Employés d’une entreprise travaillant à l’extérieur, en respectant les mesures de distanciation sociale

Comment la pandémie de COVID-19 a redéfini les besoins en santé mentale des travailleurs

Dans un contexte d’intensification des facteurs de stress en lien avec la pandémie de COVID‑19, les employeurs qui accordent la priorité à la santé mentale de leurs travailleurs obtiendront une longueur d’avance dans la course pour recruter les meilleurs talents.

Aux quatre coins du monde, les employeurs s’efforcent de déterminer comment ils peuvent faire en sorte que leurs employés réintègrent leur bureau en toute sécurité. C’est tout un défi, car la pandémie de COVID‑19 oblige les entreprises à apporter des ajustements considérables à leurs activités, de façon à accorder la priorité au bien être des gens. Ce faisant, elles doivent réinventer le concept de travail.

De toute évidence, pour que les employés puissent retourner au travail en toute confiance, il est essentiel de leur fournir un environnement physique sécuritaire. En l’absence d’un traitement ou d’un vaccin contre la COVID-19, les entreprises doivent faire tout ce qu’elles peuvent pour éviter que leur personnel soit exposé au virus de la maladie.

À tout le moins, les employeurs devront mettre en place de nouveaux protocoles d’entretien et d’utilisation des environnements physiques, notamment en prévoyant régulièrement un nettoyage en profondeur de leurs installations et en réaménageant le mobilier de bureau pour favoriser la distanciation physique. De leur côté, les employés devront aussi adopter de nouveaux comportements, notamment en prenant l’habitude de porter un masque de protection et en vérifiant régulièrement leur température corporelle.

Les résultats du sondage sur lequel repose l’indice EY de l’évolution des habitudes des consommateurs font encore plus ressortir l’importance, pour les employeurs, de revoir l’aménagement des aires communes, pour que les travailleurs s’y sentent en sécurité. Des quelque 13 000 consommateurs sondés dans 13 pays, 37 % ont indiqué ne pas s’attendre à un retour à la normale au bureau avant des mois, voire des années, tandis que 64 % ont affirmé se préoccuper désormais davantage de leur santé physique. De fait, plus des deux tiers des personnes sondées (57 %) se sont dits mal à l’aise, ou extrêmement mal à l’aise, face à l’idée d’utiliser les transports publics, vu le risque d’y être exposés à la COVID-19.

Cette quête accrue de mesures de protection sanitaires a contraint les épiceries et les pharmacies, dont la plupart sont restées ouvertes au cours de la pandémie, à trouver de nouvelles solutions. Dans les grandes entreprises, des barrières de protection des préposés aux caisses ont été installées, des passages à sens unique ont été aménagés dans les magasins, et l’achalandage y a été restreint en tout temps.

Le contrôle des déplacements et l’atténuation des risques de contacts fortuits ont non seulement permis de limiter la propagation de la COVID‑19, mais ont également aidé les détaillants à instaurer un sentiment de confiance au sein de la population. Ce n’est pas un hasard si les nombreuses mesures actuellement adoptées par des employeurs d’autres secteurs que celui du commerce de détail reflètent celles que ces entreprises essentielles ont mises en place.

 

La santé physique n’est toutefois pas la seule composante du bien être; la santé mentale joue aussi un rôle clé. Avant le déclenchement de la pandémie de COVID-19, la santé mentale constituait un enjeu pressant au travail, même s’il s’agissait d’un enjeu largement méconnu. Selon une recherche réalisée par un fournisseur de logiciels, 94 % des travailleurs américains et britanniques se sentent stressés au travail, près du tiers estimant éprouver un niveau de stress allant d’élevé à intolérablement élevé.

 

La pandémie de COVID-19 a fait ressortir davantage l’importance de la santé mentale. Pendant la crise, certains ont vécu le deuil de la perte d’un proche, souffert d’isolement et de solitude, éprouvé un sentiment d’anxiété généralisé face à l’avenir, ou été aux prises avec la surcharge mentale occasionnée par de longues heures de travail ou l’impératif de jongler avec leurs obligations professionnelles et leurs autres engagements, dont la garde d’enfants. Certains ont sans doute craint de perdre leur emploi.

Workplace wellbeing
of US and UK workers feel stressed at work, with almost a third saying that their stress levels are high to unsustainably high.

Dans le cadre d’un sondage réalisé par Qualtrics en avril 2020, 44,4 % des télétravailleurs de fraîche date ont affirmé que leur état de santé mentale s’était détérioré depuis le déclenchement de la pandémie. Les résultats d’un sondage ayant servi à l’établissement de l’indice de l’évolution des habitudes des consommateurs ont fait écho à ce constat, 83 % des répondants ayant signalé une baisse de leur productivité en lien avec le télétravail.

Le retour au bureau des employés préoccupés par leur santé physique ne se traduira pas nécessairement par une amélioration de leur état de santé mentale.

À vrai dire, les inquiétudes quant à une éventuelle exposition à la COVID-19 pourraient avoir pour effet d’accroître encore plus les appréhensions d’une main d’œuvre d’ores et déjà aux prises avec des problèmes d’anxiété. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le caractère inadéquat des politiques de santé et de sécurité en place et les lacunes dans les pratiques de communication et de gestion en vigueur sont deux des principaux facteurs qui contribuent à accroître l’anxiété dans les environnements de travail.  

Remote workers’ wellbeing
of newly remote workers said their mental health had declined since the outbreak of the pandemic.

Pour fidéliser leurs employés les plus talentueux et les plus brillants et renforcer la confiance de leurs travailleurs, les employeurs doivent intégrer le soutien au bien-être mental à leurs programmes de retour au travail et communiquer clairement les mesures qu’ils entendent prendre afin d’assurer leur sécurité. Deux mesures clés sont requises pour renforcer la résilience des employés dans le contexte de l’après pandémie. Voici de quoi il s’agit :

  1. Élargissement des mesures de soutien au bien être mental des employés qui en ont besoin ou qui sont le plus à risque d’éprouver des problèmes de santé mentale à l’avenir.
  2. Réorganisation de l’environnement de travail physique et adoption de changements de comportement permettant aux employés de se sentir plus en sécurité.

À cet égard, des solutions technologiques peuvent jouer un rôle déterminant. Par exemple, des plateformes de collaboration peuvent représenter une solution de rechange aux réunions en présentiel; des technologies sans contact peuvent être adoptées dans les cantines en milieu de travail; et les membres du personnel peuvent suivre des activités de perfectionnement reposant sur l’utilisation d’outils de formation en mode virtuel, plutôt que des cours sur place. L’utilisation de capteurs pourrait permettre de suivre les déplacements des employés et de contrôler l’application des mesures de distanciation sociale.

Les employés pourraient même être disposés à donner accès à leurs données par l’intermédiaire d’applications d’identification des contacts, dans la mesure où cela leur permettrait de rester en bonne santé physique et où leur entreprise serait ainsi à même de poursuivre ses activités en cas de nouvelle éclosion. Selon ce qui ressort du sondage sur lequel repose l’indice de l’évolution des habitudes des consommateurs, près de 56 % des consommateurs sont prêts à communiquer leurs données à caractère personnel si cela contribue à prévenir les risques de contracter la maladie.

Pour maintenir la confiance de leurs travailleurs, les employeurs doivent toutefois s’assurer que ceux-ci conservent le contrôle de leurs données. C’est aux employés, et non pas aux employeurs, que revient la capacité de déterminer qui peut avoir accès à leurs données à caractère personnel, et sous quelles conditions. Autrement dit, si les employeurs utilisent des applications d’identification des contacts développées par des tiers, les représentants des employés doivent pouvoir prendre part à la validation de ces développeurs. Le traitement irresponsable des données est l’un des moyens les plus rapide de perdre la confiance des consommateurs, alors même que plus du tiers des consommateurs sondés par EY ont entièrement confiance dans la capacité des fournisseurs de solutions technologiques de traiter de façon appropriée leurs données à caractère personnel.

En plus de renforcer la sécurité des environnements physiques, la technologie peut contribuer au renforcement de la santé mentale. Les employeurs peuvent mettre diverses solutions à la disposition de leurs employés, notamment des applications d’aide à la méditation de pleine conscience, des robots conversationnels et des solutions de téléconsultation de prestataires de services en santé mentale. Des politiques de congés de maladie et de vacances assouplies peuvent être appliquées en complément de telles solutions technologiques, de même que des mécanismes de rétroaction permettant aux employeurs de rester à l’écoute des préoccupations de leurs employés et d’exploiter leurs données de façon à pouvoir y répondre rapidement et adéquatement.

De nombreux employés, surtout ceux qui se sont sentis isolés pendant la pandémie, seront heureux de retourner au bureau, dans la mesure où ils considèrent que c’est sécuritaire de le faire. D’autres voudront rester en télétravail. Pour faire preuve d’efficacité dans la course au recrutement de talents, les entreprises doivent offrir des politiques souples à l’appui de l’évolution à long terme des pratiques de travail.

Ces politiques doivent également reconnaître que l’idée d’« aller au bureau » sera désormais probablement associée à un comportement plus délibéré. Les employés se réuniront dans des aires de travail communes dans le cadre d’activités particulières, telles que des activités de réseautage ou d’idéation, qui peuvent s’avérer moins efficaces lorsqu’elles sont réalisées à distance. 

La préservation de la santé et de la sécurité des employés est une condition essentielle à la génération de valeur à long terme. Les employeurs qui se garderont d’investir dans le bien être de leurs employés auront du mal à fidéliser les membres de leur personnel les plus productifs et accuseront un retard par rapport à leurs concurrents. À mesure que les entreprises redéfinissent leur avenir, elles doivent donc prendre en compte la façon dont elles peuvent renforcer le bien être physique et mental de leurs employés. Elles doivent aussi leur offrir les conditions dont ils ont besoin pour assurer leur présence au bureau à temps plein, au cours d’une période de disruption porteuse de possibilités qui est susceptible de se prolonger. 

Résumé

L’offre aux employés de la garantie qu’ils peuvent retourner au bureau en toute sécurité, dans le contexte de l’après pandémie de COVID-19, est l’un des plus grands défis auxquels font face les entreprises. Les employeurs qui privilégient le bien être physique et mental de leurs employés en tireront un important avantage concurrentiel sur le plan de la fidélisation des talents et de la création de valeur à long terme.