Vue aérienne d’une route sinueuse traversant une forêt bordée d’immeubles à Hong Kong

Comment les entreprises de construction peuvent conjuguer la croissance rentable avec l’objectif de zéro émission nette

Pour atteindre l’objectif de zéro émission nette de carbone d’ici 2050, les entreprises doivent trouver des façons de réduire les émissions de carbone dans l’ensemble de la chaîne de valeur du secteur de la construction.


En bref

  • Les activités de construction et d’exploitation d’immeubles sont responsables d’une part importante des émissions mondiales de CO2
  • Les gouvernements offrent des mesures incitatives et imposent des pénalités afin d’inciter les entreprises de construction à réduire l’empreinte carbone d’un immeuble.
  • Les entreprises de construction ont un rôle crucial à jouer en offrant des produits et des services novateurs qui stimulent les investissements dans l’énergie propre comme la décarbonisation.

Selon une étude du Programme des Nations Unies pour l’environnement, les émissions de dioxyde de carbone (CO2) provenant de l’exploitation d’immeubles ont atteint, en 2019, les niveaux les plus élevés jamais consignés. Si l’on inclut les émissions provenant de la construction, les émissions provenant des immeubles à l’échelle mondiale représentent 38 % de la totalité des émissions de CO2 liées à l’énergie1. Cette proportion est plus élevée que pour le transport (23 %) et tous les autres secteurs (32 %), faisant des activités de construction et d’exploitation d’immeubles les deux plus grandes émettrices mondiales de CO2 par secteur2. En 2020, les émissions de CO2 provenant de l’exploitation d’immeubles ont diminué de 10 % par rapport aux sommets de 20193.Toutefois, cette diminution semble avoir été de courte durée, les émissions étant reparties à la hausse parallèlement à la croissance de l’activité économique. En 2020, la part mondiale des émissions provenant de la construction d’immeubles n’a cédé que 1 % pour s’établir à 37 %4.

La COP26 a réitéré l’urgence que les entreprises et le secteur public mettent en œuvre des plans de décarbonisation solides  pour garder espoir de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C. Pour les entreprises de construction soucieuses de la durabilité, il existe des occasions importantes de réduire les émissions de carbone et la consommation d’énergie au sein du secteur, tout en générant simultanément une croissance rentable.

Les gouvernements encouragent la transformation au moyen de mesures incitatives ou de pénalités

Pour concrétiser les ambitions de l’Accord de Paris et réaliser sa stratégie à long terme de devenir climatiquement neutre d’ici 2050, l’ensemble de la chaîne de valeur du secteur de la construction se doit de prendre sans tarder des mesures pour réduire les émissions de carbone liées à l’exploitation et à la construction d’immeubles de même qu’à la consommation d’énergie des immeubles. Pour encourager la prise de mesures en ce sens, bon nombre de gouvernements partout dans le monde offrent des programmes incitatifs – ou imposent des pénalités – afin de motiver les entreprises du secteur à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.

 

Par exemple, la Commission européenne a récemment dévoilé une nouvelle stratégie visant à doubler le taux annuel de rénovation énergétique des immeubles de l’Union européenne (UE) au cours des dix prochaines années. Dans le cadre du pacte vert pour l’Europe, la Commission européenne a également prévu verser des centaines de milliards en subventions pour la construction et la rénovation d’immeubles respectueuses du climat au cours des cinq prochaines années. Ces mesures incitatives et autres mesures, conjuguées à un projet de loi européenne sur le climat qui transformera l’engagement de l’UE en matière de changement climatique en obligation légale, feront exploser la demande pour des rénovations axées sur l’optimisation et le développement durable.

 

Aux États‑Unis, dans le cadre du programme de dépenses Build Back Better de 2 billions de dollars américains annoncé en 2021, 555 milliards de dollars américains seront consacrés à des investissements dans l’énergie propre. Contenant plus de mesures incitatives que contraignantes, le programme offre des crédits fiscaux, des réductions et d’autres mesures incitatives pour encourager les entreprises et les consommateurs à prendre le virage vert.

Global emissions
of global emissions came from building construction and operation in 2020.

L’innovation en matière de produits et de services stimule la décarbonisation

Il existe des possibilités importantes d’investir dans la recherche et le développement de produits et de services novateurs qui aident les propriétaires et les exploitants d’immeubles à réduire leurs émissions de carbone et leur consommation d’énergie dans le but d’atteindre l’objectif de zéro émission nette de carbone, tout en générant simultanément une croissance rentable. Ces possibilités comprennent les suivantes :

  • Des rénovations écoénergétiques ainsi que des investissements dans de bons produits et des innovations en matière de systèmes de chauffage, de ventilation et de climatisation (CVC), d’éclairage, de plomberie et d’enveloppe du bâtiment (murs, fenêtres, toit et isolation). Les entreprises visant à atteindre l’objectif de zéro émission nette de carbone ont d’innombrables possibilités de travailler avec les exploitants d’immeubles pour les aider à tirer parti de ces leviers afin de maximiser l’efficacité énergétique d’un immeuble. Ces possibilités peuvent consister à offrir des produits et des services allant de l’isolation à l’ensemble des systèmes de gestion d’un immeuble.
  • Des logiciels intelligents et des modèles d’affaires novateurs qui permettent d’automatiser le réglage de systèmes CVC et d’éclairage, selon le moment, l’endroit et le degré voulus, combinés à des services et des solutions holistiques. Des systèmes d’immotique et de gestion intelligente de l’énergie peuvent améliorer le rendement opérationnel d’un immeuble ainsi que le confort de ses occupants. Les systèmes d’immotique peuvent aussi surveiller le rendement opérationnel de l’équipement de façon à permettre aux exploitants d’immeubles de maintenir le fonctionnement optimal de leurs actifs immobiliers, de manière à réduire les émissions de carbone et à améliorer l’efficacité énergétique. Par ailleurs, grâce à des solutions holistiques, il serait possible de maintenir la température d’un immeuble à un certain degré ou de contrôler la puissance ou le nombre de lumens de l’éclairage, plutôt que d’installer un système CVC ou de remplacer le système d’éclairage.
  • La certification, la sensibilisation à la conservation de l’énergie et la formation qui aident les propriétaires d’immeubles à démontrer la durabilité écologique de leurs immeubles et les investisseurs à atteindre leurs objectifs ESG. Par exemple, la certification LEED est offerte pour les nouveaux immeubles ainsi que pour les immeubles et les espaces existants. Parallèlement, les entreprises de construction peuvent élaborer des programmes de formation qui encouragent les occupants d’un immeuble à contribuer à en maximiser l’efficacité énergétique.

La réduction des émissions dépend de la volonté d’atteindre l’objectif de zéro émission de carbone à chaque étape de la chaîne de valeur de la construction

En plus de contribuer à l’atteinte de l’objectif de zéro émission, les entreprises de construction doivent se demander où elles peuvent réduire leurs émissions de CO2 à chacune des étapes de la chaîne de valeur. Voici quelques idées.

1. Se concentrer sur l’innovation en matière de produits

Il existe de nombreuses possibilités d’améliorer des produits courants et d’en proposer de nouveaux. Par exemple, le bois d’ingénierie qui entre dans la composition d’un nombre croissant d’applications peut servir de substitut solide aux matériaux traditionnels comme l’acier et le béton. Son pouvoir porteur est plus élevé et son poids est faible. Il est doté de résistivité électrique et thermique. Et sa capacité isolante plus élevée en fait un matériau plus écoénergétique. De plus, le bois est une ressource renouvelable. Plus important encore, du point de vue de la durabilité, le remplacement du béton et de l’acier par le bois – quand c’est possible – permet de réduire les émissions de CO2 de 15 % à 30 %.

2. Améliorer l’efficacité des processus

Tous les acteurs le long de la chaîne de valeur peuvent contribuer à réduire les émissions. Par exemple, durant la phase de conception et de planification, les architectes et les planificateurs peuvent concevoir de façon à réduire la consommation d’énergie des processus de fonctionnement et de démontage et à améliorer l’adaptabilité et la flexibilité. Les fabricants de matériaux de construction peuvent choisir d’utiliser moins de matières dangereuses à forte intensité de carbone, de prolonger la durée de vie des matériaux, de s’approvisionner en matériaux locaux et d’utiliser des matériaux normalisés autant que possible. Les fournisseurs peuvent adopter de nouvelles technologies qui réduisent l’utilisation d’énergie et remplacer les combustibles fossiles par de l’énergie renouvelable. Les distributeurs peuvent optimiser les flux de transport. Tout au long du processus de construction d’un immeuble, les entrepreneurs peuvent tirer parti de systèmes de gestion des données pour rationaliser leurs opérations. Tout au long du processus de construction d’un immeuble, les entrepreneurs peuvent tirer parti de systèmes de gestion des données pour rationaliser leurs opérations.

3. Fermer les boucles de matériaux

Selon une analyse du Forum économique mondial et d’EY-Parthenon, de 70 % à 80 % des matériaux de construction non utilisés et des déchets de démolition sont mis au rebut. Une grande partie de ces déchets peuvent être réutilisés ou recyclés. Par exemple, 40 % des rebuts de bois d’œuvre peuvent être transformés pour d’autres utilisations, dont les revêtements de sol en bois. Des entreprises de premier plan réduisent déjà leurs émissions de CO2 de façon importante en ayant recours à des modèles de matériaux circulaires. À titre d’exemple, un centre de recyclage à Retznei, en Autriche, traite annuellement 130 000 tonnes de déchets de construction et de démolition – 70 % de ces déchets sont recyclés ou réutilisés, tandis que 30 % sont utilisés comme matériau de remblayage pour une carrière.

Tirer le maximum des plateformes et des écosystèmes

Les écosystèmes et les plateformes offrent aux entreprises du secteur de la construction des occasions de tirer parti de partenariats mutuellement avantageux, d’accéder à des technologies, des modèles d’affaires et des talents nouveaux, et d’investissements communs qui peuvent accélérer la réduction des émissions, au sein de l’organisation et dans l’ensemble de l’écosystème.

Circular material models
of discarded lumber materials can be repurposed for wood flooring material.

Les possibilités sont innombrables et tous peuvent en bénéficier

Les entreprises de l’ensemble de la chaîne de valeur de la construction – des architectes et sociétés d’ingénierie aux fabricants, fournisseurs et distributeurs de matériaux, entrepreneurs, exploitants et équipes de démolition – doivent éviter de percevoir les mesures de décarbonisation comme un autre exercice de conformité. Ces mesures représentent plutôt une immense occasion pour les entreprises de générer une croissance rentable et de se démarquer sur le marché au moyen de stratégies de décarbonisation.


Résumé

Les entreprises de construction qui s’empressent d’élaborer des stratégies et des modèles d’affaires afin d’aider leurs clients et de s’aider à faire un pas de plus vers l’atteinte de l’objectif de zéro émission nette d’ici 2050 auront un avantage concurrentiel considérable. En adoptant une perspective de cycle de vie des produits individuels et des bâtiments durables entiers, les entreprises du secteur de la construction peuvent comprendre leur apport en carbone dans un contexte plus large et apporter des ajustements qui profiteront à tous.
 

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