particulièrement. On se remet aussi beaucoup en question à tout point de vue. J’ai donc cherché une formation me permettant de faire ce métier, tout en me permettant d’acquérir des connaissances un peu plus larges. N’ayant pas envie d’intégrer une prépa ou une école de commerce, j’ai fait un IUT GEA puis une MSTCF (maîtrise comptabilité/finance). Par la suite, j’ai suivi un DESS en gestion des risques financiers où l’un de mes professeurs était un ancien EY. Il m’a donné envie de découvrir la structure. Ayant fait un premier stage dans le secteur bancaire, on m’a proposé d’intégrer le cabinet côté FSO. Mon DESS qui était assez novateur à l’époque et proposait une expertise nouvelle m’a aidée.
J’ai fait des missions dans les secteurs banques et assurances lors de mes premières années, puis je me suis spécialisée en assurances en passant Senior.
Moins de quatre ans plus tard tu es passée dans les équipes VBM (Valuation Business Modelling) en tant que Senior Manager. Qu’est ce qui a motivé ce transfert ?
Je souhaitais rester chez EY car je m’y sentais bien, mais j’avais envie de faire autre chose que de l’audit. Lors d’une formation portant sur des évolutions comptables, notamment IFRS3 (regroupement d’entreprises), j’ai rencontré une personne de l’équipe Évaluation (Valuation Business Modelling) qui m’a parlé du département et de ses missions. J’ai aimé l’aspect à la fois très technique de ce métier dans lequel on fait parler les chiffres et la dimension conseil. J’ai alors fait ma demande de transfert et l’associé en charge du département m’a fait confiance. Je me suis formée sur la dimension technique, le reste, tel qu’appréhender le marché, les partenaires, et le contexte lié à la transaction, je l’ai appris lors de mes missions. C’est pendant cette période que j’ai finalisé mon diplôme d’expertise comptable.
Ces sept années ont été assez intenses puisqu’au-delà des missions et de mon diplôme, j’ai eu trois enfants !
En 2013, tu as rejoint le département FAAS (Conseil en finance) dans lequel tu es restée quatre ans.
Oui, la dimension comptable me manquait, je voulais davantage mettre en application mes compétences comptables. C’est ce qui m’a poussé à intégrer le département FAAS où j’ai d’ailleurs eu la chance de travailler sur plusieurs missions longues très intéressantes relatives à la cession puis à l’intégration des activités énergies d’un grand groupe industriel.
Pourquoi as-tu quitté EY en 2018 ?
En rejoignant le département FAAS, j’ai recommencé à faire de l’audit, cela faisait à l’époque partie du package. L’équilibre 50% d’audit et 50% de conseil avec d’autres clients ne me correspondait plus. Je préférais faire plutôt que d’être dans la revue. Par ailleurs, la forte dimension commerciale qui prévalait en tant que Senior Manager ne me correspondait pas complètement. J’avais également besoin de plus d’équilibre entre ma vie personnelle et ma vie privée.
Que retiens-tu de ton parcours chez EY et as-tu un souvenir en particulier que tu voudrais partager ?
Je retiens surtout de belles rencontres, les personnes avec lesquelles j’ai eu l’occasion de travailler ou d’échanger. Quant au souvenir qui m’a le plus marquée, il s’agit du séminaire du passage senior à Biarritz car c’est là que ma vie personnelle a profondément été bouleversée, pour le meilleur !
Tu as alors rejoint l'Agence des Participations de l'État (APE) au sein du Pôle Audit et Comptabilité. Quelles étaient tes responsabilités ?
L’APE incarne l’Etat-actionnaire et pilote les participations de l’Etat dans un certain nombre d’entreprises (85 au total, dont EDF, Thales, Air France, La Française des Jeux..) du point de vue de l’actionnaire. Les personnes de l’APE qui les pilotent sont rattachées à Bercy mais n’ont pas de compétences en comptabilité privée. Mon rôle consistait donc, dans le cadre de la gouvernance, à les accompagner dans la préparation des comités d’audit et des risques, ou plus généralement à les assister dans les opérations en capital. Mes compétences en évaluation m’ont ainsi été très précieuses, notamment lors de la préparation d’introductions en Bourse comme celle de FDJ. Le pôle Audit et Comptabilité a également en charge la préparation des Comptes combinés de l’Etat
Lors de cette période si particulière j’ai eu envie de me former à la psychologie qui est un domaine qui m’attirait depuis longtemps. J’ai donc commencé une formation et depuis obtenu une licence.
Tu as également eu plusieurs mandats d’administratrice. En quoi cela consiste-t-il ? Qu’est-ce que cela t’apporte ?
Etant en charge de la gouvernance des participations, les collaborateurs de l’APE se voient également chargés de mandat d’administrateur pour représenter l’Etat au sein des conseils. C’est dans ce contexte que l’on m’a confié plusieurs mandats d’administratrice. J’ai ainsi été nommée administratrice du grand port maritime de Rouen jusqu’à sa fusion dans Haropa, puis de l’aéroport de Bordeaux en plein Covid, et enfin j’ai été nommée représentante de l’État au conseil de surveillance de La Banque Postale. Pour ce dernier poste, même si l’égalité recherché dans les conseils des entreprises publiques a pu être un critère, j’ai été nommée pour mes compétences financières et ma connaissance du secteur banques/assurances. C’était un mandat conséquent où le représentant de l’Etat participe à tous les comités du Conseil. Il demande donc une connaissance du monde de la banque et de l’assurance dans toutes ses dimensions, bien au-delà des connaissances sectorielles et comptables (stratégie, finance, risques, RH…).
Depuis huit mois tu as rejoint le Groupe CDC dans le département Pilotage financier et gouvernance et affaires générales au sein de la direction de la Gestion des participations stratégiques. Quelle est ta feuille de route ?
A l’APE, j’étais contractuelle. J’avais un mandat de trois ans, renouvelable une fois trois ans, et cela faisait déjà cinq ans que j’étais en poste. Aussi, lorsque la CDC a créé un pôle transverse au sein de la direction des participations stratégiques afin d’améliorer le pilotage financier et extra-financier et d’apporter les meilleures pratiques en matière de gouvernance, je n’ai pas hésité très longtemps. Le changement s’est fait assez naturellement, et ce d’autant plus que j’y retrouvais d’anciennes connaissances. Ma feuille de route est assez simple : conjuguer optimisation des résultats et intérêt général d’une part, et d’autre part, gérer le quotidien des collaborateurs de l’équipe.
Arrives-tu à conserver un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle ?
Cet équilibre est comme un château de cartes, mais reste essentiel. Je m’y emploie au mieux, mais je ne sais pas faire les choses à moitié et comme j’aime mon métier … je m’appuie sur ma forte capacité de travail.
Nous sommes en mai, le mois de la Global Alumni Connect Week qui encourage les Alumni à se reconnecter. Es-tu en contact avec des anciens collègues ou amis d’EY ? Que représente le réseau Alumni d’EY pour toi ?
C’est une ancienne associée d’EY qui a m’a parlé des perspectives à l’APE lorsque je pensais à partir d’EY. Elle m’a fait rencontrer des personnes à l’APE, puis à la CDC. Je dirais donc que le réseau m’a beaucoup apporté. Aujourd’hui, Je travaille avec beaucoup d’anciens collaborateurs d’EY au quotidien. Cela facilite beaucoup les relations. Quant à mes amis, ayant passé plus de 15 ans chez EY, j’en ai un certain nombre qui sont effectivement d’anciens collègues.
Quel conseil donnerais-tu aux jeunes consultant(e)s ?
Ne pas s’autocensurer ! Il faut vraiment dire ce que l’on a envie de faire, le changement ne peut venir que de nous. J’ai aussi eu la chance de rencontrer des personnes qui ont pris le risque de me faire confiance lors de mes changements de département, ce qui n’était pas forcément évident au premier abord mais surtout, j’ai osé demander. Je me suis toujours dit qu’au pire on me dirait non !
De quoi es-tu la plus fière ?
En toute humilité, je suis fière de mon parcours professionnel. J’ai toujours été maîtresse de mes choix et eu la chance de rencontrer des personnes qui m’ont fait confiance. J’ai réussi à faire ce qui me plaisait et à évoluer lorsque cela me plaisait moins.