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La HealthTech française fait fi de la morosité ambiante

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Après deux années record, l’année 2022 est bien plus contrastée. Le secteur de la santé s’est davantage tourné vers les financements privés et le M&A.


En résumé :

  • Les financements sont à un niveau historiquement bas sur 2022
  • Le financement par le capital-risque a été le mode de financement privilégié par les sociétés en 2022
  • La baisse des marchés n’a pas été propice aux introductions en Bourse
  • Les sociétés françaises de la healthtech tirent leur épingle du jeu malgré un environnement compliqué

2022 : les marchés ont pris froid

En 2022, le secteur de la santé a privilégié les financements privés et les opérations de fusions-acquisitions. C’est une baisse de 47% en valeur qui a été enregistrée par rapport à 2021 sur les financements dans ce secteur. Les investisseurs ont fait le choix de se recentrer sur des sociétés au modèle économique éprouvé en termes de profitabilité, et se sont détournés des valeurs technologiques.

Sur les marchés financiers, les incertitudes ambiantes, les conditions de marchés défavorables et le manque de nouvelles positives ont fait chuter les cours. Les montants levés se sont effondrés. En Europe, les montants levés via des tours privés sont d’ailleurs supérieurs aux montants levés via des introductions en Bourse. Ainsi, 12 IPO ont été réalisées en Europe pour un montant total de 0,3Md€. Aux Etats-Unis, les montants des IPO de 2022 sont également modestes et leur nombre reste très faible. Avec 18 opérations enregistrées, ce sont seulement 1,4Md€ de levés soit une chute de 91% en valeur par rapport à 2021.

A contrario, les financements privés ont été privilégiés en 2022. Nous retrouvons d’ailleurs un montant comparable à celui de 2020. Pour le secteur des biotechnologies, le capital-risque a concerné autant de levées late stage que des sociétés en phase précoce de financement. En revanche, pour le secteur des dispositifs médicaux et de la santé digitale, le capital-risque a financé uniquement des sociétés en phase avancée de développement.

L’Europe, une résilience contrastée selon les pays

Avec 9,3Md€ de levés, tous types de financements confondus, c’est une baisse de 58% qui est observée par rapport à 2021, année considérée comme hors norme. Cependant, les situations ne sont pas les mêmes selon les pays. Le Royaume-Uni, leader historique, affiche un repli de 70% pour un montant total levé de 2,5Md€ et cède sa place de leader à la France. En effet, avec 2,6Md€ de fonds levés, la France est désormais le leader du financement de la healthTech en Europe grâce au dynamisme du capital-risque mais aussi parce que la majorité des IPO se sont réalisées sous la bannière tricolore. A l’inverse, l’Allemagne et la Suisse présentent des profils très différents car leurs opérations ont été plus concentrées et de plus grosses tailles, sans aucune IPO.

Le capital-risque en Europe présente également des disparités selon les pays. Avec un montant global de 6,3Md€, le ticket moyen est devenu plus faible. En 2022, seules 3 opérations ont enregistré des montants supérieurs à 100M€. Les sociétés de biotechnologies dominent les principaux tours privés. Cependant, il est à noter que la France a augmenté le ticket moyen des levées grâce à la santé digitale tirées par les opérations de capital-risque sur Doctolib et Padoa.

Pour les introductions en Bourse, l’Europe s’est mise en veille. Les projets d’IPO ont été reportés, les investisseurs privilégiant la prudence face à l’atonie des marchés. Le nombre d’IPO a connu une baisse significative de ces opérations mais aussi de leur taille partout en Europe, à l'exception noable de la France où les montants levés sont en croissance. Ainsi, la principale IPO européenne est une SPAC française, qui a atteint les 150M€. La France occupe la première marche du podium européen en matière d’IPO suivie par le Royaume-Uni et la Suède.

La healthtech française se démarque

En France, Le secteur de la healthtech se démarque par son dynamisme. Le niveau de financement de ce secteur a surpassé celui de 2021 de 14% avec 2,6Md€ de levés. Les montants levés sont plus importants alors que le nombre d’opérations s’est resserré. Le financement par le capital-risque tire cette croissance. Par ailleurs, la capitalisation boursière des healthtech tricolores chute de 45% en 2022 par rapport à 2021, passant de 10,9Md€ à 6,05Md€.

Le capital-risque du secteur de la santé en France ne connaît pas la morosité puisque le dynamisme de 2021 s’est maintenu voire a même progressé de 14% en 2022. La France enregistre 1,8Md€ de levés via le capital-risque. Parmi ces levées, 16 opérations ont eu un ticket supérieur à 30M€. Cette belle performance est portée par le financement de sociétés de la e-santé. Il est à noter que les biotechnologies et les medtech ne sont pas en reste puisqu’elles ont également réalisé de beaux tours privés.

Les introductions en Bourse de sociétés françaises de la healthtech ont comptabilisé 198M€ de levés pour 6 IPO de sociétés et 2 IPO de sociétés de financement de la santé. En 2022, les fonds levés par des introductions en Bourse restent tout de même moins significatifs que par le capital-risque. Les investisseurs portent leur intérêt sur deux activités au cœur du développement de la healthTech moderne : le bio-manufacturing et la Contract Development and Manufacturing Organization (CDMO).

En 2022, le refinancement sur les marchés pour les sociétés françaises a connu une légère baisse en nombre d’opérations (22 contre 29 en 2021) alors que les montants levés ont été plus conséquents (+14%). Le format des refinancements a évolué avec des opérations significatives et plus rapides. Le recours à la dette s’est maintenu mais avec une typologie de financement qui a évolué (BEI vs PGE).

Ce qu'il faut retenir

Après des années 2020 et 2021 exceptionnelles en termes de financement, l’année 2022 est bien plus contrastée, avec des points bas qui n’avaient pas été atteints depuis longtemps sur l’ensemble des zones géographiques.  Marqué par de profonds changements macro-économiques, les marchés boursiers ont été marqués par des volatilités importantes et par une défiance globale des investisseurs. Des investisseurs qui ont fait le choix de se recentrer sur des sociétés au modèle économique éprouvé en termes de profitabilité, délaissant les valeurs technologiques. Le secteur de la santé s’est davantage tourné cette année vers les financements privés et le M&A.

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