible et abordable) au besoin de s’adapter, d’innover et de construire un avenir foncièrement différent. Les progrès réalisés vers l’objectif d’adoption des VE exigeront également des changements réglementaires et politiques plus vastes. Ces derniers seront aussi nécessaires pour soutenir la croissance foudroyante qui se produira si les géants du secteur de l’énergie et des services publics poursuivent leurs efforts de décarbonisation et d’adoption des VE au Canada. Toute omission d’agir ainsi ne ferait qu’amplifier les disparités géographiques existantes.
Par exemple, les incitatifs et les programmes de crédits d’impôt visant les VE présentent d’importantes variations entre la Colombie‑Britannique, l’Ontario et le Québec. Dans le contexte du secteur de l’énergie et des services publics, cette disparité fait en sorte que l’environnement réglementaire est peu propice aux innovations dans le secteur.
Les services publics eux‑mêmes ont pour mandat de maîtriser les tarifs tout en assurant une production énergétique sécuritaire et fiable qui suffise à répondre aux besoins du moment. La marge de manœuvre pour l’adaptation proactive aux tendances en matière de VE s’en retrouve ainsi bien rétrécie. En outre, ces observations font ressortir la nécessité d’une participation intersectorielle : la capacité à effectuer des progrès rapides en dépend.
Le secteur pétrolier et gazier offre d’excellents exemples d’approches collaboratives vigoureuses à l’appui de l’innovation. Les entreprises de ce secteur investissent lourdement dans l’étude de la transition à travers l’empreinte considérable de leurs commerces de détail. De grandes marques du secteur énergétique ont déjà entrepris leur virage vers la production d’énergies renouvelables, notamment solaire et éolienne. Les entreprises du secteur pétrolier et gazier dans son ensemble convergent déjà vers des possibilités à fort impact telles que la production d’hydrogène, les technologies de captage, d’utilisation et de stockage du carbone (CUSC) et le gaz naturel : autant de facteurs importants de l’électrification du Canada.