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Firepower 2024 : Life Sciences… Le retour des transactions

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6 minute read 16 janv. 2024
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Comment faire les bons deals en période de mutation ?

En résumé :

  • En 2023, les Big Pharma ont recommencé à réaliser des transactions de grande ampleur en raison de l’expiration de brevets de nombreux blockbusters à venir au cours des cinq prochaines années.
  • Les entreprises du secteur Life Sciences doivent réaliser les bonnes transactions dès maintenant afin de créer de la valeur à l'avenir.
  • Pour traverser une période de bouleversements commerciaux et réglementaires à l'échelle mondiale, les entreprises devront opter pour des business models plus ciblés et rester ouvertes aux dernières innovations tout en trouvant le juste équilibre entre acquisitions et partenariats.

Introduction

En 2023, les grands groupes pharmaceutiques se sont relancés dans des fusions et acquisitions (M&A) d’envergure. 43 milliards de dollars : c’est le montant du rachat de Seagen par Pfizer – le plus marquant de l'année. Au total, plus de dix grands laboratoires ont ainsi conclu des accords dépassant le milliard de dollars l’an passé. Ces transactions ont contribué à une hausse de 34 % des investissements en M&A dans le secteur Life Sciences (sciences de la vie) en 2023 par rapport à 2022.

Face aux tensions constantes sur les revenus dans un contexte macroéconomique et géopolitique instable – avec la perte imminente de l’exclusivité de nombreux médicaments phares –, on observe un regain d'intérêt pour les opérations de croissance externe dans le secteur. 

Les défis auxquels font face ces entreprises sont multiples. Comment identifier les partenaires les plus adaptés, les innovations les plus prometteuses, les approches stratégiques les plus efficaces dans ce contexte ? Une certitude : les entreprises du secteur qui prendront les bonnes décisions en matière de fusions et acquisitions pourront maintenir leur position de force et continuer à générer de la valeur à long terme.

I. Retour sur 2023

Les transactions dans le secteur Life Sciences sont de retour. Les investissements en fusions et acquisitions ont atteint 191 milliards de dollars au 10 décembre 2023, dépassant de 40 % le total de 2022. Cette hausse significative découle-t-elle d'une explosion du volume des transactions ? Non, au contraire : seules 118 transactions ont été enregistrées en 2023, soit une baisse de 6 % par rapport à 2022. Mais la forte valeur des transactions réalisées en 2023 l’indique clairement : les acteurs clés du secteur sont à nouveau disposés à mobiliser leurs ressources pour mettre en œuvre des stratégies M&A plus ambitieuses.

Par ailleurs, les plus grands laboratoires pharmaceutiques mondiaux ont repris la première place des transactions du secteur en 2023. 69 % des investissements en fusions et acquisitions ont été le fait des « Big Pharma », contre seulement 38 % en 2022, contribuant ainsi de manière significative à la taille des accords conclus.


II. Perspectives en 2024

Il y a trois raisons principales pour lesquelles le retour en force du M&A devrait se poursuivre et s'accélérer :

  1. L'industrie biopharmaceutique conserve un « Firepower » quasi record. Cet indice, créé par EY, mesure la capacité des entreprises du secteur à financer des opérations de fusions et acquisitions en fonction de leur capitalisation boursière et de la solidité de leur bilan. Il prend en compte plusieurs paramètres, tels les liquidités et équivalents de trésorerie, la dette existante et la capitalisation boursière.
  2. Au cours des cinq prochaines années, le secteur sera confronté à des défis majeurs en matière de revenus qu’il devra compenser via de la croissance externe, en particulier dans ce secteur où les échecs d'essais cliniques à un stade avancé restent toujours nombreux.
  3. Les conditions économiques limitent l'accès aux capitaux, ce qui favorise les transactions.

Malgré la hausse des transactions en 2023, le secteur détient encore un « Firepower » quasi-record : 1 370 milliards de dollars.

L’industrie biopharmaceutique s'apprête donc à libérer un « Firepower » important à partir de 2024 alors qu’elle atteint la "falaise des brevets" (patent cliff) – à savoir, selon la qualification des spécialistes du secteur, une forte baisse des revenus à l'expiration du brevet d'un médicament. Ainsi, un nombre croissant de blockbusters commencent à faire face à la concurrence des biosimilaires ou des génériques : on estime que 70 % des leaders de l'industrie biopharmaceutique connaîtront des baisses de croissance au cours des cinq prochaines années.

III. Coup de projecteur sur les cibles

Bien que les incertitudes politiques, économiques et réglementaires ne soient guère encourageantes pour les industriels en matière d'investissements, la diminution des valorisations crée un "marché d'acheteurs", ce qui incite les grands acteurs à envisager des acquisitions. Comment garantir la valeur des transactions dans un secteur Life Sciences en pleine mutation ? À défaut de réponse univoque pour déterminer quelles opérations produiront les meilleurs rendements, cinq stratégies permettent aux entreprises de maximiser leurs chances d'obtenir de la valeur sur le long terme.

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1. Élaborer des business models plus ciblés

Le secteur des sciences de la vie devient de plus en plus complexe. Au-delà des aspects macroéconomiques, géopolitiques ou réglementaires évoqués précédemment, les soins de santé évoluent pour intégrer davantage de données et l'utilisation de nouvelles technologies. Principale leçon à tirer pour les acteurs du secteur ? Stratégies commerciales, innovations produits (R&D), rationalisation de la production, prise en charge personnalisée des maladies… Aucune entreprise ne peut exceller dans toutes ces dimensions.

Conscientes de cela, celles-ci se sont engagées depuis 2019 dans une phase visant à "désinvestir pour investir". Elles se sont ainsi désengagées d'activités matures pour se concentrer sur des aires thérapeutiques prioritaires. Retour sur 2023 : en janvier, GE se sépare de GE HealthCare ; en mai, Johnson & Johnson de sa filiale de produits d’hygiène et de beauté (rebaptisée Kenvue) ; en octobre, Novartis de sa branche de médicaments génériques Sandoz. La réussite de ces opérations de carve-out – particulièrement complexes dans ce secteur hyper-régulé - conditionne aussi les investissements futurs.

2. Identifier les aires thérapeutiques à forte valeur ajoutée

Le besoin de spécialisation signifie que les entreprises du secteur doivent concentrer leurs stratégies M&A sur les aires où elles peuvent apporter la plus grande valeur ajoutée.

En 2022, effet Covid oblige, les anti-infectieux ont été l’aire thérapeutique qui a le plus généré de revenus. D'ici à 2028, on estime que ce marché se contractera mais le marché biopharmaceutique mondial dans son ensemble augmentera de quelques 419 milliards de dollars – pour atteindre 1 558 milliards de dollars. Un tiers de cette croissance (142 milliards de dollars) proviendra de l'oncologie.

3. Repérer les opportunités émergentes disruptives

De nouvelles opportunités ont émergé en 2023 avec l'apparition de l'intelligence artificielle générative (GenAI). La puissance des grands modèles de langage (large language models ou LLM) associée à cette technologie a incité les entreprises de tous secteurs à explorer les opportunités de croissance et de productivité qu'elle offre. Les entreprises du secteur des sciences de la vie ont massivement investi au cours de la dernière décennie dans les algorithmes d'IA. Objectif : accélérer et optimiser de nombreux processus – de la découverte de nouveaux médicaments au diagnostic par imagerie médicale. Reste à savoir si les promesses de la GenAI auront un impact sur les stratégies M&A.

4. Trouver le juste équilibre entre acquisitions et partenariats

Les entreprises biopharmaceutiques ne pouvant acquérir de participations dans toutes les sociétés innovantes, les alliances et partenariats sont un élément majeur de leur stratégie d'innovation. Malgré la valeur potentielle élevée (exprimée en biobucks) associée à certains de ces accords de partenariat, leur valeur initiale est généralement beaucoup plus basse. Cela permet aux entreprises d'accéder à l'innovation à un coût relativement faible jusqu'à ce que ces produits obtiennent une validation clinique.

5. Élaborer les bonnes stratégies d'exécution

Le défi des fusions et acquisitions ne se limite pas à réaliser les bonnes opérations mais à les exécuter de manière optimale. Une étude d'EY a confirmé que dans tous les secteurs, les opérations M&A constituent une stratégie efficace pour stimuler la croissance de la valeur de l’entreprise et le rendement pour l'actionnaire. Pour atteindre ces résultats, il est essentiel, non seulement d'investir des ressources mais surtout de veiller à une exécution rigoureuse de l’opération.

IV. Comment s’assurer que les opérations M&A délivrent la valeur escomptée ?

Bien que chaque transaction soit unique, nous pouvons identifier quatre moyens par lesquels les entreprises peuvent améliorer, préserver et créer de la valeur grâce aux fusions et acquisitions :

  1. Se focaliser sur la stratégie
  2. Effectuer des due diligences approfondies et évaluer les synergies
  3. Réaliser une intégration efficace
  4. Élaborer des processus M&A solides et établir des feuilles de route claires

Ces principes, lorsqu'ils sont soigneusement mis en œuvre, offrent une approche systématique pour maximiser les avantages et minimiser les risques associés aux opérations de fusions et acquisitions.

    Télécharger le 2024 EY M&A Firepower report

    PDF (8 MB)

    Ce qu'il faut retenir

    Sur la base de nos recherches, nous pouvons affirmer avec confiance que le rebond des investissements en M&A observé tout au long de l'année 2023 se prolongera en 2024. Alors qu’entreprises biopharmaceutiques et medtech traversent une période de turbulences, investir dans l'innovation via la croissance externe deviendra une nécessité stratégique. Le défi principal : assurer l’exécution efficace des transactions afin d'optimiser leur rendement et de garantir une croissance durable.

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    Virginie Lefebvre Dutilleul

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