Paul Mitchell: Bonjour. Je suis Paul Mitchell, leader mondial, Mines et métaux d’EY, et je suis ravi de m’entretenir avec Jonathan Price, président et chef de la direction de Teck Resources.
Au menu, le rapport 2024 sur les possibilités et les risques dans le secteur des mines. Jonathan, merci de prendre le temps de nous visiter.
Je sais à quel point tu es occupé. Teck a connu une année exceptionnelle, et il en sera question un peu plus tard,mais je te remercie de prendre le temps de parler à nos clients et à d’autres parties intéressées de ce qu’elles ont pensé du rapport.
Jonathan Price : Merci, Paul. Ravi d’être ici, surtout pour prendre le temps de parler des questions soulevées dans le rapport.
Paul Mitchell: Allons-y. Les questions sociales, soit les facteurs ESG, l’acceptation sociale et les changements climatiques, sont ressorties pour une troisième année de suite. Je suis content de voir que les facteurs ESG sont au premier rang.
J’en retiens que nous avons un plan concernant l’acceptation sociale et les changements climatiques, mais les facteurs ESG sont vastes et changeants et j’aime bien qu’ils soient au premier rang, car ça signifie que les gens pensent à l’avenir.
Mais j’aimerais savoir comment, à ton avis, ont évolué ces défis et possibilités au cours des trois dernières années.
On sent une évolution réelle, une plus grande profondeur. Qu’en penses-tu?
Jonathan Price : Ce que je note, c’est la convergence entre les défis et les possibilités, d’une certaine façon, depuis un peu plus de 12 mois. Alors que d’un côté, on reconnaît que le monde n’atteindra pas les objectifs liés aux changements climatiques sans l’ajout de minéraux critiques comme le cuivre pour permettre la décarbonation par l’électrification,
de l’autre, les exigences environnementales et sociales sont plus grandes relativement à la façon dont nous livrons ces minéraux.
On nous demande d’en faire plus que jamais sur le plan de la cadence d’exploitation minière et des taux d’extraction, mais de le faire de manière plus responsable, en réduisant plus que jamais les retombées,et cela représente un énorme défi pour le secteur des mines. C’est aussi une possibilité colossale, quand on pense à la dynamique de marché derrière tout ça. Mais le défi ne se limite pas au secteur; il s’applique aux gouvernements et à d’autres parties prenantes.
De notre point de vue, il est clair qu’il est essentiel d’afficher un dossier ESG solide pour pouvoir bâtir et exploiter des mines. C’est fondamental. Cela fait partie de la marque Teck et de son ADN, et c’est également la chose à faire.
Nous avons la responsabilité envers la société de nous assurer que nous faisons les choses comme il se doit. Et si vous n’êtes pas reconnu pour bien faire sur les plans des facteurs ESG ou de l’exploitation minière responsable, vous n’aurez pas l’appui des gouvernements, des collectivités, des Premières Nations, et franchement, avec raison. Si vous ne pouvez pas prouver votre engagement et vos progrès à l’égard de ce type de critère, vous ne devriez alors pas avoir accès à toutes ces ressources.
À Teck, nous mettons l’accent sur le développement durable depuis de nombreuses années, et pour nous, c’est un avantage concurrentiel. Je vais en reparler dans un instant. Regarde ce que nous avons fait au Chili récemment avec le projet QB2 en construction, tout se rejoint dans ce que nous avons construit dans la région de Tarapacá dans le nord du Chili, soit la première usine de dessalement à grande échelle qui utilise l’eau de mer plutôt que l’eau douce. Bien sûr, il n’y a pas d’eau dans le désert d’Atacama et, en construisant cette usine, nous pouvons remettre nos permis d’utilisation de l’eau douce à l’État, et ce sont les collectivités qui les utiliseront pour l’agriculture, entre autres.
Cette usine est alimentée à l’électricité renouvelable en totalité, au moyen de contrats d’énergie solaire et éolienne du Chili, et nous bâtissons depuis longtemps des liens avec les collectivités et les groupes autochtones sur place, bien avant le recours aux permis en fait. Aujourd’hui, nous avons 22 ententes en vigueur pour le partage des avantages de l’exploitation. Donc, certains éléments ESG clés, comme la décarbonation, la consommation d’eau, les relations avec les collectivités, se retrouvent parties à un projet qui nous permet de hausser grandement notre production d’un minerai critique, soit le cuivre, pour approvisionner le monde et l’aider à réussir l’électrification et la décarbonation.
C’est un avantage concurrentiel, car je crois fermement que dans l’avenir, une plus grande part des possibilités de développement de nouveaux projets ira d’emblée aux joueurs du secteur qui prennent au sérieux les facteurs ESG et affichent un bilan impressionnant en matière d’excellence opérationnelle. Ainsi, nous pourrons attirer des professionnels de talent, parce que les gens sont de plus en plus intéressés par les entreprises qui ont une raison d’être, et par celles qui font bien les choses et ont fait leurs preuves.
La résilience opérationnelle est également un atout. Si votre entreprise entretient de bonnes relations avec les parties prenantes et avec les collectivités dans lesquelles elle exerce ses activités, il est peu probable que ses installations soient aux prises avec des problèmes qui la forcent à fermer leurs portes ou à cesser leurs activités en raison d’un blocus, par exemple. Au plus fort de la construction du projet QB2, il y avait une main-d’œuvre de 26 000 travailleurs actifs dans la région, les travaux de construction n’ont pas été considérablement perturbés.
C’est une question de relations et de l’attention portée à la résolution des problèmes. C’est pourquoi c’est un avantage concurrentiel, et le secteur devra continuer de mettre l’accent sur le maintien de cet avantage, surtout si nous sommes face à la double exigence de produire plus qu’auparavant, et ce, avec encore moins de retombées.
Paul Mitchell : Le projet QB2 est un exemple parfait. Je parle souvent de la nécessité de faire la promotion du bilan net positif au sein du secteur des mines. Notre marque a tendance à être la cible de personnes qui ne comprennent pas vraiment le secteur. Nous avons beaucoup mis l’accent sur la carboneutralité, et nous devons le faire également pour les émissions de carbone. J’aime bien mettre en lumière les éléments qui ont un bilan net positif, notamment sur l’utilisation de l’eau. Dans cette partie du monde, c’est très important, car cela permet de créer un environnement fantastique.
Tu as soulevé le Chili, as-tu noté des différences relativement aux enjeux sociaux et opérationnels entre le Canada, le Chili et le Pérou? Avez-vous remarqué une différence notable entre les trois? J’imagine que cela intéresse grandement de nombreux clients, notamment dans les marchés émergents.
Jonathan Price : Oui, il y a une différence, malgré le fait que les cadres et les priorités soient dans l’ensemble en grande partie uniformes, leur application au niveau local peut différer grandement.
Si l’on compare le projet QB2 dans la région d’Atacama au Chili à la mine de zinc Red Dog, en Alaska, les enjeux liés à la gestion de l’eau, par exemple, sont complètement différents.
Dans le désert d’Atacama, bien sûr, l’enjeu est la rareté de l’eau. Les collectivités ont besoin d’eau pour l’agriculture et pour satisfaire leurs besoins de base, essentiellement. Nous avons donc décidé de bâtir une usine de dessalement, un investissement majeur en termes de coûts de construction et d’exploitation.
Il s’agit d’une tout autre problématique à la mine Red Dog, en Alaska, où le pergélisol dégèle en raison des températures trop élevées, de sorte qu’une quantité toujours plus grande de minéraux et de métaux se retrouve dans l’eau et que le niveau des eaux ne cesse de monter, ce qui pourrait causer l’instabilité des infrastructures dans lesquelles se trouvent nos concentrateurs et d’autres équipements de grande taille.
Nous avons dû prendre certaines mesures pour nous adapter à ce contexte. Nous avons mis en place des systèmes de traitement de l’eau pour tenir compte des changements aux conditions naturelles, et nous avons collaboré avec les organismes de réglementation pour trouver des solutions de traitement et obtenir des permis à long terme dans cet environnement.
D’un autre côté, pour assurer la stabilité structurelle du terrain et de nos installations, nous devons simplement refroidir le sol.
Ces enjeux sont entièrement différents, tous deux liés à l’eau, et également diamétralement opposés, l’un découlant de la rareté de l’eau et l’autre, de l’excès d’eau.
Il existe d’autres enjeux qui sont intrinsèquement locaux. Tu as dit que tu voulais que le secteur ait un bilan net positif. L’un des engagements de Teck concerne la nature, et l’entreprise s’est engagée à bâtir, d’ici 2030, un avenir dans lequel la nature sera préservée.
Cela va bien au-delà de l’incidence directe de nos activités minières. Il ne suffit pas de restaurer les terrains où nous exerçons nos activités, nous nous sommes engagés à conserver et à remettre en état des terres d’au moins trois hectares pour chaque terrain d’un hectare touché par nos activités minières.
Nous allons donc accélérer le rythme de la remise en état, et investir dans la conservation. En 2022 et en 2023, nous avons contribué à la conservation et à la remise en état de terrains de plus de 50 000 hectares dans des collectivités qui sont situées à proximité de nos installations.
L’autre enjeu intrinsèquement local réside dans les relations avec les collectivités et les Autochtones. On ne peut pas composer avec cet enjeu de la même manière partout. Cependant, il existe des points communs. Il faut, dans tous les cas, s’assurer d’interagir avec ces collectivités. Il faut savoir véritablement les écouter et comprendre ce qui compte pour elles.
Ensuite, il faut mettre en place des programmes ou conclure des ententes qui répondent à leurs besoins particuliers. Il faut trouver l’équilibre entre l’engagement à faire ce qui est bien partout, élaborer des normes minimales qui s’appliqueront partout où l’entreprise exerce ses activités dans le monde, peu importe les normes locales. Il est toujours approprié d’avoir des normes dont les exigences excèdent celles des normes locales. Mais il faut rester concentré sur les divers besoins locaux.
Il n’est pas nécessairement plus difficile d’exercer des activités dans une région ou une autre, c’est juste différent. C’est à ce moment-là que l’expertise, la main-d’œuvre et les partenariats locaux permettent de comprendre ces différences, puisque les équipes sur le terrain sont davantage en mesure de s’occuper de ce qui compte véritablement pour la population locale que les cadres d’un siège social très éloigné qui présument, à tort, qu’ils savent tout.
Paul Mitchell : Absolument. En faisant des recherches sur l’incidence positive sur la nature, on se rend compte que cette façon de faire est vraiment intéressante.
Jonathan Price : C’est entre autres l’un des engagements du Conseil international des mines et métaux (ICMM) et de ses membres, soit d’avoir une incidence positive sur la nature. Nous devrions prochainement communiquer publiquement des précisions sur les mesures que nous entendons prendre, c’est un des enjeux sur lesquels nous nous concentrons en tant que moteur de la décarbonation depuis de nombreuses années, qui a été incroyablement important et continue de l’être.
Je crois que la menace que représente la perte de la nature et la nécessité d’agir pour préserver urgemment cette dernière sont au cœur de ce que nous faisons. À titre de propriétaires terriens, surtout dans le secteur des mines, nous avons la possibilité d’avoir une nette incidence positive à ce chapitre.
Paul Mitchell : Changeons de sujet. J’étais heureux de voir que cette année, les capitaux se placent au deuxième rang sur le plan des risques et des possibilités. Je me suis souvent demandé, lorsque les capitaux ne faisaient pas partie des cinq priorités des répondants aux sondages, s’ils travaillaient dans un secteur différent du mien, où le capital est fondamental. Tu nous as parlé des parties prenantes, de la transition énergétique et de ce qui se passe dans le monde. Est-ce que, en raison de la nécessité d’extraire plus de minéraux critiques et d’en tirer plus d’avantages, et ce, malgré la complexité de ces activités, les marchés commencent à nous offrir plus de soutien, ou est-ce que ce sont les nouvelles sources de capitaux qui font la différence?
Jonathan Price : Je crois que c’est le cas. Le besoin accru de minéraux critiques, la mise en valeur de nouvelles mines et l’accroissement de la capacité font l’objet de débats au sein des gouvernements et de la société. Ces sujets sont présents partout dans les médias et sont maintenant au cœur des préoccupations des marchés financiers.
Je crois que le monde a tardé à emboîter le pas. Il y a eu beaucoup de discussions entourant la construction de nouvelles infrastructures d’énergie renouvelable, et d’usines de fabrication de véhicules électriques et de batteries. Et lentement, les gens ont commencé à se demander d’où proviendraient tous ces métaux.
Le débat a considérablement évolué au cours de la dernière année. Cela représente d’énormes possibilités pour les marchés financiers, car les perspectives de la demande de certains métaux étroitement liés à l’électrification sont très prometteuses, et le nickel retient l’attention, tout comme le cuivre, en raison de deux grandes tendances, dont l’une est l’urbanisation, en raison de l’estimation selon laquelle les centres urbains compteront deux milliards d’habitants de plus d’ici 2050, et l’autre étant la décarbonation, en raison du besoin d’infrastructures de transport de l’énergie renouvelable ou de véhicules électriques.
Ces deux importants moteurs appuient la demande de cuivre, alors que le secteur de l’extraction cuprifère a souffert des sous-investissements au cours de la dernière décennie. Il faut donc se demander s’il est possible de mettre en valeur plus de mines plus rapidement.
Mais ce ne sera pas possible, en raison de l’absence d’investissements dans l’exploration ou la mise en valeur de projets à un stade précoce pendant plus d’une décennie, et des échéanciers trop longs.
Chez Teck, nous avons mis en place des programmes d’exploration importants pendant de nombreuses décennies, et ce, selon des cycles. Nous disposons actuellement d’un portefeuille considérable de projets que nous sommes en mesure de réaliser. Le projet QB2 est presque terminé au Chili, et nous avons aussi le projet de San Nicolas au Mexique et le projet de Zafranal au Pérou, ainsi que le projet de Galore Creek en Colombie-Britannique.
Nous réalisons d’autres projets dans ces régions où nous investirons davantage au cours des années à venir pour produire davantage pour le marché. Mais pour la première fois dans ma longue carrière dans le secteur, je me demande s’il est possible d’accélérer la mise en valeur de ces projets, et comment, et comment, et s’il est possible de déployer plus de capitaux plus rapidement?
Bien sûr, ces capitaux doivent être affectés à des projets qui génèrent un rendement du capital investi intéressant pour les investisseurs. Si l’on tient compte des contraintes futures liées à la demande et à l’offre et qu’on adopte une vision constructive des données fondamentales du marché et des prix, il est de plus en plus certain que ce rendement sera au rendez-vous.
Le virage a eu lieu, qui témoigne du rôle important des minéraux critiques et du secteur des mines. Mais à cette certitude s’ajoute le défi posé par les sous-investissements pendant de trop nombreuses années. Le secteur fait aussi vite que possible pour rattraper le retard.
Il sera intéressant de suivre l’évolution de ce dossier dans l’avenir.
Paul Mitchell : La transformation numérique est arrivée au cinquième rang des risques et possibilités cette année. Teck a mis en œuvre un programme de transformation numérique, RACE.
Quels ont été, selon toi, les facteurs clés du succès du programme RACE? Également, de quelle manière l’entreprise évoluera-t-elle au chapitre du numérique?
Jonathan Price : La transformation numérique a véritablement été une priorité pour Teck depuis de nombreuses années.
L’entreprise est le principal consommateur de données dans le nuage dans l’ouest du Canada, ce qui témoigne de l’évolution du secteur des mines en cette matière.
Nos équipements dans nos installations sont dotés de capteurs, et nous générons d’énormes volumes de données, que nous utilisons pour l’analytique avancée et l’apprentissage automatique dans le cadre de nos activités au quotidien dans ces installations.
Nous avons mis l’accent sur l’apprentissage automatique et l’automatisation pour améliorer la productivité, la sécurité et la durabilité.
La productivité sur le plan du transport par camions a augmenté de 10 %. Nous sommes en mesure de réduire les coûts de forage et ceux des carburants, et nous pouvons optimiser les matériaux qui sont acheminés aux usines de traitement.
Grâce à nos capteurs et à nos pelles, nous pouvons comprendre les matériaux avant qu’ils parviennent aux usines de traitement. Nous utilisons alors des algorithmes pour ajuster les conditions avant l’arrivée des matériaux de façon à maintenir le rendement et les taux de récupération au lieu de nous adapter aux matériaux lorsqu’ils arrivent à l’usine de traitement, comme nous faisions dans le passé.
C’est réellement avantageux d’utiliser des outils simples et des algorithmes, et de les incorporer dans le système opérationnel et dans nos activités au jour le jour. Il ne s’agit pas que d’améliorer les rendements et les taux de récupération, mais aussi d’accroître la stabilité et la prévisibilité opérationnelles. C’est ce qui compte pour nous.
La question est de savoir comment nous pouvons faire évoluer ces technologies pour mettre en œuvre la transformation.
Nous avons su apprendre à certains endroits et mettre à profit les leçons apprises ailleurs. Les leçons tirées de l’utilisation de véhicules autonomes à la mine Highland Valley Copper en Colombie-Britannique ont été appliquées au démarrage des activités à la mine QB2 au Chili, où nous avons été de l’avant en matière d’autonomie.
Nous avons l’intention de nous servir des algorithmes que nous utilisons pour ajuster les conditions de traitement à la mine Highland Valley Copper dans le cadre du projet QB2.
L’enjeu, c’est la rapidité avec laquelle nous pouvons prendre de l’expansion, copier les leçons apprises sur un site pour les appliquer ailleurs, et le plus rapidement possible.
Mais à la base de tout ça, il y a les défis et les possibilités d’affaires. Nous ne développons pas la technologie pour le plaisir de le faire, mais pour qu’elle profite à nos activités. Quels sont nos plus grands défis et nos principales possibilités? La technologie peut-elle être la solution et, dans l’affirmative, quels seront les outils qui nous aideront à relever les défis et à saisir les possibilités?
Nous continuerons d’investir dans la technologie et l’ensemble du secteur devra l’utiliser pour accroître la productivité. On en revient à la nécessité de produire plus de minerai tout en réduisant l’incidence de nos activités. Plus nous serons productifs, plus nous pourrons y parvenir.
Paul Mitchell : Le premier conseil qu’on m’a donné dans l’industrie est que toute entreprise qui ne se préoccupe pas des coûts et de la productivité devra fermer ses portes. Je me souviendrai toujours de ce message.
Une dernière question. La transaction visant les activités liées au charbon de Glencore a fait la une dans les journaux. Au Canada, c’est la transaction visant nos activités de métaux de base proposée par Vale qui retient l’attention actuellement. Nous avons élaboré des modèles d’affaires adaptés aux risques et possibilités pendant les dernières années, et nous avons été témoins de nombreux changements aux portefeuilles et d’ajustements sur le plan des catégories d’actifs que les investisseurs privilégient.
D’autres changements sont-ils apportés aux modèles d’affaires? Lesquels? Et quels seront les changements qui surviendront dans les prochaines années?
Jonathan Price : Je m’attends à de grands changements, à Teck, et dans d’autres entreprises, l’accent a été mis pendant de nombreuses années sur la diversification, ce qui avait du sens si l’on tient compte du taux de croissance de l’économie chinoise au début des années 2000.
La Chine avait toujours besoin de produits de base et il était possible d’investir pour produire davantage de métaux de base ou en vrac. Ultimement, nous étions assurés que la demande ne faiblirait pas avant longtemps. Aujourd’hui, c’est différent, les perspectives demeurent solides au chapitre de la demande de produits de base en vrac, comme le minerai de fer et le charbon sidérurgique, mais leur croissance devrait cesser.
Nous aurons encore besoin de ces minéraux pendant les décennies à venir. La demande d’acier de haut fourneau ne disparaîtra pas de sitôt. La demande d’acier de haut fourneau ne disparaîtra pas de sitôt. Par conséquent, la demande se stabilisera, mais ne devrait pas croître et nécessiter de nouveaux investissements.
Le modèle d’affaires continuera d’être axé sur la productivité de vos acquis, la maximisation des flux de trésorerie générés et la nécessité de générer un rendement du capital investi pour les investisseurs, de façon à leur rembourser les capitaux que nous ne pouvons plus investir dans la croissance et la création de nouvelles capacités.
D’un autre côté, dans le secteur des métaux, compte tenu des perspectives de la demande et des taux de déclin des mines existantes, il faut mettre l’accent sur la croissance. C’est un modèle d’affaires différent.
Nous continuerons de remettre des liquidités aux actionnaires, parce qu’il faut toujours réaliser l’équilibre entre le rendement pour les actionnaires et la croissance, mais une importante partie des flux de trésorerie générés sera utilisée pour stimuler la croissance de l’entreprise. Il existe toutes sortes d’entreprises, et gérer une entreprise de production bien établie axée par exemple sur la productivité et la réduction des coûts est très différent d’en gérer une qui est axée sur la croissance. Il existe également de plus en plus de types différents d’investisseurs pour ces entreprises. Il faut donc s’adapter à ce contexte.
Les joueurs du secteur des mines se plaignent constamment du fait que le secteur est sous-capitalisé par rapport aux autres secteurs, malgré son importance, en partie parce qu’il est difficile de comprendre ce secteur, notamment si vous détenez un portefeuille diversifié et que vous devez composer avec de nombreux produits de base et divers moteurs de la demande.
Il est donc nécessaire de simplifier les portefeuilles pour les concentrer sur un moins grand nombre de thèmes, comme l’électrification ou les minéraux critiques. Ainsi il sera beaucoup plus facile pour un investisseur généraliste de considérer s’il doit investir dans, par exemple, la décarbonation. Je crois que c’est l’électrification qui nous permettra de le faire. Les minéraux critiques qui y sont associés seront cruciaux. Je vais vous donner un aperçu des entreprises qui détiennent des portefeuilles axés sur ce thème qui pourront générer de la croissance. Je crois que c’est l’électrification qui nous permettra de le faire. Les minéraux critiques qui y sont associés seront cruciaux. Je vais vous donner un aperçu des entreprises qui détiennent des portefeuilles axés sur ce thème qui pourront générer de la croissance. Les minéraux critiques qui y sont associés seront cruciaux. Je vais vous donner un aperçu des entreprises qui détiennent des portefeuilles axés sur ce thème qui pourront générer de la croissance. Je vais vous donner un aperçu des entreprises qui détiennent des portefeuilles axés sur ce thème qui pourront générer de la croissance.
Bon nombre d’entre nous entrevoient la possibilité de le faire, et de se détourner des métaux de base ou des produits de base à forte intensité carbone pour se tourner vers ceux qui feront partie de la solution, du point de vue de l’électrification.
Il existe un certain nombre de moteurs qui sont intéressants sur le plan du modèle d’affaires, et il devrait y en avoir d’autres dans les années à venir.
Paul Mitchell : Jonathan, je sais que tu es occupé et je te remercie d’avoir pris le temps de nous parler. Ce fut un entretien très intéressant.
Je suis impatient de suivre l’évolution de Teck au cours des prochaines années et l’incidence que vous aurez sur le secteur canadien des mines.
Teck est un joueur important du secteur des mines canadien. Ce sera emballant de vous suivre.
Désires-tu ajouter quelque chose?
Jonathan Price : Ce fut un plaisir Paul. J’attends chaque année avec intérêt le rapport que vous préparez parce qu’il me permet de suivre l’évolution des risques et d’avoir un aperçu des points de vue des investisseurs et des participants du secteur. C’est toujours très intéressant.
Je crois que nous sommes prêts, chez Teck. Nous sommes très enthousiastes pour l’avenir. Comme tu l’as dit, nous avons été très occupés cette année. Nous avons hâte de nous concentrer sur la production de métaux de base et de cuivre et sur la possibilité de continuer de fournir les matériaux dont le monde aura besoin, et ce, de manière de plus en plus responsable.
Nous sommes en bonne position pour le faire, et l’avenir est prometteur pour Teck et l’ensemble du secteur.
Paul Mitchell: Merci Jonathan.
Jonathan Price : Merci Paul.