Mounia Bouba : soyez curieux !

Portrait Mounia Bouba Responsable du contrôle de gestion (FP&A) pour l’Europe de l’Est, Alstom

Tu es diplômée d’une école de commerce et possède un master en management & un master of science en finance. En parallèle de ta formation, tu as travaillé en alternance pendant deux ans au sein d'un groupe du secteur de I'énergie en tant que contrôleur de gestion projets. Peux-tu nous en dire plus ?

J’avais envie de travailler sur des problématiques concrètes en parallèle de mes études. J’ai vécu une très belle expérience au sein du groupe Areva au cours de laquelle j’ai été responsabilisée très rapidement sur des problématiques financières complexes (contrats long terme). J’ai travaillé sur des projets d’ingénierie dont l’objet est la construction de sous-

stations électriques clé en main permettant d’acheminer l’électricité aux villes. Ces projets, qui s’exécutent sur plusieurs années, étaient principalement situés en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.

Tu as rejoint EY en 2011 au sein du département d’audit et tu as également réalisé des missions de conseil. Quel a été ton parcours ?

Je me souviens d’un échange marquant que j’avais eu avec la Directrice Financière de la filiale avec laquelle je travaillais lorsque j'étais en alternance. Lors de cet échange, elle m’avait recommandé de démarrer mon parcours professionnel par une expérience en audit externe, étant elle-même passée par un big 4. J’ai donc naturellement suivi ses conseils en intégrant EY à l’issue de mon cursus financier en école de commerce.

J’ai démarré en janvier 2011, en pleine « peak season » d’audit où le travail était intense en raison des clôtures des comptes au 31 décembre. J’ai intégré une équipe spécialisée dans le secteur de l’énergie. Mon alternance de deux ans m’a apporté le recul nécessaire pour appréhender des problématiques complexes, avoir les bons réflexes et anticiper les deadlines. J’ai encadré trois personnes assez rapidement et je suis passée senior en 1 an et demi : c’était un beau défi !

J’ai également réalisé des missions de conseil, comme des missions de conversion de référentiel comptable dans le cadre de due diligences et des missions de transactions pour d’autres comptes.

Le management d’équipe et la possibilité d’appréhender les problématiques de différentes entreprises sont les principales raisons qui m’ont fait intégrer EY.

Tu es restée 7 ans au sein du cabinet. Quels sont les projets ou les collègues qui t’ont le plus influencée ? Y a-t-il un moment qui t’a profondément marquée ?

J’ai travaillé pendant 4 ans pour un grand compte du secteur de l’énergie. C’était un projet très structurant nécessitant beaucoup de rigueur, une expérience qui m’a fait grandir rapidement et qui m’a apporté une forte expertise sectorielle.

La participation à un appel d’offre (gagné !) pour un audit contractuel et la mise en place de cet audit d’un groupe étranger dans le secteur pétrolier m’ont également beaucoup marquée. J’ai côtoyé des associés et d’autres collaborateurs pendant cette période qui m’ont beaucoup enrichie car l’environnement et les enjeux étaient très stimulants.

Je garde également à l’esprit un souvenir mémorable lors d’une mission d’audit ayant eu lieu dans les locaux d’un aéroport. Les bureaux étaient situés du côté des pistes de décollage et d’atterrissage. C’était très impressionnant d’entendre et de voir des décollages et atterrissages d’avions gros porteurs (Boeing 777) à quelques mètres de moi alors que je rédigeais mes rapports. J’ai aussi pu visiter les coulisses de cet aéroport, le cockpit d’un avion et échanger avec des pilotes. Pour moi qui suis passionnée d’aviation, ce fut une expérience extraordinaire !

Je garde également de bons souvenirs des séminaires d’intégration, notamment ceux à l’international, à Amsterdam pour mon passage Senior et à Dubaï pour mon passage Manager. Ces moments donnent lieu à de belles rencontres et une grande ouverture culturelle. Ils permettent de découvrir d’autres visions et de nouvelles méthodes de travail.

Après un passage d’un an et demi chez L’Oréal, tu as rejoint en 2019 le groupe Alstom qui développe et commercialise des solutions de mobilité incluant les TGV, les métros et les trams et génère 16,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Peux-tu nous parler de ton parcours ?

En quittant EY fin 2017, j’avais envie de revenir en direction financière en entreprise après ma première expérience réussie lors de mon alternance. J’ai d’abord rejoint le groupe L’Oréal où j’étais en charge de l’application des normes comptables et d’un projet de transformation digitale du processus de clôture des comptes. C’était une expérience intéressante avec une actualité dense tant sur le plan des normes comptables que sur les projets de transformation digitale.

J’ai ensuite rejoint le groupe Alstom de façon fortuite après avoir été contactée par mon ancien responsable de chez Areva qui était alors en charge du département audit interne. Il m’a proposé de rejoindre son équipe. J’ai été contente de rebasculer sur une fonction donnant une bonne vision de l’activité opérationnelle. Cette nouvelle expérience m’a été très utile pour la suite de mon parcours chez Alstom.

La période était alors très soutenue pour le département du fait de la pandémie de COVID 19 qui a nécessité une adaptation de nos méthodes de travail (audit à distance), mais aussi en raison de l’acquisition de Bombardier Transport, groupe d’une taille similaire à Alstom ! Mon poste, directement lié à ces problématiques d’intégration, était très exposé,  donnant lieu à des échanges avec un grand nombre d’interlocuteurs de tous niveaux au sein du groupe. Mon expérience chez EY m’a alors beaucoup aidée.

Après ces 3 années intenses j’ai rejoint le Cluster Europe de l’Est qui comprend une quinzaine de pays afin de m’assurer de la qualité financière de nos réponses commerciales aux appels d’offres pour de futurs projets industriels. Il s’agissait d’une création de poste qui nécessitait de soutenir les équipes commerciales tout apportant de la rigueur et de la méthodologie. Cette fonction, très proche du business, est rapidement devenue critique dans un contexte de forte inflation, de début de la guerre en Ukraine et de risques de change.

Je suis ravie d’avoir pu former les équipes commerciales à ces problématiques financières qui les ont rapidement intéressées. J’ai également apprécié la grande diversité des dossiers compte tenu du nombre de pays et de la variété des produits et services commercialisés dans cette zone. Cette diversité des projets nécessitait une grande agilité face aux nouvelles problématiques rencontrées chaque jour !

Quel poste occupes-tu aujourd’hui et quels sont tes principaux défis ?

Depuis le début de l’année 2023, je suis en charge du contrôle de gestion (FP&A) pour l’Europe de l’Est. A ce titre, j’accompagne les directeurs généraux et le directeur financier de la zone dans l’atteinte de nos objectifs de performance. Mon poste a été créé récemment pour accompagner le monitoring de la profitabilité et de la trésorerie à la fois de nos contrats en cours d’exécution et de nos sites industriels dans cette région en forte croissance.

J’apprécie cette fonction qui fait le lien entre le siège et le terrain, mais aussi le défi d’accompagner la croissance et la transformation de cette région.

Es-tu en contact avec d’autres Alumni EY ?

Oui ! Je prends des nouvelles et revois régulièrement des personnes que j’ai connues chez EY. Certaines personnes sont devenues de bons ami(e)s !

De façon générale, je pense que nous avons été marqués par notre expérience chez EY, qui est riche tant sur le plan intellectuel que sur le plan humain.  Il est aussi toujours agréable de voir la belle évolution professionnelle des personnes que l’on a encadrées et de se dire qu’on y a pris part lors de leurs débuts.

Tu donnes depuis maintenant 10 ans des cours à l’EDHEC, l’école dont tu es diplômée. Qu’est-ce que cela t’apporte ?

J’ai commencé à enseigner 3 ans après avoir commencé à travailler chez EY. C’était un réel défi d’embarquer 50 étudiants en Master 2 en Corporate Finance qui avaient presque mon âge sur le sujet de l’audit externe. Les retours des étudiants étant positifs, on m’a proposé, 5 ans plus tard, de donner des cours sur les IFRS, nouveau défi car le sujet est plus complexe !

Les cours durant 7 heures d’affilée sur des sujets parfois techniques, il me semblait nécessaire d’alterner théorie et pratique en illustrant mes cours par des exemples et des exercices inspirés du terrain.

Cette expérience m’a permis de développer très tôt des soft skills qui me sont utiles sur le plan professionnel comme la prise de parole en public et la nécessité de faire preuve de pédagogie lors d’une présentation. Par ailleurs, la préparation des cours m’oblige à rester en veille sur les sujets techniques et d’actualité.

J’apprécie également les échanges que je peux avoir avec les étudiants au sujet de leur orientation professionnelle, ayant été à leur place par le passé.

Au regard de ton parcours, de ton expérience, quel conseil donnerais-tu aux jeunes consultant(e)s ?

Soyez curieux ! Même les sujets qui ne vous attirent pas au premier abord peuvent vous ouvrir de nouvelles portes ! Chez EY, on touche à beaucoup de sujets, on peut acquérir de nombreuses compétences et connaissances très rapidement.  Il ne faut pas hésiter à en profiter !

De quoi es-tu la plus fière aujourd’hui ?

D’avoir passé mon DEC en 2017 en « peak season » d’audit. J’ai rédigé mon mémoire en plein closing et j’ai fini dans le top 15 en France ! Ce diplôme qui certifie des compétences techniques a nécessité une grande organisation et surtout une grande résilience.

Je suis également fière de la diversité de mon parcours professionnel, avec des postes plus techniques et d’autres plus proches de l’activité opérationnelle, ce qui m’apporte aujourd’hui une vraie force dans mon métier.