Une jeunesse informée, ambitieuse et pragmatique
Si 87 % des jeunes préfèrent encore les grandes entreprises, leur fidélité n’est plus acquise : une trajectoire floue, une stagnation salariale ou une culture d’entreprise rigide suffisent à provoquer leur départ. Fini le temps de l’adaptation unilatérale : la génération 2025 attend que le système s’ajuste à elle.
Des paradoxes troublants
91 % des étudiants prônent l'égalité femmes-hommes et 88 % réclament un engagement écologique fort, mais seuls 18 % quitteraient une entreprise qui ne partage pas leurs valeurs. Un décalage qui illustre un rapport ambivalent aux enjeux sociétaux : si l'éthique est un prérequis, elle ne constitue pas un moteur de décision.
Autre enseignement marquant : la confiance en l’avenir est en recul. Si 74 % des jeunes restent confiants quant à leur insertion professionnelle, ce chiffre était de 80 % en 2022. L’inquiétude est particulièrement forte chez les étudiants français (67 % contre 84 % pour les étrangers), révélant un malaise national face aux perspectives d’emploi.
Une vision du travail entre ambition et bien-être
Le respect arrive en tête des valeurs plébiscitées (30 %), suivi de l'excellence et de l'engagement. Les jeunes veulent avant tout évoluer rapidement (75 % considèrent ce critère comme prioritaire), mais sans sacrifier leur bien-être : 55 % jugent qu’un bon management est essentiel à leur engagement.
Côté salaire, 48 % ne resteraient pas dans une entreprise sans revalorisation régulière, tandis que l'ambiance de travail est un facteur d’attraction majeur, notamment pour les femmes (62 % la considèrent comme un critère décisif, contre 55 % des hommes).
L’intelligence artificielle, entre enthousiasme et prudence
L’IA générative suscite un engouement croissant : 85 % des étudiants s’y intéressent, et 44 % se disent « très intéressés ». Cependant, l’enthousiasme est teinté de prudence : 92 % reconnaissent ses gains de productivité, mais 84 % s’inquiètent de la réglementation et 83 % des risques éthiques qu’elle soulève.
Les attentes en matière de formation sont fortes : 60 % comptent sur leur futur employeur pour les accompagner dans la maîtrise de ces outils stratégiques.
Attirer et fidéliser la génération 2025 : un défi pour les entreprises
Les employeurs doivent réinventer leur approche s’ils veulent capter et retenir ces talents exigeants.
Voici quatre pistes clés en réponse aux résultats du Baromètre Talents 2025 :
- Offrir des perspectives d’évolution rapide : donner des perspectives concrètes d’avancement dès la première année.
- Miser sur un management bienveillant : l’accompagnement est un facteur décisif de fidélisation.
- Valoriser une culture d’entreprise ouverte et inclusive : l’ambiance et le respect sont des piliers fondamentaux à leurs yeux.
- Investir dans la formation à l’IA : répondre aux attentes des jeunes en intégrant ces outils dans leur montée en compétences.
En conclusion, la génération 2025 ne transige pas : elle veut de l’ambition, du sens et un environnement de travail stimulant. Aux entreprises de s’adapter à cette réalité, sous peine de voir ces talents s’envoler vers… des horizons plus engageants.
Méthodologie du Baromètre Talents 2025
Pour la troisième année consécutive, l’étude a été menée du 6 janvier au 7 février 2025 par Opinionway pour SKEMA Business School et EY, auprès de 842 étudiants, issus de l’enseignement supérieur, principalement business schools et écoles d’ingénieur. L’objectif : explorer leurs aspirations professionnelles face à un marché du travail en mutation. Le baromètre analyse leurs attentes en matière de valeurs, d’évolution de carrière et d’engagement sociétal des entreprises. Cette édition met un accent particulier sur la diversité, l’équité et l’inclusion, ainsi que sur les critères influençant leurs choix d’employeur.
L’analyse de SKEMA Business School
Victor Charpignon, étudiant du programme Grande Ecole de SKEMA considère qu’“un travail qui a du sens, c’est un travail où je peux évoluer, avoir un impact et être justement rémunéré. Le mythe d’une génération qui ne cherche que l’impact est dépassé : on souhaite s’investir dans les combats sociétaux, mais pas à n’importe quel prix ! Ce qui compte, c’est un équilibre entre impact, perspectives de carrière et reconnaissance financière. Si une entreprise ne m’offre pas ça, la quête du sens n’a plus de sens.”
Lucie Fréon, étudiante du Programme Msc Business Consulting & Decision Intelligence livre également un constat clair : « travailler dans une entreprise qui place l’humain au centre de ses priorités est essentiel pour garantir des performances durables. Se reconnaître dans les valeurs de son employeur donne du sens au travail et renforce l’engagement ».
Amine Ezzerouali, professeur de Management des Organisations et Directeur du MSc Ressources Humaines Internationales et Gestion de la Performance à SKEMA, souligne le fait que « compte tenu des stéréotypes, voire des préjugés sur les jeunes, il est tentant de faire un raccourci en associant ambition et individualisme. Pourtant les résultats 2025 du baromètre viennent rappeler tout le contraire : les jeunes talents ont de fortes attentes en termes d’interaction sociale et d’action collective dès le début de carrière et le premier emploi. »
Pascale Viala, directrice du Corporate Office de SKEMA rappelle le fait que « grâce au Baromètre Talents, nous donnons la parole aux étudiants afin de mieux comprendre leurs aspirations professionnelles, leurs attentes en matière de travail et d’engagement. Ces données, précieuses pour les entreprises, leur permettent d’anticiper les évolutions du marché et d’adapter leurs stratégies d’attractivité et de management. En mettant en lumière les tendances de cette génération qui rejoindra bientôt le monde professionnel, nous espérons favoriser une réflexion collective sur les leviers à activer pour construire des environnements de travail en phase avec leurs ambitions.
L’analyse d’EY
Patrick Vincent-Genod, Associé Audit au sein d’EY met en avant le fait « qu’attirer les jeunes talents repose sur la capacité des entreprises à incarner des valeurs fortes, comme le respect, et également sur la promesse d’un apprentissage stimulant auprès des managers qui les forment, avec une rémunération attractive. L’Intelligence Artificielle générative est déjà parfaitement intégrée par cette génération, elle devient un levier clé pour enrichir l’apprentissage, optimiser leur travail et répondre à leurs attentes en matière d’innovation ».