T-Day 2023 : IA, climat… La course contre la montre
« Ceux qui auront peur de l’IA seront largués au XXè siècle ». Bruno Le Maire a parlé sans pratiquer la langue de bois à la 7è édition du T-Day, organisée en partenariat avec La Tribune. Au programme de l’événement annuel d’EY : « Climat et IA, les nouveaux défis de la transformation de l’économie en France ».. Les cinq messages à retenir.
Ministère de l’Économie et des Finances, 18 h 40. Face à un public de quelque trois cents personnes, Éric Fourel avertit : « Le climat de la France ne doit pas se réchauffer de +4° d’ici à la fin du XXIèsiècle », selon la projection établie par le Haut Conseil pour le climat sur la base des politiques actuelles. Le président d’EY en France assume : « Nous portons sur nos épaules la responsabilité de la transition climatique. C’est l’un des deux piliers – avec l’intelligence artificielle générative – de la révolution civilisationnelle en cours ».
Antoine Pellion, secrétaire général à la Planification écologique (SGPE), rappelle l’engagement de la France : « En huit ans, nous devons baisser davantage nos émissions – de 55 % – que ce qui a été fait ces trente dernières années ». Autres enjeux : l’adaptation au changement climatique, la biodiversité, l’économie circulaire et la santé environnement. « Si le réchauffement de la France atteint + 4°C en 2100, la totalité de l’eau que nous prélevons aujourd’hui aura disparu. »
1. Innover avant de penser régulation
Comment relever tous ces défis ? « En choisissant l’innovation avant la régulation, tranche Éric Fourel. Pour garantir la liberté des générations futures, nos moteurs doivent être la créativité et l’intelligence collective ». Même si la France a raté la première vague de la transformation numérique, « nous pouvons prendre la deuxième vague, celle de l’IA ».
2. Dessiner en trois ans les trois prochaines décennies de la France
Saison maussade, chiffres du chômage en hausse… Pas de quoi décourager Bruno Le Maire ! « Le meilleur moment pour accélérer la transformation d’un pays, c’est quand il pleut. Dans les trois prochaines années risquent de se jouer les trois prochaines décennies de la France. » L’objectif du ministre de l’Économie ? Que la France redevienne une grande nation de production, soutenue par « une politique de l’offre qui crée des désirs, de la souveraineté ». Bruno Le Maire partage la conviction d’Éric Fourel : « L’UE a la capacité de créer ses propres champions d’IA générative. » À condition que se crée d’ici à deux ans un marché unique des capitaux européen, « seul à même de permettre aux entreprises de lever dix, quinze, vingt milliards d’euros. Sinon ce sera game over ».
Côté transformation climatique, toutes les parties prenantes doivent produire un effort selon Antoine Pellion. Au premier rang desquelles les entreprises, émettrices de 50 % des GES, sans oublier le public (25 %) et les collectivités publiques (25 %). Le plan déployé par le SPGE mise sur toutes ces compétences pour écrire son scénario central. Avec un angle : la territorialisation. La première COP régionale a été lancée à Metz le 14 novembre.
3. Résister à la pression du pouvoir d’achat
Thierry Cotillard, président du groupe Les Mousquetaires, nous aura prévenus : « Il ne faudrait pas que sous l’autel du pouvoir d’achat, on fasse fi des efforts de la chaîne agro-alimentaire en matière de RSE. Des prix plus élevés, c’est la garantie d’une société meilleure. Après dix ans de stagnation, éduquons les consommateurs en ce sens ». Son estimation du coût de la transformation environnementale du secteur ? Trois milliards d’euros. « Se pose la question des aides fiscales… »
4. Travailler avec le « ʺdéjà-làʺ »
Le bilan carbone du secteur immobilier ? 25 % des GES émis en France ; 44 % de la consommation énergétique. Aussi Véronique Bédague, pdg de Nexity, 1er promoteur bas carbone français, perçoit-elle la contrainte environnementale comme une opportunité : « Nous l’avons transformée en avantage comparatif. Nos normes sont 10 % plus exigeantes que la réglementation. En choisissant nos bâtiments, les investisseurs savent qu’ils seront encore aux normes dans dix ans ». De quoi gagner des concours : Nexity a été sélectionné pour construire un immeuble sans chauffage ni climatisation à Lyon Confluence. La clé de la stratégie de Véronique Bédague ? « Je dis toujours à mes collaborateurs, ʺTravaillons avec le ʺdéjà-làʺ – les habitants, les bâtiments existants, la nature…ʺ Voilà qui rend notre métier plus complexe et plus intéressant. La transition est difficile. Mais ensuite la ville est plus agréable, plus calme, plus verte. C’est l’histoire qu’il faut raconter aux jeunes. »
5. Conduire le changement
Selon Stéphane Distinguin, pdg de Fabernovel, les entreprises doivent créer une pratique collective de l’IA. « Il importe de donner un cap de confiance en termes d’éthique, de confidentialité, de sécurité. L’enjeu va bien au-delà d’une question d’abonnement et d’investissement : c’est aussi une problématique d’animation. Il s’agit d’identifier les cas d’usage les plus clairs possibles ; de mesurer ce que l’on est capable de mieux faire avec l’IA et de le faire savoir. »
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