Maribeth Gainard : Trois étapes clés : sensibilisation, formation et parrainage

Maribeth Gainard : Trois étapes clés : sensibilisation, formation et parrainage

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En dehors de la compétence technique, j’ai développé chez EY une forte appréciation de l’importance de l’écoute du client et aussi de l’équipe.

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Pouvez-vous revenir sur vos années chez EY ?

J’ai postulé chez EY lors d’un forum écoles à la fin de mon Master à Sciences Po Paris. Attirée par la réputation mondiale d’EY, je me suis intéressée à l’audit financier pour acquérir des compétences fondamentales et avoir l’occasion de découvrir des clients divers dans des industries variées.

 

Parmi mes premiers souvenirs d’EY, je retiens le rendez-vous à la gare pour partir deux semaines en Bretagne pour le stage d’intégration. J’étais la seule étrangère de la classe et mes futurs collègues m’ont accueillie chaleureusement.

Complémentaire de mes études à l’école de commerce Wharton aux États-Unis, la formation intensive chez EY m’a bien préparée pour les missions en French GAAP, US GAAP et IFRS ainsi que Sarbanes-Oxley. 

J’ai adoré l’esprit d’équipe au sein des missions, surtout en déplacement en dehors de Paris et dans les autres pays européens.  J’ai complété des missions d’audit avec des missions ponctuelles en transaction advisory services (TAS).

En dehors de la compétence technique, j’ai développé une forte appréciation de l’importance de l’écoute du client et aussi de l’équipe.

Chez EY, on a le privilège d’avoir des responsabilités rapidement. Je me souviendrai toujours de ma première mission en tant que senior, où j’étais le principal point de contact vis-à-vis du client : c’était à la fois un défi et une chance, une expérience marquante et très significative.

On dit qu’à Sciences Po, les étudiants reçoivent une formation sur des sujets techniques et en culture générale. Chez EY, j’ai développé des compétences techniques ainsi qu’une culture générale des entreprises françaises et européennes. Ces notions m’ont servi dans mes postes suivants, au sein du ministère des affaires étrangères à Berlin, dans le cabinet d’avocat d’affaires dans lequel j’ai été recrutée par la suite à Londres et en tant que DAF à Lille.

Vous êtes membre du comité exécutif de l’association, Women in Innovation. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ? Son origine, son objet ?

Women in Innovation (WIN) est une organisation à but non lucratif « 501(c)3 » américaine, fondée en 2016 pour réduire l’écart entre les sexes dans le domaine de l’innovation. Seulement 10 % des start-up au financement de Série A ont une femme fondatrice. 16 % des livres sur l’innovation classés dans les meilleures ventes sont écrits par une femme et 22 % des Chief Innovation Officer (CIO) du Fortune 500 sont des femmes : il est impératif de changer ces pourcentages !

Nous comptons plus de 4 000 membres dans 29 pays. Chez WIN, nous représentons des femmes (et ceux et celles qui s’identifient en tant que femmes) qui promeuvent l’innovation dans leur travail, dans des entreprises et associations de toutes tailles.

Quelles sont les raisons qui vous ont poussée à vous engager dans ce projet ?

Je m’intéresse depuis toujours à la réussite des femmes.  Avant de rejoindre EY, j’avais travaillé dans la microfinance à Bamako, au Mali, avec des caisses d’épargne gérées par et prêtant à des femmes.

J’ai été inspirée par la fondatrice de WIN, Alfia Ilicheva, par son travail dans le domaine de l’innovation et sa passion pour l’association. Lorsque j’ai appris qu’elle recrutait pour le comité d’audit et finance et pour le poste de secrétaire du conseil d’administration, j’ai vu là un moyen d’utiliser mes compétences en finance et droit au service de cette mission. 

J’étais impressionnée par la croissance rapide de l’organisation, l’engagement et la persévérance des bénévoles ainsi que par l’impact de l’association. Celle-ci est composée non seulement de femmes travaillant dans des cabinets d’innovation, de recherche et de design, mais aussi de femmes issues des divisions innovation des entreprises du Fortune 500, de l’écosystème des start-up et, en général, de la technologie.  Vu que ce secteur est historiquement dominé par les hommes, je voulais avoir un impact sur la préparation de ces femmes car elles auront un rôle important à y jouer. 

Quelles actions concrètes mettez-vous en place au sein de l’association ? Une action emblématique ?

Nous menons des initiatives dans chacun de nos trois piliers. Le premier de ces piliers est la gestion de carrière : nous proposons à nos adhérentes d’être mentorées et mises en relation au sein de notre réseau. Le second volet est consacré au développement du leadership, pour lequel nous développons des formations, des ateliers et des rencontres. Enfin nous avons un pôle « Thought leadership » qui nous permet de produire des podcasts et des publications.

Nous avons une audience mondiale de plus de 15 000 personnes et publions notamment des portraits de femmes talentueuses qui portent le changement dans le domaine de l’innovation. Nous proposons également des émissions sonores. C’est le cas de notre podcast WIN-WIN qui est disponible sur Spotify, Apple Podcasts et Soundcloud.

Créés en 2022, les « Women in Innovation Awards » sont également les premiers prix à reconnaître et renforcer l’impact des femmes dans l’innovation. 

WIN est parrainé par EY et je remercie EY pour son soutien dans le cadre des Women in Innovation Awards et de la publication du rapport Pioneers qui rassemble tous nos portraits de femmes.

Quels sont les freins rencontrés et vos objectifs à long terme ?

L’association a évolué, passant d’une petite bande de bénévoles à New York en 2016 à une organisation globale aujourd’hui.  WIN a mis en place son conseil d’administration en 2019 et embauché sa première directrice générale en 2020.

En 2020, nous sommes passés d’évènements en présentiel à un modèle 100 % en ligne.  Ce défi compliqué s’est transformé en opportunité, celle d’innover au sein de notre association. Ainsi, nous avons pu étendre notre programmation au-delà des trois villes initiales, San Francisco, New York et Londres, pour toucher le monde entier. 

Quels conseils préconiseriez-vous et quels seraient selon vous les leviers d’action pour favoriser l’orientation des jeunes femmes vers les métiers de l’innovation ?

Les leviers d’action se déroulent en trois étapes : sensibilisation, formation et parrainage. 

Il s’agit de sensibiliser les femmes aux métiers de l’innovation et de les encourager à postuler dans ce domaine. Une fois qu’elles sont engagées au sein d’une entreprise ou association, il faut leur fournir soutien, conseils et formation pour réussir dans leur poste. Il faut aussi des « role models » dans le domaine - ce que nous avons évoqué, entre autres, dans notre rapport Pioneers. Une fois qu’elles sont ancrées dans le rôle et le domaine, il faut leur fournir non seulement du mentorat mais aussi du parrainage.  Historiquement, il est plus difficile pour les femmes de trouver des mentors et même plus difficile de trouver des parrains.

Quel rôle peuvent jouer les hommes au sein de votre réseau et en général ?

Justement les hommes peuvent jouer le rôle de parrain, c’est-à-dire utiliser leur capital politique et social au sein de l’organisation pour promouvoir les femmes dans leur domaine.

Nous avons engagé des hommes au sein de notre association : notre vice-président est un homme et notre conseil consultatif « Advisory Board » compte plusieurs membres masculins.

Avez-vous observé ces dernières années une évolution positive de la mixité dans cette filière ?

De plus en plus de femmes travaillent dans les métiers de l’innovation. Cependant, il est nécessaire d’encourager leur progression au niveau des comités exécutifs. WIN a mis en place un programme qui encourage les femmes à aller plus loin. Expérience de développement du leadership basée sur une cohorte, WIN Relay met en relation des femmes expérimentées travaillant dans l’innovation avec un groupe diversifié de leaders de l’industrie au cours d’un programme d’apprentissage et de coaching de six mois.

Une question subsidiaire : vous vous investissez également dans l’animation du réseau Alumni de votre université, University of Pennsylvania. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ? Avez-vous quelques initiatives à nous partager qui pourraient être déployées en France ?

Je fais partie du Huntsman Alumni Council pour le programme de double diplôme en affaires internationales et commerce à U Penn. Nous sommes d’anciens élèves et servons de lien entre les directeurs et professeurs du programme et les anciens. Le Council a été fondé en 2014 avec pour mission de favoriser l’engagement des anciens dans le programme Huntsman, de conseiller le programme Huntsman sur la direction à prendre, d’aider aux efforts de collecte de fonds, de faciliter la connexion entre les promotions et de représenter les intérêts des anciens au sein du Huntsman Program Advisory Board. Le mentorat figure parmi nos initiatives. Notre approche consiste non seulement en mentorat entre élèves et anciens mais aussi entre anciens « nouveaux » et « expérimentés ».

Ce qu'il faut retenir

Maribeth nous explique les raisons qui l’ont poussée à s’engager dans l’association Women in Innovation et nous donne trois leviers d’action, sensibilisation, formation et parrainage pour favoriser l’orientation des jeunes femmes vers les métiers de l’innovation.

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