Étude de cas

Comment les objets connectés et les données peuvent-ils transformer l’économie d’un sport ?

Le cyclisme a un problème de monétisation. Avec l’aide des équipes d’EY, Velon est en train de faire bouger les choses grâce aux données en temps réel et aux objets connectés.
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femme remplissant la pompe à essence de voiture
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De meilleures questions

Comment convertir les spectateurs en supporters ?

Le cyclisme a un problème d’argent. Cependant, avec une énorme base de supporters, ce sport peut-il créer une plateforme capable de mobiliser et monétiser le public mondial ?

À première vue, le cyclisme devrait être facile à monétiser. Avec plus d’un milliard de vélos dans le monde, il s’agit d’une activité aussi répandue que de regarder la télévision ou d’aller sur Internet : un élément fondamental de la vie moderne, somme toute. 

Pourtant, en dépit de l’attention croissante que les médias lui portent et d’un nombre toujours plus important de supporters, le cyclisme en tant que sport a toujours farouchement résisté à une monétisation efficace. Velon, un consortium dédié à la résolution de ce problème, a demandé de l’aide aux équipes d’EY.

Velon rassemble 11 équipes qui s’affrontent dans le cyclisme professionnel à travers le monde. Elles se sont réunies pour répondre à une question essentielle : comment améliorer l’économie de ce sport ?

Pourquoi le cyclisme professionnel a-t-il été si dysfonctionnel ? Les recettes mondiales du cyclisme grand public ne s’élèvent qu’à 600 millions de dollars, contre 8,2 milliards pour la NFL et 16,8 milliards pour les cinq plus grandes ligues de football européennes uniquement.

La différence réside dans le fait que ces sports ont l’opportunité d’organiser de grands événements payants à un endroit défini. Le cyclisme, où les courses couvrent des milliers de kilomètres de route publique, n’a pas ce luxe. Dépourvu d'une infrastructure équivalente, il peine à atteindre les sommets commerciaux des autres sports.

Ironiquement, avec le cyclisme professionnel, les fans les plus dévoués (ceux qui attendent au bord de la route) sont les plus susceptibles de passer à côté des événements marquants. Alors que les téléspectateurs plus occasionnels, qui regardent la télévision ou écoutent la radio, obtiennent une vue plus globale de la course, les fans au bord de la route n'ont qu'un aperçu rapide des cyclistes qui passent devant eux.

Mais le cyclisme a ses propres atouts : les cyclistes professionnels génèrent d’énormes quantités de données, du rythme cardiaque jusqu'à la vitesse du vélo, en passant par des informations sur le terrain qu’ils parcourent. Correctement capturées, ces données offrent aux plus grands fans une opportunité unique de s’engager plus étroitement et plus intimement dans ce sport, ainsi qu’auprès de leurs équipes et de leurs coureurs favoris. 

Les équipes représentées par Velon générant des téraoctets de données brutes chaque année, l’entreprise dispose d’un accès privilégié à ces données. L’objectif de Velon était de capturer, de transformer et de fournir ces données à un public mondial de 565 millions de personnes.

« Nous avons imaginé un problème fascinant, à savoir comment transmettre des milliers de points de données par seconde à partir d’un événement sportif en direct, alors qu’il se déplace de Bologne à Rome, à travers les Alpes et partout ailleurs », se souvient G. Bartlett. « Presque tous ceux à qui nous avons expliqué l’idée, à l’exception des équipes d’EY, nous ont dit : “Laissez tomber. Cela ne marchera jamais. Vous pouvez faire ça dans un stade (et même là, c’est compliqué), mais dans le cadre d’une course de vélo comprenant des étapes de plus de 300 km chaque jour ? Aucune chance.” Les équipes d’EY ont réfléchi à l’idée et ont répondu : “C’est un défi fantastique.” »

Et si ce défi fou pouvait être surmonté, EY et Velon pourraient alors offrir aux fans du monde entier une plateforme de premier ordre pour s’engager directement dans le cyclisme, et, par la même occasion, créer les bases d’une économie commerciale du cyclisme vraiment efficace.


Velon cyclist finish line cross crowd hammer series
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De meilleures réponses

Convertir les spectateurs en supporters grâce aux données

En utilisant les objets connectés pour exploiter les données générées par les cyclistes professionnels, EY et Velon ont pu concevoir une plateforme qui rapproche le cyclisme des fans.

L’approche d’EY et de Velon consistait à créer des objets connectés capables de collecter de grandes quantités de données potentielles sur les cyclistes au cours de courses réalisées dans le monde entier, et de les transformer en informations interactives, révélant les temps forts et l’historique des données, l’objectif ultime étant de placer les spectateurs au cœur de la course en leur offrant une vision détaillée de leurs cyclistes et équipes favoris, via une application dédiée. L’expérience digitale pourrait alors devenir une nouvelle boutique pour les amateurs de cyclisme du monde entier, en créant et en développant un large public de fans et de consommateurs potentiels, formant ainsi la base d’un modèle économique plus durable pour ce sport.

 

« En 2015, c’était une théorie. Une simple idée. Personne ne l’avait concrétisée. Certaines personnes avaient commencé à en explorer la surface quelques années auparavant, à très petite échelle, mais nous voyions plus grand et souhaitions le réaliser à grande échelle », explique G. Bartlett. « Nous voulions être en mesure de montrer chaque coureur et de permettre aux gens de les voir d’une manière totalement inédite, tous sports confondus. »

 

Rassemblant de multiples équipes du monde entier, notamment venant des États-Unis, d’Australie, d’Inde, du Danemark et du Royaume-Uni, les équipes d’EY ont travaillé main dans la main avec Velon pour créer une plateforme qui pourrait atteindre ces objectifs. La solution comporte trois volets :

 

1. Un système d’objets connectés robuste pour capturer et transmettre les données requises

La première étape consistait à trouver un dispositif connecté qui pourrait recueillir les données nécessaires auprès des cyclistes. Il s’agit d’un petit appareil placé sous la selle des vélos du peloton. Il capture des informations essentielles sur les cyclistes pendant leur participation aux courses, ce qui est à la fois utile pour les équipes dans le cadre du suivi des performances et fascinant pour les fans qui peuvent suivre le déroulement de la course. Ces informations comprennent :

  • La puissance
  • La cadence (la vitesse à laquelle le cycliste pédale)
  • Les informations GPS (la localisation, la vitesse du vélo et la direction de la course)
  • Les informations sur la fréquence cardiaque

 

S’il peut être relativement facile de capturer ces données à partir d’un vélo d’exercice stationnaire dans une salle de sport, réaliser la même chose en extérieur, pour un sport dont les courses couvrent plusieurs dizaines de kilomètres par jour (souvent à travers une campagne isolée, avec une connectivité limitée), impliquait une logistique stupéfiante.

 

Comme si cela ne suffisait pas, les appareils doivent également être retirés et chargés pendant la nuit. Comme les courses se poursuivent souvent pendant plusieurs jours, et que les pièces du vélo sont changées régulièrement pendant cette période, il est tout particulièrement nécessaire de veiller à ce que chaque cycliste retrouve le même appareil chaque matin, afin de constituer un ensemble de données agrégées correct de la course. Les données devenant de plus en plus fondamentales pour le sport, une seule erreur dans le remontage d’un appareil pourrait créer des problèmes importants pour les équipes, les organisateurs, les diffuseurs et Velon, et potentiellement entraîner une perte de confiance des fans.


Pour capturer des données en temps réel, les vélos sont fixés avec des appareils connectés au réseau qui envoient des données au portail cloud centralisé.


« Il a fallu relever un défi technique incroyablement compliqué pour obtenir ces informations, puis en faire quelque chose de sensé, qu’il était possible d’exploiter, de visualiser et de montrer aux consommateurs d’une manière qui leur parle », déclare Michael Henry, directeur d’EY Analytics. « Nous recueillons de grandes quantités d’informations sur des vélos qui roulent jusqu’à 100 km/h et qui parcourent des milliers de kilomètres pendant huit heures d’affilée. Réussir ces opérations sur de longues périodes constitue des défis techniques considérables, notamment dans les montagnes et les endroits extrêmement isolés. Nous avons dû relever des défis en matière d’étanchéité, d’autonomie des batteries, mais aussi de précision et d’exactitude des vélos et de leur localisation. »

 

Avec une moyenne de 150 coureurs dans la plupart des courses professionnelles, une attention particulière doit être prise pour s’assurer que chaque cycliste est associé au bon appareil chaque matin pour constituer les données de course agrégées correctes. La solution capture des paquets de données à chaque seconde de la course, du début à la fin. Les algorithmes effectuent plus de 1,2 milliard de transformations de données en temps réel chaque jour de course pour produire des informations en temps réel sur la course. Et comme les données deviennent de plus en plus fondamentales pour le sport, une erreur dans le réajustement d’un appareil pourrait créer des problèmes importants pour les équipes, les organisateurs et les diffuseurs – et potentiellement perdre la confiance des fans.


2.  Une plateforme centralisée d’agrégation de données fiable et sécurisée

Après avoir recueilli les données sur les vélos, elles doivent être relayées vers une plateforme d’agrégation centralisée, qui agrège les données des coureurs et les combine avec des sources d’informations externes (telles que les noms des équipes, les statistiques et les cartes d’itinéraires) pour permettre une analyse et une visibilité plus approfondies.

 

Même des informations simples de prime abord, comme le calcul de la vitesse du coureur, peuvent s’avérer étonnamment complexes sur la route, avec des signaux de données et une couverture GPS irréguliers. Calculer la vitesse nécessite de combiner les données de cadence et de puissance du vélo avec les données GPS, car aucune source d’informations n'est suffisante à elle seule.

 

Pour corser le défi, certaines des données collectées devaient rester la propriété des équipes de course. Après tout, ces équipes sont en compétition et utilisent les données pour évaluer, analyser et améliorer leurs performances, le tout dans un sport qui génère des prix et des opportunités de sponsoring pour les gagnants. Même si certaines des données agrégées sont rendues publiques, il est également nécessaire de mettre en place des pare-feu clairs entre les informations sensibles qui pourraient donner aux concurrents un aperçu inéquitable des performances et des tactiques des uns et des autres.

 

« Nous sommes les gardiens de ces équipes et elles nous font confiance », explique G. Bartlett. « C’est la raison pour laquelle pouvoir compter sur un collaborateur comme les équipes d’EY est essentiel. Cela vous permet de leur faire confiance et d'être raisonnablement certain que vous disposez de positions et de pare-feu corrects, et que vous êtes assuré que personne ne peut accéder à ces données. ».

 

La solution a été la plateforme de données EY, qui offre une large capacité d’ingestion de flux à haut débit, de stockage, d’analyse cognitive et d’intelligence artificielle. Dans le cadre du projet Velon, elle a constitué la base de la conception des fonctions d’agrégation et d’analyse de l’application.


3.  Une plateforme pour communiquer ces données et des éclairages au grand public

La dernière partie du processus, et de l’expérience, consistait à créer une plateforme orientée consommateur, qui transformerait ces données en une expérience utilisateur attrayante. Comme le fait remarquer G. Barlett, « si vous installez une caméra embarquée sur un seul vélo dans le cadre d’une seule course, ce n’est pas intéressant. Si vous en installez sur 11 vélos, au sein de 11 équipes, vous avez tout à coup un vrai flux de diffusion pour lequel les gens seront prêts à payer. Ainsi, Velon, en couvrant un plus grand rassemblement et en étant un véritable collectif, est capable de réaliser des choses qu’une équipe individuelle, quelle qu’elle soit, ne peut pas mettre en œuvre à elle seule, économiquement parlant. »

En fin de compte, l’application orientée utilisateur vise à offrir aux fans de cyclisme le même type d’expérience tout-en-un que les fans d’autres sports vivraient dans un stade : une vue d’ensemble constante du jeu, des commentaires et des statistiques sur la course, et un sentiment de communauté et de participation à l’événement lui-même. Comme l’explique Robin Hutchinson, EY Global Digital Products and Solutions Leader, « l’application leur permet de regarder la course en étant assis sur le bord de la route, en téléchargeant des images et en visualisant des données, leur offrant ainsi une expérience formidable. Cette nouveauté métamorphose la vision qu'ont les fans du cyclisme. »

Ce troisième élément va continuer à évoluer, déclare G. Bartlett : « Pour le moment, l’expérience que nous proposons ne nous satisfait pas. Nous savons que l’avenir de ce dispositif réside dans le fait de le rendre simple, contextuel, engageant et pertinent. C’est tout ce que nous attendons de ce nouveau contrat avec les équipes d’EY. Nous avons décidé d’impliquer d’autres personnes au sein du réseau EY Global pour nous aider à atteindre notre objectif, car, en fin de compte, l’engagement des fans est la clé du problème. »

Des supporters regardent une course de vélo depuis un pont en Corée
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Un meilleur monde du travail

Intégrer les supporters dans le sport pour une expérience plus riche

Créer une boutique pour les fans de cyclisme du monde entier, et ainsi poser les bases d’un modèle économique efficace.

La plateforme a connu un succès considérable. En plus de deux ans de déploiement et de développement progressifs, près d’un million de personnes ont participé à la vie de l’écosystème de l’application Velon, et des millions d’autres ont visualisé ses données via des émissions de télévision.

 

« Ce que nous proposons, c’est une expérience intimiste. Vous êtes véritablement à l’intérieur de la course, avec l’opportunité de voir des choses que ni les motos, ni les caméras, ni même les hélicoptères, ne capturent, et tout cela vous est retransmis de façon captivante », déclare R. Hutchinson.

 

La mise en place d’une plateforme centralisée dédiée au cyclisme et la réussite de l’engagement des supporters peuvent aider Velon à répondre aux questions sous-jacentes sur la viabilité économique du cyclisme.

 

La plateforme offre à Velon plusieurs voies de monétisation. Les revenus des sponsors et des annonceurs sont une voie claire et évidente. Un modèle freemium de l’application est également en cours de développement. Il donnera aux fans un accès à des services améliorés et à des fonctionnalités supplémentaires, telles que la possibilité de comparer leurs propres performances à celles des coureurs professionnels. Une troisième voie consiste à exploiter les données client fournies via l’application pour soutenir les relations commerciales avec des modèles alternatifs et tiers.

 

Mais, ce qu’il faut retenir, au fond, c’est que les équipes d’EY et la plateforme de Velon prouvent qu’avec des données pertinentes et de l’expérience, il est possible de créer un tout nouveau mode de communication avec les fans, en transformant radicalement la façon dont ils s’engagent dans leur sport et en promouvant le cyclisme de manière plus générale. Cela met en route un engrenage favorisant des modes de vie plus sains et un moyen de transport plus durable, et crée un secteur commercial du cyclisme plus rentable, plus innovant et plus avide de talents.

 

« Sans les équipes d’EY, nous n’aurions pas pu concrétiser cette vision », déclare Graham Bartlett, PDG de Velon. « La NBA ne le fait pas encore ; la NFL ne le fait pas ; personne ne le fait. Mais nous le faisons déjà. Depuis plus d’un an maintenant. Et nous avons pu le faire grâce à notre collaboration avec EY. Sans leur aide, nous n’en serions pas là où nous sommes aujourd’hui. »

 

L’application de Velon indique également la voie à suivre pour le sport en général. « Ce qui est clair, c’est que la façon dont les fans interagissent avec le sport est en train de changer », déclare Tom Kingsley, EY Sport Industry Group Leader au Royaume-Uni. « Que ce soit dans un stade, sur le bord d’une route ou à la maison, les fans recherchent une expérience beaucoup plus immersive. Ce que nous développons pour Velon améliorera considérablement la manière dont les fans de cyclisme peuvent s'impliquer dans leur sport. Cela doit être une bonne chose pour les fans, pour les équipes et pour le sport dans son ensemble. »


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