Levier 3.1 : Optimiser la tarification grâce à l’amélioration des données sur les PME aux fins de l’analyse et de la mesure du rendement
La tarification est un levier essentiel pour favoriser la croissance rentable, mais malgré cela les institutions ne disposent pas toujours d’un processus de tarification optimal et perdent des revenus dans le segment des PME. Généralement, les institutions financières suivent une approche où la tarification varie en fonction des risques, du montant du dépôt ou de la complexité ou de l’envergure de l’entreprise.
À une extrémité du continuum se trouve le portefeuille de particuliers, pour lesquels la tarification est principalement fondée sur le produit, et, à l’autre extrémité, les services bancaires aux commerçants et aux entreprises, pour lesquels la tarification est adaptée à chaque client.
Les institutions offrant des services bancaires aux PME et aux petits commerçants se situent au milieu et utilisent généralement une approche de tarification principalement fondée sur le produit, avec quelques ajustements selon les caractéristiques du client. Les services bancaires aux petits commerçants et aux petites entreprises présentent des possibilités d’optimiser les approches de tarification fondée sur les données qui s’articulent en deux volets.
Possibilité 1 : Établir les capacités de données et d’analytique nécessaires
Pour mettre en place une stratégie de tarification efficace, il faut d’abord disposer de solides capacités de données et de modélisation de base. Cela représente un défi, surtout pour les petites institutions, qui ont des volumes de dépôts et de prêts plus faibles, ce qui a une incidence sur l’analytique en aval. De plus, les petites institutions, qui doivent limiter leurs investissements et choisir leurs priorités, ont du mal à attirer et à retenir les talents en analytique.
À l’opposé, les grandes institutions ont accès à de grands volumes de données et peinent souvent à assurer la fiabilité des données provenant du segment des petites entreprises, étant donné que le segment des services aux particuliers a la priorité compte tenu de son importance et de sa rentabilité relatives.
L’utilisation des données de tiers est un autre aspect important d’une stratégie de tarification efficace. Pendant longtemps, les institutions financières ont utilisé des données provenant de tiers, comme celles des agences d’évaluation du crédit. Toutefois, elles commencent à envisager d’utiliser d’autres sources de données de tiers à mesure que les agrégateurs de données des entreprises de technologies financières gagnent du terrain dans le marché canadien. L’intégration d’autres sources de données dans le processus d’évaluation du crédit pourrait améliorer l’efficacité du processus de prévision des cas de défaut et permettre l’approbation de plus de demandes à des taux attrayants.
Possibilité 2 : Faciliter les activités du service à la clientèle
La simplification des activités du service à la clientèle est un autre élément clé de la stratégie de tarification. Les institutions financières sont couramment aux prises avec toutes sortes de difficultés :
Le pouvoir discrétionnaire en matière de tarification, car les gestionnaires de relations accordent souvent des rabais de crainte que tous les clients soient sensibles aux prix.
Des pertes, lorsque des frais ne sont pas facturés.
La méconnaissance de la rentabilité au niveau des clients, ce qui signifie que les gestionnaires de relations ne tiennent pas compte de l’ensemble de la relation lorsqu’ils décident d’accorder des rabais.
Peu de contrôles systématiques pour établir les limites et les attentes à l’égard des comportements des gestionnaires de relations.
Les institutions financières peuvent faciliter les activités du service à la clientèle de diverses manières :
- Contrôles accrus : Dans l’ensemble du marché canadien, les institutions modernisent leurs systèmes d’octroi de prêt et ont donc la possibilité de mettre en œuvre un cadre de contrôle des prix solide. Cela inclut des contrôles préventifs pour limiter le pouvoir d’accorder des rabais, de même que des contrôles de détection pour surveiller les pertes au niveau de l’employé et du portefeuille. À mesure que les institutions modernisent leurs capacités de tarification fondée sur les données et surveillent l’incidence de leur tarification dans le marché, elles peuvent ajuster leurs modèles et leurs pouvoirs discrétionnaires.
- Mesure de l’alignement du rendement sur la rentabilité : La combinaison des indicateurs de la rentabilité globale des clients et des revenus avec les incitatifs au rendement traditionnels (par exemple pour récompenser l’acquisition de nouveaux clients ou l’octroi de nouveaux prêts) peut inciter les gestionnaires de relations à établir une tarification optimale.
- Données sur la sensibilité aux prix : Un outil d’analyse fournissant des informations sur la sensibilité prévue aux prix peut éviter aux gestionnaires de relations de surestimer la sensibilité des clients aux prix et d’offrir des rabais qui ne sont pas nécessaires. L’analyse de la sensibilité aux prix peut également être utilisée pendant l’élaboration des produits (dans une analyse conjuguée) pour déterminer comment des groupes de clients évaluent la gamme de produits afin d’assurer que les prix sont fixés de manière appropriée.
- Tarification fondée sur les abonnements et gammes de produits permettant aux clients d’avoir accès à des forfaits selon une tarification simplifiée et transparente (voir le levier 3.3 ci‑dessous pour plus de précisions).
Levier 3.2 : Explorer les possibilités offertes par les écosystèmes d’accroître la part de marché et de rejoindre efficacement de nouveaux clients
Comme la productivité est de plus en plus au cœur du programme de transformation, les capacités écosystémiques sont souvent perçues comme une priorité concurrente. Toutefois, notre expérience nous indique que les capacités écosystémiques constituent un excellent catalyseur de l’amélioration de la productivité.
Un écosystème réunit de multiples fournisseurs sur des plateformes numériques intégrées dans le but ultime d’offrir des produits complémentaires qui améliorent l’expérience client. Les PME recherchent une institution financière qui agira en tant que partenaire dans tous les aspects de leurs activités, comme les prêts, la gestion de la trésorerie et les paiements, l’exploitation de leur entreprise (p. ex. la comptabilité, la paie, la fiscalité) et la croissance de leurs activités (p. ex. le marketing numérique). En faisant partie d’un écosystème, les institutions peuvent répondre à un plus vaste éventail de besoins des PME, attirer plus efficacement des dépôts récurrents et favoriser la croissance en utilisant de nouvelles données pour offrir des solutions supplémentaires de manière proactive.
Levier 3.3 : Favoriser la croissance au moyen d’une gamme de produits et de services fondés sur des abonnements
De la même manière que les consommateurs se sont habitués aux modèles fondés sur des abonnements, les clients des institutions bancaires veulent avoir la possibilité d’ajouter ou de supprimer des produits et des services rapidement. Dans un sondage qu’EY a réalisé auprès des PME en 2021, environ 43 % des PME canadiennes interrogées ont exprimé leur intérêt pour des services financiers fondés sur des abonnements.
Contrairement aux gammes traditionnelles de produits fondés sur les opérations, un modèle fondé sur les abonnements permet d’offrir des forfaits personnalisés composés de produits à un prix fixe. Les produits fondés sur les abonnements répondent aux besoins de base du client – incluant les prêts, les marges de crédit, les comptes de dépôts et les transferts de fonds de l’entreprise – et favorisent les ajouts et les améliorations – comme la gestion centralisée de la paie ou des multidevises – qui sont offerts à la carte moyennant des frais supplémentaires.
En passant d’un modèle fondé sur les opérations à un modèle fondé sur les abonnements, les institutions peuvent générer une croissance comme suit :
- En accélérant l’adoption par les clients grâce à une proposition de valeur clairement définie et à la transparence des frais.
- En faisant en sorte que les plus petits clients ont accès aux services auparavant réservés aux grandes entreprises.
- En intensifiant la vente croisée de produits bancaires traditionnels et de services autres que bancaires, étant donné que les clients peuvent facilement ajouter des services à leur abonnement.
Les programmes de productivité les plus efficaces comprennent des initiatives axées sur les coûts aussi bien que sur les revenus, les réductions de coûts à court terme visant à obtenir des résultats rapides et les initiatives à plus long terme favorisant des changements durables.
Lorsque l’économie ralentit, les institutions financières se concentrent généralement sur la productivité et les initiatives de réduction des coûts à court terme. Notre expérience nous indique que les institutions qui mettent en place des initiatives de réduction des coûts tout en pensant à mener des initiatives pour effectuer des changements durables à plus long terme améliorent leur productivité de manière plus efficace. Cette combinaison permet aux institutions d’atteindre leurs objectifs à court terme et de respecter leurs obligations envers leurs actionnaires tout en se préparant à un avenir axé sur la simplification et les données afin d’améliorer la productivité à long terme.
Les institutions financières peuvent amorcer leur transformation en se concentrant sur les gains rapides et investir dans des travaux d’amélioration de la productivité à plus long terme, de manière à ce que leur programme puisse éventuellement s’autofinancer. Lorsque la situation économique deviendra plus favorable et que les institutions pourront revenir à leurs plans de croissance, grâce aux investissements qu’elles auront faits dans les initiatives d’amélioration à long terme de la productivité, elles seront mieux préparées à saisir plus efficacement les possibilités de croissance et à démontrer plus de résilience lorsque d’autres ralentissements se produiront.