Avec +17 % en France et +9 % à l'échelle mondiale, plusieurs facteurs expliquent cette dégradation. D’abord, l’envolée des coûts énergétiques, exacerbée par la fin du bouclier tarifaire, a lourdement pesé sur les charges des entreprises. Ensuite, les difficultés à rembourser les aides perçues pendant la crise sanitaire, combinées à des charges salariales élevées, ont fragilisé de nombreuses structures.
Le climat politique français, chamboulé par une motion de censure historique et une valse des gouvernements, laisse place à une instabilité propice à affecter le moral des entrepreneurs, de même que leur capacité à se projeter. Le risque politique à l’international est au plus haut également, avec de nombreux conflits en Afrique, en Europe de l’Est et au Moyen-Orient, affectant les entreprises soit directement à l’export, soit indirectement via le coût de l’énergie ou la rupture des chaînes d’approvisionnement.
Certains secteurs d’activité sont plus touchés que d’autres. Le BTP/immobilier et la distribution concentrent à eux seuls près de la moitié des défaillances. L’hôtellerie-restauration, le secteur automobile, ainsi que le transport, affichent également des niveaux de défaillances supérieurs aux moyennes historiques. Les TPE et PME sont particulièrement touchées cette année, reflet de la fragilité structurelle de notre tissu économique. Personne n’est épargné, d’autant que l’environnement économique actuel amplifie les difficultés de telle sorte que lorsque les entreprises réagissent, les dégâts sont déjà importants notamment sur les trésoreries des entreprises.
Une légère accalmie est attendue en 2025, avec un nombre de défaillances estimé à 64 500. Cette stabilisation pourrait être soutenue par des perspectives économiques modestement plus favorables, notamment une croissance du PIB prévue à +1,1 %, ainsi qu’un assouplissement des conditions de crédit par la BCE. Cependant, les entreprises vulnérables resteront sous pression, notamment en raison des contraintes liées au financement et au remboursement des dettes accumulées.
Baisse de current trading, rentabilité en deçà des attentes, business plans qui ne sont pas au rendez-vous : grandes ou petites, les entreprises déchantent après avoir connu une certaine période d’euphorie. Compte tenu de cette situation, il leur sera plus difficile de se refinancer ou de rembourser leurs échéances de dettes, dont les PGE, qui se profilent en 2025 et 2026. D’où l’importance voire la nécessité d’anticiper en permanence les perturbations et ne pas se contenter d’y réagir, en attendant souvent le dernier moment pour engager leurs discussions avec les partenaires financiers. Les entreprises faisant preuve de transparence, de prudence et d’esprit d’initiative seront donc celles qui s’en sortiront le mieux.