Escalier dans une forêt de bambous à Arashiyama, Kyoto

Comment les chefs des finances des sociétés de capital investissement créent de la valeur à chacune des cinq étapes du cycle d’un investissement

Auteurs :
Lukas Hoebarth, 
principal, EY‑Parthenon, Stratégie et réalisation des transactions, Ernst & Young LLP
Petter Wendel
, leader, Fiscalité – segment Capital‑investissement, organisation mondiale EY et Amériques
Nicola Grimes
, associée, EY‑Parthenon, Stratégie et transactions, Ernst & Young LLP
Jan Kümmel
, associé, EY‑Parthenon, Stratégie et transactions, Ernst & Young GmbH
James Meader
, associé, Consultation, Ernst & Young LLP

Les chefs des finances des sociétés de capital investissement jouent un rôle de premier plan à toutes les étapes du cycle d’un investissement, en établissant les priorités et en repérant les possibilités de maximisation de la valeur à la clôture du processus de sortie.


Trois questions que vous devez poser

  • Les chefs des finances s’engagent ils assez tôt dans leur quête de valeur?
  • Les chefs de la direction atteignent‑ils assez rapidement leurs cibles de création de valeur?
  • La fonction finances dégage‑t‑elle de la valeur en misant sur la collaboration entre portefeuilles?

Les chefs des finances des sociétés de capital investissement jouent un rôle clé, en créant de la valeur tout au long du cycle d’un investissement, à partir des étapes de l’évaluation prétransactionnelle et du contrôle préalable jusqu’à l’intégration posttransactionnelle et à la clôture du processus de sortie. Leur capacité de comprendre les menus détails tout en gardant une vue d’ensemble fait d’eux des inducteurs de l’excellence opérationnelle et des partenaires stratégiques clés.

Il s’agit toutefois d’un rôle exigeant. Du lancement du processus transactionnel jusqu’à la stratégie de sortie, le chef des finances d’une société de capital investissement est engagé dans une course contre la montre pour atteindre des cibles ambitieuses et maximiser les rendements offerts aux investisseurs. Dans le contexte actuel marqué par une forte inflation, des hausses de taux d’intérêt et des tensions géopolitiques, la réalisation de tels objectifs s’avère essentielle plus que jamais. Grâce à sa capacité de porter constamment attention aux flux de trésorerie et aux coûts, de repérer les possibilités à exploiter et de fournir des informations essentielles à l’entreprise, le chef des finances d’une société de capital investissement est de plus en plus reconnu dans le secteur comme étant un héros méconnu dont la mission ultime consiste à maximiser la valeur obtenue à la clôture.

Les chefs des finances des sociétés de capital investissement qui se démarquent prennent les mesures suivantes en vue de créer de la valeur à chacune des cinq étapes du cycle d’un investissement :

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    1. Démarrer rapidement le processus de création de valeur, avant le lancement d’une transaction
     

    En collaboration avec l’équipe finances, l’équipe transactionnelle d’une société de capital investissement joue un rôle crucial dès le début du processus transactionnel. Elle doit d’abord réaliser une étude de marché comprenant une analyse stratégique et un examen des portefeuilles, une analyse des possibilités à exploiter, une modélisation financière, une structuration fiscale, ainsi qu’un contrôle préalable et une évaluation. Il faut ensuite établir une évaluation cible et définir les éléments à considérer pour le prix d’acquisition, y compris la structure transactionnelle. Étant donné que le capital investissement repose sur une structure de financement à effet de levier (puisque tous les chefs des finances sont probablement appelés à refinancer leur entreprise au moins une fois au cours du cycle d’un investissement), la gestion des liquidités et l’optimisation de la structure de capital jouent également un rôle essentiel dans la création de valeur, tout en faisant appel à un autre atout clé des chefs des finances.
     

    Dans le cadre du contrôle préalable, l’équipe finances ne doit pas s’attarder qu’à la marge brute (état des résultats) afin d’évaluer les activités de vente et de marketing, de façon à s’assurer qu’elles sont alignées sur les principaux inducteurs opérationnels. Elle doit évaluer la pérennité des sources de revenus, en se familiarisant avec le profil des clients, ainsi qu’avec leur perception de la société de capital investissement, de ses activités et de ses produits. Un tel exercice d’évaluation doit être pris en compte au cours de l’établissement des projections de la société de capital investissement et de toute évaluation subséquente. 
     

    Les possibilités de création de valeur qui sont susceptibles de s’offrir à l’entreprise sont également analysées à l’étape du contrôle préalable. Une fois la transaction conclue, le chef des finances de la nouvelle entreprise est chargé de repérer les possibilités inexploitées dans l’ensemble de l’environnement de trésorerie et d’en tirer parti, ainsi que d’établir une stratégie d’optimisation des coûts adéquate dans une optique de renforcement des capacités de résilience et de réussite à long terme.

    2. Vers la fin du jour 1, établir les priorités et déterminer un rythme d’exécution rapide

    Avant la date de la transaction, l’équipe finances doit s’engager rapidement dans la transition menant de l’étape du contrôle préalable à la transaction à celle de la pose d’un diagnostic rapide, en toute transparence. Cet exercice comprend une analyse visant à déterminer si l’entreprise à financer est destinée à évoluer en tant qu’entité autonome ou à être intégrée à un portefeuille plus important. La première mesure clé qu’un chef des finances est appelé à prendre consiste à s’assurer que les équipes chargées de l’exploitation, des ventes, du marketing et des TI comprennent bien l’analyse de rentabilisation de l’investissement et qu’elles concertent leurs efforts en fonction des résultats en découlant.

    Le chef des finances d’une société de capital investissement doit aussi prendre rapidement des mesures axées sur l’intégration de solides capacités de production de rapports éclairants, de façon à permettre l’évaluation précise de la performance sous jacente à l’égard des indicateurs clés de performance pertinents, de telle sorte que la direction dispose des outils nécessaires pour prendre des décisions optimales fondées sur des données. Préalablement au jour 1, il est également nécessaire d’établir des prévisions fiables, ainsi qu’un cadre de gouvernance et des contrôles adéquats.

    Généralement au cours des cent premiers jours, le chef des finances doit procéder continuellement à l’évaluation et à la surveillance des inducteurs opérationnels, ainsi qu’à l’établissement de prévisions relatives à l’évolution de la performance à l’égard de ceux‑ci, tout en examinant et en évaluant les options offertes au fil de l’évolution de la conjoncture. Il doit aussi assurer la transparence et la concertation des efforts à l’échelle organisationnelle. L’exploitation efficace des technologies est essentielle. Par exemple, à l’issue d’une évaluation et d’un examen de bout en bout des processus d’exploitation de la fonction finances d’une société de portefeuille du secteur du transport maritime et des services navals, des équipes d’EY ont relevé des possibilités de gains d’efficacité de l’ordre de 40 %.

    3. À la mi parcours, stimuler la croissance, tout en prenant des mesures d’intégration et d’optimisation

    À la mi parcours, la priorité doit aller à l’expansion de l’entreprise et à l’atteinte des prévisions, de même qu’au maintien d’un contrôle rigoureux des finances et à l’obtention de la flexibilité requise pour prendre rapidement les mesures correctrices qui s’imposent, le cas échéant. L’étape initiale porte notamment sur la définition et la mise en œuvre d’un modèle opérationnel cible optimisé qui, tout en étant axé sur les investissements, cadre avec les cibles de rendement du capital investi (« RCI »). Il importe alors d’utiliser et de déployer adéquatement les ressources humaines, les processus et les solutions technologiques en place.

    Le recrutement, le perfectionnement et le maintien en poste des talents jouent un rôle primordial. Il ressort du sondage qu’EY a réalisé en 2023 auprès de sociétés de capital investissement qu’outre l’impératif d’expansion, la gestion des talents figure au rang des principales priorités stratégiques de l’ensemble des entreprises, quelle qu’en soit l’envergure. L’élaboration d’un train de mesures incitatives appropriées constitue une dimension essentielle de la gestion des talents. Par ailleurs, le décloisonnement des activités de l’entreprise de celles de leur fonction finances peut favoriser une utilisation efficace des talents, de même que le maintien en poste des meilleurs employés, du fait que ceux‑ci peuvent bénéficier de possibilités de développement de carrière riches en défis sur le plan intellectuel.

    Les technologies attirent de plus en plus l’attention des chefs des finances, dans un contexte où l’automatisation les aide non seulement à suivre le rythme auquel se succèdent les changements, mais également à soutenir la croissance de l’entreprise et l’amélioration des contrôles. C’est pourquoi les chefs des finances prennent de plus en plus l’initiative dans la sélection et la mise en œuvre des technologies sur lesquelles reposent les systèmes de leur entreprise.

    Les stratégies fiscales font partie intégrante de la création de valeur, qu’il s’agisse d’assurer la conformité au cadre de réglementation ou de dégager de la valeur en optimisant la structure fiscale. Les chefs des finances jouent un rôle essentiel lorsqu’il s’agit de trouver des réponses aux questions suivantes :

    • Des solutions technologiques permettant de réaliser des gains d’efficacité fiscale et de générer des informations fiscales utiles ont elles été bien implantées?
    • Les coûts internes et externes associés à la fonction fiscalité concordent ils avec ceux observés sur le marché?
    • Les employés et les conseillers indépendants disposent ils d’un bagage de compétences adéquat?

    Parallèlement, le chef des finances doit s’assurer que la fonction fiscalité est « optimisée » et qu’elle se concentre sur les besoins technologiques de l’entreprise en matière de fiscalité.

    À ce stade, l’équipe finances doit se concentrer sur la maximisation du BAIIA et l’amélioration du fonds de roulement, de façon à créer et à étayer les conditions servant à maximiser le RCI à la clôture. Elles doivent faire preuve de transparence au chapitre des inducteurs de revenus et de coûts, notamment dans le cadre de la surveillance des inducteurs clés de performance, en soumettant les données financières de l’entreprise à un contrôle préalable. L’élaboration d’une stratégie de F&A évolutive (intégrant des compléments) aux fins de la création de synergies de revenus et de coûts peut permettre de disposer d’un autre levier de création de valeur d’importance, surtout dans un contexte de resserrement des marchés du crédit se traduisant par une restriction du volume des transactions à effet de levier de grande envergure.

    4. Dégager la valeur associée à la collaboration entre portefeuilles

    Dans leurs échanges avec les clients, les équipes  d’EY ont constaté que de nombreux fonds ne parviennent pas tout à fait à établir des liens entre les diverses entreprises de leur portefeuille. Par exemple, il arrive souvent que des fonds ne partagent pas des informations et des possibilités concernant l’ensemble des entreprises de leur portefeuille, même lorsqu’il s’agit d’entreprises qui mènent leurs activités dans un même secteur. Une possibilité de création de valeur aussi importante est souvent négligée, ce qui s’explique dans une large mesure par une structure organisationnelle déficiente et par le fait que le fonctionnement en vase clos des équipes a pour effet de limiter leur capacité d’attribuer des responsabilités. Comme il a un droit de regard aussi bien sur les activités d’exploitation que sur les stratégies et qu’il siège au conseil d’administration, le chef des finances d’une société de capital investissement se trouve dans une position idéale pour combler de telles lacunes.

    Néanmoins, des mesures incitatives adéquates et des défis stimulants doivent être proposés aux équipes, de façon à susciter leur collaboration et à permettre l’établissement d’un dialogue avec elles à l’échelle de la structure des fonds. Les technologies peuvent jouer un rôle déterminant et, bien que certaines activités et certaines tâches de collecte de données puissent être partagées ou centralisées en tant que composantes des processus d’arrière guichet, la communication efficace d’informations et de possibilités critiques à l’échelle des équipes nécessite un effort concerté. Là encore, les chefs des finances peuvent montrer la voie à suivre.

    5. Préparer la relève et maximiser la valeur obtenue à la sortie

    Le chef des finances joue un rôle essentiel dans la définition et la formulation de scénarios reposant sur des stratégies de sortie. Bien que l’investissement initial puisse avoir été réalisé en fonction d’une certaine période de détention et d’une stratégie de sortie particulière, le chef des finances doit constamment être au fait de la conjoncture économique, ainsi que des possibilités de réalisation d’un processus de sortie fructueux et de maximisation du RCI. Par ailleurs, certains scénarios peuvent nécessiter l’établissement d’une infrastructure additionnelle. Ainsi, la réalisation d’un appel à l’épargne requiert la mise en place de processus et de procédures, y compris l’établissement de relations avec les investisseurs et la production de rapports externes. 

    Dans le cadre des préparatifs relatifs au processus de sortie, l’historique et les résultats de la société doivent cadrer avec l’option de sortie privilégiée. Les équipes finances doivent également trouver un équilibre dans la présentation de données financières ambitieuses et de données financières réalistes. De six à neuf mois avant la clôture de la sortie envisagée, le chef des finances doit d’ores et déjà pouvoir s’appuyer sur une équipe transactionnelle mobilisée, en tirant pleinement parti d’un historique sans failles et des données à l’appui, y compris les préparatifs en vue du contrôle préalable.

    La production de rapports sur les questions environnementales, sociales et de gouvernance (« ESG ») est un autre aspect à prendre en considération dans une optique de maximisation du RCI à la clôture du processus de sortie. La mise en place d’un bon processus de production de rapports sur la performance à l’égard des paramètres d’évaluation requis et l’offre du niveau de transparence attendu peuvent contribuer à justifier une bonification de la valeur transactionnelle. Bien qu’elles ne figurent peut-être pas en tête des priorités des chefs des finances, les questions ESG ont gagné en importance, et les sociétés de capital investissement en tiennent compte de plus en plus souvent dans la prise de décisions d’investissement.

    Redéfinition du rôle du chef des finances d’une société de capital investissement

    Le rôle du chef des finances d’une société de capital investissement, qui a connu une évolution spectaculaire au cours de la dernière décennie, est en perpétuelle évolution. Surtout, les chefs des finances sont très appréciés pour les conseils percutants qu’ils peuvent prodiguer. Néanmoins, selon l’envergure de l’entreprise, ils peuvent aussi être appréciés pour leur capacité à évaluer les possibilités de réalisation de transactions stratégiques, à contribuer à la mobilisation de fonds, à exécuter des scénarios de simulation de crise et à superviser la mise en œuvre de nouvelles solutions technologiques.

    Les chefs des finances en sont venus à jouer un rôle de premier plan dans l’orientation de l’entreprise en vue de l’obtention de bons résultats. Bien que les défis et responsabilités avec lesquels il est appelé à composer soient beaucoup plus diversifiés, la capacité de repérer et d’exploiter de nouvelles possibilités de création de valeur constitue le fil conducteur habituel dans la réalisation de telles activités, et c’est ce qui fait qu’un chef des finances d’une société de capital investissement réussit à se démarquer.


    Résumé

    Les chefs des finances et la fonction finances en sont venus à jouer un rôle plus prépondérant dans l’orientation des sociétés de capital investissement en vue de l’obtention de meilleurs résultats. Les chefs des finances qui se démarquent sont ceux qui ont la capacité de repérer et d’exploiter de nouvelles possibilités de création de valeur.

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