Femme épuisée au travail

Risques psychosociaux : Quels impacts sur le collaborateur et son environnement de travail ?

Découvrez notre infographie sur les risques psychosociaux des collaborateurs post crise covid-19

La crise sanitaire a impacté durablement et profondément l’activité des entreprises, leur mode de production et leur organisation du travail.

Un tel contexte a engendré une évolution des systèmes organisationnels et relationnels, et implique des changements profonds dans le quotidien des collaborateurs, déjà anxiogène des suites de la pandémie. Entre incertitude économique, isolement ou encore dégradation des conditions de travail, force est de constater que le milieu du travail fait face à une augmentation des risques psychosociaux (RPS).

« Depuis 2021, l’état de santé psychique des travailleurs s’est fortement dégradé, avec un doublement du risque dépressif et une forte détérioration de la santé perçue : isolement, stress, surcharge, violence… »

Enquête CoviPrev lancée par Santé publique France, novembre 2021

Ces risques impactant la santé physique et mentale des collaborateurs peuvent être engendrés par les conditions d’emploi, l’organisation du travail ou encore les relations de travail. En pratique, la détection des RPS est complexifiée par son importante dimension subjective, où vie privée et vie professionnelle se chevauchent et se confondent. Afin de prendre les mesures nécessaires en matière de prévention, tous les acteurs de l’environnement de travail ont leur rôle à jouer.

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Un risque multifactoriel et multidimensionnel

Le risque psychosocial se trouve à la jonction entre l’individu et son environnement professionnel. De manière générale, on distingue plusieurs types de risques tels que:

  • Le stress provenant du sentiment de ne pas atteindre les attentes ou ne pas répondre aux exigences ;
  • Les violences, qu’elles soient internes à l’entreprise commises par des collaborateurs ou externes exercées par des personnes tierces, pouvant aller jusqu’à constituer du harcèlement moral, sexuel ou de la discrimination,
  • Ou encore le syndrome d’épuisement professionnel.

Cette liste est non exhaustive, et revient à couvrir tout mal-être psychologique pouvant résulter des conditions ou de l’environnement de travail.

La prévention des RPS requiert l’identification d’un certain nombre de facteurs :

Les exigences émotionnelles
déclarent devoir cacher ou maîtriser leurs émotions
Les exigences techniques liées au travail
estiment qu'ils doivent "toujours" ou "souvent" se dépêcher dans leur travail
Le manque d'autonomie et de marge de manoeuvre
déclarent manquer d'autonomie dans leur travail

Les facteurs de RPS résultent souvent de dysfonctionnements managériaux ou de mauvais rapports sociaux, pouvant être considérés comme peu importants et facilement résolus. En réalité, les troubles psychiques ressentis par les collaborateurs peuvent découler d’une accumulation de facteurs et ainsi provoquer un véritable trouble. Les RPS sont alors causés par des situations dissimulées qu’il convient de prévenir afin d’éviter notamment des conséquences telles qu’une augmentation de l’absentéisme, des arrêts de travail, des burn-out ou des ruptures de contrats.

Quelle protection juridique ?

La prévention des RPS est une obligation légale à la charge de l’employeur, qui doit prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des salariés. Cette protection est largement soutenue par des dispositifs légaux contraignants, le législateur et le juge prud'homal considérant que les RPS sont caractérisés comme des risques professionnels au même titre que les autres (mises à part quelques situations particulières visées par des textes spécifiques, tels que les cas de harcèlement et discrimination).

En ce sens, l’employeur est garant de la sécurité des collaborateurs contre les RPS, au titre de l’obligation de résultat d’assurer leur santé et sécurité : mettre en œuvre les moyens nécessaires est insuffisant, il se doit d’atteindre ce résultat.

« L'employeur doit prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des salariés. »

C. trav., art. L. 4121-1

Pour atteindre cette protection de la santé des salariés, il est nécessaire d’évaluer les risques existants ou potentiels, et d’établir un plan d’action visant à préserver les salariés de la survenance de ces risques.

La prévention des RPS au quotidien

La prévention des RPS est une politique générale, avec des actions de fond réalisées dans le quotidien des collaborateurs. L’identification des RPS se fait en premier lieu par le biais des observateurs du quotidien : les collaborateurs entre eux, et les managers, jouent un rôle de lanceurs d’alerte en cas de situation pouvant mener à la survenance d’un risque.

La proximité manifeste des collaborateurs et des managers permet aux uns et aux autres de détecter des cas de mal-être au sein de leurs équipes. Afin de mettre à profit ce lien, ces acteurs doivent être sensibilisés aux risques et aux dangers des RPS, mais aussi être formés sur l’anticipation de ces situations et sur leur rôle de lanceur d’alerte.

Les managers ont un rôle d’autant plus important qu’ils doivent encadrer les collaborateurs, évaluer leur charge de travail et tout mettre en œuvre pour préserver des relations de travail positives dans leurs équipes.

La prévention étendue à tous les acteurs de l’entreprise

La protection de la santé mentale n’est pas l’apanage des managers et des collaborateurs : elle est également au cœur des missions des équipes RH. L’employeur, au travers de sa direction des ressources humaines, a la charge de formaliser un plan de prévention, d’assurer son application auprès des collaborateurs notamment via la formation des managers sur ces thématiques. Les acteurs RH doivent être bien identifiés comme soutien de proximité aux collaborateurs et aux managers via des communications ciblées et se doivent d’apporter les réponses nécessaires lorsqu’un risque est identifié.

Cette mission est complétée par le rôle des représentants du personnel au sein de l’entreprise. La prévention des RPS entre dans le cadre de la santé et sécurité au travail, prérogative du Comité Social et Economique et de sa Commission Santé, Sécurité et Conditions de Travail lorsqu’elle existe. Ces instances jouent un rôle d’alerte en cas de risque détecté, mais également de prévention dans le cadre des consultations et des négociations d’un cadre collectif portant sur le sujet.

Le dernier acteur incontournable en matière de prévention des RPS est la médecine du travail. Les services de santé au travail ont la charge d’accompagner régulièrement les collaborateurs sur le plan médical, peuvent identifier les RPS et établir un suivi des cas en situation potentielle de danger. Ces informations permettent a posteriori de co-construire avec l’employeur un plan de prévention adapté aux risques présents dans l’entreprise, tout en préservant le secret médical.

Merci à Meryl Sorba, Manager, EY People Consulting et Victoria Rouxel, Consultante, EY People Consulting pour leur contribution à la réalisation de cet article.

Ce qu'il faut retenir

La crise sanitaire a engendré une augmentation des risques psychosociaux (RPS) au travail.

L'employeur a pour obligation légale de prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale de ses collaborateurs. Mais il n'est pas le seul à pouvoir agir; les acteurs RH, managers, représentants du personnel etc. ont aussi un rôle à jouer.

Il existe de nombreuses actions à mettre en place pour détecter, prévenir et agir face aux risques psychosociaux pour protéger ses collaborateurs.

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