Depuis plus d’un an, la taxonomie européenne et l’entrée en vigueur de la CSRD imposent une transformation profonde en matière de durabilité, à la fois du point de vue du reporting mais aussi de la gouvernance. Nous vous présentons les principales étapes qui jalonnent les trois prochaines années.
Publiées en janvier 2021, les recommandations de l’Agence française anticorruption (AFA) ont été suivies en novembre dernier d’un guide sur les procédures de contrôles comptables requises par la loi Sapin 2. En dépit de cet effort de clarification, ces contrôles comptables restent un défi pour les entreprises. Nous vous préciserons les points d’attention à retenir lors de la mise en place des procédures de contrôles comptables, les bonnes pratiques à mettre en place et les écueils à éviter.
1. Les attentes de l’AFA :
L’article 17 de la loi Sapin 2 requiert « des procédures de contrôles comptables, internes ou externes, destinées à s’assurer que les livres, registres et comptes ne sont pas utilisés pour masquer des faits de corruption ou de trafic d’influence ». A cet égard, les recommandations de l’AFA différencient 2 grandes catégories de contrôles comptables à déployer pour mieux maitriser ces risques :
- Les contrôles sur les habilitations et éléments généraux,
- Les contrôles spécifiques sur les opérations à risques identifiées dans la cartographie des risques de corruption et de trafic d’influence.
Si la première catégorie de contrôles existait déjà avant la loi Sapin 2, la deuxième catégorie, spécifique à l’anti-corruption, nécessite une analyse fine des risques et scénarios issus de la cartographie des risques de corruption pour identifier les contrôles comptables pertinents, existants, à adapter ou à créer. Pour chaque contrôle, l’AFA définit 3 niveaux :
- Le contrôle de 1er niveau (préventif) couvre les contrôles réalisés en amont de l’enregistrement ou du paiement d’une transaction,
- Le contrôle de 2ème niveau (détectif) est réalisé a posteriori par échantillonnage ou analyse de données afin de s’assurer de la bonne exécution des contrôles de niveau 1,
- Le contrôle de troisième niveau (audit) permet de s’assurer de l’efficacité et de la qualité des contrôles de niveau 1 et 2.
2. Les points d’attention lors de la mise en place des procédures de contrôles comptables :
Si de nombreuses entreprises ont réalisé leur cartographie des risques de corruption et renforcé leur dispositif de contrôle, elles n’atteignent souvent pas le niveau d’exigence de l’AFA en matière de procédure de contrôles comptables. En témoignent de nombreux manquements sur cette mesure lors des contrôles de l’AFA.
Certains proviennent de l’absence d’articulation explicite entre les contrôles comptables mis en place et les risques et scenarios identifiés dans la cartographie des risques de corruption. Or, si le dispositif de contrôle interne de l’entreprise participe à la couverture des risques généraux, il est requis d’effectuer une analyse fine des risques et scénarios spécifiques à la corruption afin de définir et de mettre en place les contrôles comptables anticorruption adaptés à chaque mécanisme de corruption et à chacun des processus auxquels ils sont rattachés.
D’autres manquements proviennent de l’absence ou de l’insuffisance de contrôles comptables de 2e niveau, ceux de 1er niveau étant déjà souvent en place.
Enfin, l’AFA note également que le déploiement des contrôles comptables au bornes du Groupe (dans toutes les entités) n’est souvent pas assuré.
3. Les bonnes pratiques observées et les écueils à éviter :
Pour démontrer l’articulation entre les risques et les contrôles, certaines entreprises ont choisi de décrire leur dispositif dans un guide / procédure de contrôles comptables présentant les contrôles comptables et leurs modalités d’exécution : responsables de leur réalisation, fréquence, échantillon, formalisation, archivage etc.
Par ailleurs, dans un souci d’optimisation des ressources, certaines entreprises choisissent d’automatiser les contrôles comptables, en créant par exemple des contrôles bloquant pour le 1er niveau et, pour le 2ème niveau, en utilisant l’analyse de données. Si le bénéfice d’une automatisation des contrôles, notamment de 2e niveau, est évident, une démarche d’analyse préalable fine, risque par risque, pour déterminer les contrôles automatisés réellement pertinents est nécessaire. A titre d’illustration, une batterie de tests non spécifiques portant uniquement sur un FEC ne répondra pas nécessairement aux attentes de l’AFA en matière de 2ème niveau, d’autant que la donnée contenue dans le FEC pourrait ne pas être suffisamment fine pour permettre une analyse pertinente au regard du risque de corruption.
Ce qu’il faut retenir
L’Agence française anticorruption (AFA) a publié en janvier 2021 ses nouvelles recommandations, suivies en novembre d’un guide sur les procédures de contrôles comptables requises par la loi Sapin2. Si ces documents clarifient les attentes de l’AFA, la mise en place de ces contrôles comptables reste un défi pour l’entreprise. Au-delà de l’implication de l’instance dirigeante, la supervision du comité d’audit est indispensable pour s’assurer la pertinence de la démarche. Tour d’horizon des bonnes pratiques et des écueils à éviter, dans un contexte de poursuite des contrôles par l’AFA.