Une vue des bâtiments en verre avec des arbres verts.

Que veut dire faire du vivant une priorité pour les entreprises en 2023 ?



En résumé :

  • Un pas en avant réalisé avec la COP15 biodiversité
  • Des entreprises engagées, mais toujours à l’orée du chemin
  • D’importantes disparités sectorielles
  • Voir l’opportunité : un défi qui reste encore à relever

Chaque année les entreprises publient des informations sur leurs impacts environnementaux et sociaux et, plus globalement, sur leur responsabilité sociétale. Depuis quelques années, certaines ont commencé à publier sur la biodiversité, un sujet qui était généralement peu couvert auparavant, notamment parce que majoritairement géré au niveau local. Pour suivre ces évolutions, et dans sa qualité de membre de la TNFD¹, EY a publié un baromètre évaluant l’alignement des 120 plus grandes entreprises françaises² avec les dernières recommandations de la TNFD, une taskforce internationale travaillant sur le reporting des informations liées à la biodiversité. Si les résultats sont encore timides, les entreprises montrent leur volonté de muscler leur jeu pour lutter contre la « sixième extinction de masse ».

Un pas en avant réalisé avec la COP15 biodiversité

En amont de la 15ème Conférence des nations unies sur la diversité biologique (COP15) qui s’est réunie à Montréal en décembre 2022, une coalition de plus de 330 entreprises regroupées sous la bannière « Business for Nature »³ plaidaient pour que les entreprises soient contraintes d’évaluer et de déclarer l’impact de leurs activités sur la biodiversité.

Forte de cette énergie, la COP15 avait pu définir un cap et des objectifs formalisés à travers le Global Biodiversity Framework (GBF). Il définit 4 objectifs pour 2050 et 23 cibles pour 2030, dont certaines spécifiques aux entreprises : une première pour ce type d’accord international.

Des entreprises engagées, mais toujours à l’orée du chemin

La seconde édition de notre baromètre montre que les entreprises françaises progressent sur la qualité des informations relatives à la biodiversité qu’elles publient.

  • La gouvernance de ces enjeux est désormais mieux pilotée avec une surveillance des risques, opportunités, impacts et dépendances liés à la nature parfois directement opérée par le conseil d’administration.
  • La biodiversité devient un élément clé de la stratégie d’entreprise : des engagements de protection du vivant sont intégrés au sein de la raison d’être, l’offre évolue pour présenter un impact réduit ou positif sur la nature (via par exemple la restauration d’écosystèmes).
  • Les impacts et risques liés à la nature sont mieux gérés : certaines recourent à des outils dédiés, établissent des partenariats avec des associations de protection de l’environnement, mettent en œuvre un comité de parties prenantes dédié, etc.
  • Enfin, un nombre croissant d’entreprises publient des indicateurs reconnus (« mean species abundance », par exemple), en y associant des objectifs de performance validés scientifiquement.

Le nombre d’entreprises publiant de l’information sur la biodiversité est ainsi passé de 2/3 à 85 % en un an. Malgré ces efforts, l’étendue et la précision de l’information partagée doit s’améliorer. En moyenne, les entreprises françaises n’ont ainsi couvert entièrement que 12 % des recommandations de la TNFD. Si ce constat était attendu étant donné que la TNFD s’est structurée au cours des derniers mois et vient d’être lancée officiellement le 18 septembre, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir.

D’importantes disparités sectorielles

Parmi les secteurs les plus avancés figurent l’agroalimentaire, le secteur de la construction et des infrastructures, ainsi que celui des biens de consommation, en particulier le luxe. Cela s’explique :

  • soit par une forte dépendance à la fourniture de biomasse (produits agroalimentaires, bois, fibres textiles…) et autres services écosystémiques, ce qui a conduit ces activités économiques à travailler en faveur de la résilience de leur activité économique,
  • soit par leur fort impact local (artificialisation, fragmentation des habitats…), ayant très tôt conduit ces entreprises à mener des analyses et mesures en faveur de la biodiversité.

Voir l’opportunité : un défi qui reste encore à relever

Si les entreprises se sont lancées pour mieux mesurer leur exposition aux risques, impacts et dépendances liées à la biodiversité, rares sont celles qui identifient les opportunités que cette transition peut représenter, en particulier pour créer un avantage compétitif. Pourtant, rendre son modèle d’affaire plus respectueux des écosystèmes (par exemple, en limitant l’extraction de ressources dans les milieux naturels) doit permettre de rendre l’entreprise plus attractive pour des investisseurs et clients soucieux de leur propre impact. Travailler en faveur de la réduction de l’impact sur la biodiversité passe par une réduction des consommations de ressources (eau, biomasse…) et des déchets, soit une activité plus circulaire et plus efficiente. La nature est également génératrice de services gratuits – à partir du moment où l’habitat est maintenu dans son état – pour les entreprises : prévention des inondations, stabilisation des sols, filtration des eaux… permettant d’économiser de lourds investissements en équipements et infrastructures.

A l’heure où la 6e limite planétaire vient d’être franchie et où plus de la moitié de la création de valeur dans le monde dépend de près ou de loin de la nature, la biodiversité doit devenir une priorité pour les entreprises. Plus que jamais, le vivant est une opportunité pour placer ces enjeux au cœur des modèles d’affaires et porter une stratégie ambitieuse de transformation durable.

Bien que les progrès soient encore limités au regard des enjeux, ils sont amorcés comme en témoigne la mobilisation des entreprises lors de la COP 15. Rome ne s’est pas construite en un jour. Le futur des entreprises se construit sous nos yeux, sachons le saluer et l’accompagner.

Ce qu'il faut retenir

Les entreprises du SB120 ont amorcé la revue de leur impact sur la biodiversité. Un nombre croissant publient des indicateurs reconnus, même s’il reste encore du chemin à parcourir.

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