Visuel baromètre attractivité de la France 2023 #1

Baromètre de l’Attractivité de la France 2023

La France devant, malgré tout

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Depuis plus de 20 ans, EY observe les flux et les mécanismes d’implantations internationales afin d’accompagner ses clients dans leurs projets de localisation et contribuer à l’élaboration des réformes qui encouragent l’investissement international. Voici un résumé du premier épisode du Baromètre 2023 de l’Attractivité de la France.

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Sortie de crise hésitante, guerre aux portes de l’Europe, crise énergétique, dissensions au sein de l’Union européenne, colères sociales, tensions inflationnistes… les chocs de tous types et de toute ampleur ont beau se multiplier, le Vieux continent résiste. Certes. Toutefois, sa capacité à attirer les investissements directs étrangers (IDE) a été durement affectée en 2022.

En effet, selon le Baromètre EY 2023, le nombre total d’implantations et extensions internationales recensées dans 44 pays européens n’a augmenté que de 1% l’année dernière. Plus grave, l’emploi porté par ces entreprises a chuté de 16%.

L’Europe ne sort donc pas indemne d’une période qui a fauché la reprise post-Covid, tandis que les Etats-Unis et la Chine la renvoient à sa fragilité politique et son incapacité à soutenir rapidement, efficacement son économie et ses entreprises.

Nombre de projets et d'emplois annoncés par les investisseurs étrangers en Europe entre 2010 et 2022

Bonne nouvelle, la France parvient à se détacher du lot

Pour la quatrième année consécutive, l’Hexagone arrive en tête du classement européen des destinations d’accueil des IDE. En 2022, 1259 nouveaux projets ont été recensés, nombre en hausse de 3% par rapport à 2021.

Ce record historique est loin d’être anecdotique au regard du poids des entreprises à capitaux étrangers dans l’économie française puisqu’elles sont 16 800 (soit 1% du total), emploient 2,2 millions de personnes (13% de l’emploi salarié) et contribuent à environ 20% du PIB, 25% de la R&D privée et 35% des exportations industrielles.

Principaux pays d'accueil des investissements étrangers annoncés en Europe en 2022

Au-delà du plaisir statistique, nombreux sont les motifs de satisfaction que les résultats de ce baromètre, tant quantitatifs que qualitatifs, inspirent.

  • La France creuse l’écart avec ses deux concurrents historiques que sont le Royaume-Uni (929, -6%) et l’Allemagne (832 projets, -1%).
  • Dans le secteur manufacturier, avec 547 projets, la France reste la première destination pour les implantations et extensions d’usines, très loin devant ses deux poursuivants que sont la Turquie (256 projets) et le Royaume-Uni (175 projets).
  • Portée par une politique d’innovation incitative que symbolise le crédit impôt recherche (CIR), la France reste la principale terre d’accueil des investissements de R&D (144 en 2022, +8% sur un an). Derrière elle figurent le Royaume-Uni (127 projets, +14%), l’Allemagne (52, -31%) et le Portugal (39, -7%), qui a su se transformer ces dernières années en véritable eldorado pour les activités tertiaires. Désormais bien ancrée, l’image de cette France innovante est appréciée par les 204 investisseurs étrangers que nous avons interrogés en mars : 65% d’entre eux la jugent plus attractive que les autres pays européens dans ce domaine.
  • Tous nos territoires profitent de ce momentum : près d’un projet sur deux concerne des zones rurales ou des agglomérations moyennes de moins de 200 000 habitants et l’Ile-de-France prend la tête du classement des régions européennes les plus attractives devant le Grand Londres, et ce pour la première fois de l’histoire du Baromètre EY.
  • La volonté d’investir en France reste solide, même si ce désir s’atténue. En 2022, 61% des dirigeants internationaux interrogés envisageaient de s’implanter en France en 2023, soit 5 points de plus que dans notre Baromètre 2022, qui marquait néanmoins une progression de 12 points avec l’exercice 2021.
  • La France est recherchée pour le vaste choix de compétences mondiales qu’elle propose : 49% des IDE se concentrent dans cinq domaines (services aux entreprises, logiciels et SI, automobile, aéronautique, équipements industriels et agro-alimentaire).
  • Les dirigeants internationaux estiment que la disponibilité d’une énergie décarbonée est notre principal atout industriel - bien que le parc nucléaire français ne fonctionne qu’à 54% de ses capacités - devant la disponibilité d’une main d’œuvre qualifiée ou la qualité de vie.

Quels sont les motifs de ce tableau à la fois connu et surprenant dans un contexte économique et social instable ? Simplement dit, ce résultat est le fruit des vagues successives de réformes qui se sont enchainées depuis 2007. Alors en difficulté face à ses concurrents, notre pays a opéré une véritable remontada tandis que le Royaume-Uni subissait les conséquences concrètes du Brexit et que l’Allemagne connaissait d’importantes difficultés (pénurie de talents, renouvellement de son mix énergétique, ou encore essoufflement du commerce mondial) pour attirer les capitaux étrangers à la hauteur de son rang de première économie européenne.

Rester vigilant et résorber les handicaps de la France

Cette première place, convoitée et importante pour attirer les investissements futurs, est loin d’être acquise. Si la France a su conduire des transformations qui ont touché juste, il lui reste encore du chemin à parcourir pour moderniser et adapter ses environnements industriels, éducatifs, fiscaux, réglementaires et juridiques aux nouvelles réalités du monde. Des réalités qui, parce qu’elles sont mouvantes, invitent à toujours plus de souplesse et de réactivité de la part de l’exécutif et des forces vives de la nation.

Relevés par le Baromètre EY de l’attractivité, les axes d’amélioration restent encore trop nombreux pour que la performance de l’attractivité française ne soit pas relativisée.

  • Les projets sont pour 65% d’entre eux des extensions. En réussissant, à l’inverse, à accueillir deux tiers de nouveaux projets, l’Allemagne et le Royaume-Uni renouvellent davantage leur tissu économique avec de nouveaux entrants venus en particulier des Etats-Unis ou d’Asie.
  • A cause d’une structure de coût élevée et d’un climat social jugé volatile, un projet d'investissement ne crée en moyenne que 33 emplois en France, quand il en génère 58 en Allemagne et 59 au Royaume-Uni. De fait, le coût du travail reste élevé en comparaison avec nos principaux concurrents européens : 41,8€/heure en France dans l’industrie et les services marchands, contre 39,8€ en Allemagne et 34,2€ dans le reste de la zone euro. Ainsi, les nombreuses réformes entreprises ces dernières années – impôt sur les sociétés et fiscalité sur la production, allègement des charges sociales sur les bas salaires, réformes du droit du travail – sont loin d’être suffisantes pour convaincre de recruter davantage.
  • Sur les centres de décision, la France (78 projets) fait toujours moins bien que son concurrent britannique (133), bien que ce dernier soit fragilisé par le Brexit, en particulier pour des raisons fiscales. La situation apparaît d’autant plus critique qu’à peine 10% des dirigeants étrangers que nous avons interrogés prévoient d’implanter ou d’étendre leurs quartiers généraux en France au cours des trois prochaines années.
  • Trop de secteurs souffrent de pénurie de foncier et de lourdeurs administratives, en dépit des nombreux « chocs de simplification ». C’est particulièrement le cas de la logistique qui a vu les projets d’investissements internationaux s’effondrer de 21% entre 2021 et 2022. Jugé trop long, le délai d’implantation en France que documente le rapport Guillot publié en mars 2022 est une explication probable à cette panne, bien que le e-commerce progresse et que les entrepôts restent de très forts créateurs d’emplois dans des bassins qui en ont besoin.
Le match France / Royaume-Uni
  • Le spectre de « délocalisations énergétiques » n’est pas à exclure si la France et l’Europe ne parviennent pas à trouver la parade au choc consécutif à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Certes, les investisseurs étrangers sont encore relativement peu nombreux (17%) à avoir déplacé leurs sites de production hors de l’Europe, mais la concurrence des Etats-Unis, boostée par l’Inflation Reduction Act, est désormais puissante. Les prochains mois seront décisifs et l’évolution des prix de l’énergie scrutée à la loupe dans les états-majors.
  • Au regard de la situation des finances publiques – la dette s’élevait à 111,6% du PIB fin 2022 contre 64,5% en 2007 - et du degré d’acceptation sociale des réformes, les marges de manœuvre budgétaires et politiques paraissent actuellement minces. Dans ce contexte, les perspectives d’amélioration de l’attractivité se dégradent. Alors qu’ils étaient 74% en 2021 et 63% en 2022 à estimer que la situation ne pouvait que s’améliorer, ils ne sont plus que 53% début 2023.
Part des dirigeants envisageant de s'implanter ou de développer leurs activités en France au cours de l'année 2023

Doit-on s’attendre à des lendemains qui chantent ou déchantent ?

Voyons le verre à moitié plein. En dépit de ses faiblesses, dont quelques-unes sont persistantes, plusieurs éléments de notre enquête invitent à l’optimisme. Engagée comme ses concurrents dans une course contre la montre pour prendre le leadership européen dans les secteurs d’avenir (industrie décarbonée, énergie, santé, innovation…), la France parvient à persuader des centaines d’entreprises et entrepreneurs du monde entier de miser sur elle pour dessiner le monde de demain. Selon notre enquête, un certain nombre de projets recensés en 2022 épousent progressivement les impératifs de transformation de notre économie, en particulier dans la décarbonation des activités.

C’est le cas dans l’industrie automobile et aéronautique. Alors qu’en 2018, 12% des projets manufacturiers dans le secteur automobile se concentraient dans la production de véhicules électriques et hybrides, cette part avoisine les 30% en 2022. La mobilité décarbonée ne se dessine pas qu’en Californie ou en Chine !

Dans l’industrie, le nombre de projets à impact environnemental n’a cessé d’augmenter ces cinq dernières années. Ce mouvement n’en est qu’à ses débuts puisque les dirigeants étrangers que nous avons interrogés prévoient de dédier une part significative de leurs futurs investissements à la réduction de leurs émissions de CO2.

Dans le secteur de la santé, l’étude des projets recensés en 2022 indique que le mouvement de rapatriement de capacités de production délocalisées vers l’Europe touche aussi la France. Alors que près de 80% de nos médicaments sont produits en Asie, principalement en Chine et en Inde, de nombreux investissements ont été réalisés en 2022 afin d’augmenter les capacités de production des usines tricolores.

Enfin, dans l’électronique et plus particulièrement dans le secteur ô combien stratégique des semi-conducteurs, la France bénéficie de la dynamique actuelle d’investissement en Europe qui doit permettre de limiter sa dépendance vis-à-vis des pays asiatiques, Chine et Taïwan en tête. Si avant le conflit en Ukraine, le deuxième fabricant mondial de semi-conducteurs avait choisi l’Allemagne pour implanter une grande partie de sa future méga-usine de puces en Europe, la France fut choisie pour héberger son futur centre de R&D européen. Autre bonne nouvelle, la France aura bientôt sa méga-usine, à Crolles, près de Grenoble. En effet, deux industriels franco-italien et américain prévoient d’y investir 6 milliards d’euros pour construire une nouvelle usine dédiée à la production de semi-conducteurs.

Quelles promesses fait la France aux investisseurs et saura-t-elle les tenir ?

Vous en saurez plus le 20 juin en parcourant le second épisode du Baromètre EY de l’attractivité. Ce prochain opus sera dédié aux projets de long terme, à la manière dont le pays s’inscrit dans les grandes tendances actuellement à l’œuvre, notamment sectorielles et territoriales, à l’impact de la crise énergétique sur son industrie, aux chantiers et aux réformes considérés comme prioritaires. Formulées par les experts, vous y trouverez aussi une série de pistes pouvant permettre à la France de poursuivre les transformations nécessaires sans lesquelles elle ne pourra, et l’Europe avec elle, continuer à jouer les premiers rôles sur l’échiquier mondial.

Pour échanger plus en détail :


Ce qu'il faut retenir

Pour la 4ᵉᵐᵉ année consécutive, la France est en tête du classement européen avec 1259 projets d’investissements étrangers annoncés en 2022 (+3%).

Si le baromètre 2023 est teinté de notes positives, l’attractivité de la France reste malgré tout challengée par un climat économique et social troublé qui souligne les failles sérieuses de la France face à ses concurrents.

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