Communiqué de presse
11 févr. 2025 

« ESG backlash », garder le cap de la transition écologique

Contacts presse

Dans cette note d'analyse de presse, Alexis Gazzo, associé EY, responsable du département Climate Change & Sustainability décryptent les vents contraires des politiques en matière d’environnement et donnent les raisons d’y croire et de garder le cap.

Alors que 2025 marque les dix ans de l’Accord de Paris, les signaux d’un recul des ambitions climatiques se multiplient, parfois de manière décomplexée…comment garder le cap pour les entreprises de cette transformation nécessaire vers des modèles économiques durables ?

Les contradictions entre les décisions prises à court terme et leurs conséquences à long terme sont au cœur des sujets de durabilité depuis toujours. Les retours de balancier suite aux périodes d’accélération de la transition écologique se sont répétés dans le passé. : le New York Times parlait déjà en 1970 de « Ecological Backlash », les États-Unis sont déjà sortis de l’Accord de Paris…Il faut redoubler d’efforts dans ces moments compliqués pour nous engager résolument dans la transformation de nos pratiques et de nos modèles.

En somme, « keep calm and decarbonize ».

De l’ambition à l’action

Tout d’abord, nous sommes passés « de l’ambition à l’action ». Cette phase opérationnelle de la transition passe notamment par des projets de décarbonation de sites industriels, de rénovation thermique des bâtiments, de redéfinition du portefeuille de produits. Ce sont des projets de transformation de l’outil de production avec des implications très impactantes en termes de mobilisation d’investissements, mais aussi de compétences et de formation. 

Si l’on regrette que la filière de l’hydrogène décarboné ne soit pas en mesure d’effectuer un « scale up » industriel rapide, rappelons-nous que la filière du gaz naturel liquéfié a mis plusieurs décennies à se structurer. Il devient clair que l’objectif fixé par le plan européen RePowerEU et ses 10 millions de tonnes d'hydrogène renouvelable produits en Europe est hors d’atteinte, étant donné que nous n’avons fait qu’à peine 3 % du chemin et qu’il nous faudrait installer 100 GW de capacités d'électrolyse d'ici à 2030 en Europe. Pour l’hydrogène comme pour bien d’autres sujets, nous sommes finalement en train de passer des ambitions de départ (parfois déraisonnables) à des objectifs plus réalistes, maintenant que nous sommes entrés dans la phase opérationnelle.

Ensuite, nous ne parvenons pas suffisamment à transformer notre ambition écologique en levier de développement industriel pérenne. Dans l’hydrogène, nous avons réussi à faire sortir de terre plusieurs « gigafactories » d’électrolyseurs et de piles à combustibles bien qu’elles soient aujourd’hui dans une « vallée de la mort » due à la demande qui tarde à décoller. Pour d’autres secteurs de la transition énergétique, ces derniers mois laisseront des traces. En particulier, l’annonce fin janvier de la fermeture de Photowatt, l'une des trois dernières usines françaises de composants de panneaux photovoltaïques, est emblématique de la difficulté à faire vivre une filière industrielle du solaire en France. Pourtant le potentiel est indéniable : ce sont en France 100 GW installés d’ici 2050 ainsi que chez nos voisins. De quoi continuer à espérer que les projets de grandes usines prévus en France se concrétisent.

« Pendant que les États-Unis financent, l’Europe régule », cette maxime souvent entendue rappelle que nous n’avons pas suffisamment travaillé la question des moyens de financement de la transition écologique. Contrairement aux États-Unis, nos contraintes d’endettement limitent nos marges de manœuvre. Pourtant, des moyens de mieux diriger l’épargne et les flux de capitaux en Europe existent. C’est d’ailleurs précisément dans le but de créer un nouveau référentiel de mesure de la performance environnementale et sociale que le règlement Taxonomie et la directive CSRD ont été adoptés. Il vise à fournir aux investisseurs une information fiable, précise et comparable. Le déploiement en cours de ces réglementations rappelle qu’aborder le sujet de la performance ESG uniquement sous l’angle de la conformité conduit inévitablement à n’en percevoir que les complexités, sans en saisir les opportunités. Si une simplification est nécessaire, faudrait-il pour autant revoir à la baisse nos ambitions en termes de fiabilité et de transparence de l’information extra-financière comme le proposent certains ? Comment expliquer alors la cohérence entre notre volonté de nous décarboner, tout en refusant les outils de mesure ?

Changer le récit de la transition écologique

À l’heure où les conversations climato-sceptiques pullulent sur les réseaux sociaux, nous devons également redoubler nos efforts sur le front de l’éducation, de l’information et de la sensibilisation. Mais au-delà de la fiabilité de l’information, comment faire de la transition écologique un récit pour mobiliser la société ? Cela doit être une des priorités du moment. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, le ministère de l’information britannique avait émis le célèbre slogan « keep calm and carry on » pour donner du courage à la population. Et si « keep calm and decarbonize » pouvait avoir le même succès ?

Les signes d’une évolution inéluctable nous entourent bel et bien si on y prête attention. Le Royaume-Uni a annoncé tourner définitivement la page du charbon en fermant en septembre la centrale de Ratcliffe-on-Soar. C’est un symbole important pour un pays qui a bâti son développement économique sur cette énergie. En Europe, la production électrique a enregistré une nette diminution de la part des combustibles fossiles (de 39 % à 29 %) entre 2019 et 2024 et inversement une forte augmentation de la part des énergies renouvelables (de 34 % à 47 %) sur la même période, depuis le lancement du Green Deal. Pour la première fois, la filière solaire a produit davantage d’électricité que les centrales à charbon en 2024 en Europe.

A propos de l’auteur

    Alexis Gazzo, 48 ans, est diplômé d’HEC (1995) et titulaire d’un DEA en économie de l’environnement (1996). Il débute sa carrière au Maroc pour la Commission Européenne et rejoint Arthur Andersen en 1998, puis EY en 2002. Spécialiste reconnu du secteur des énergies renouvelables et de l’hydrogène bas-carbone, Alexis Gazzo accompagne de nombreux industriels, investisseurs et opérateurs publics dans des démarches de transition énergétique et climatique ainsi que sur des projets de mesure de la performance extra-financière.

    Il intervient par ailleurs auprès d’organisations internationales, de gouvernements (France, Afrique du Nord et Moyen Orient) et de collectivités territoriales dans le développement de politiques énergie et climat ou de programmes publics de soutien publics aux technologies bas-carbones. Alexis Gazzo accompagne actuellement plusieurs grandes entreprises et acteurs publics dans la définition et la mise en œuvre de leur stratégie de transition énergétique et écologique. Alexis Gazzo est également membre de la Taskforce on Nature-related Financial Disclosures (TNFD) et de la Commission Climat de France Investissement.

    Aller plus loin

    L’ère post-cookies : le marketing digital repensé par les marques

    Dans cette note d’analyse de presse, les experts marketing digital d’EY Fabernovel, Lilia Sadiki et Alexandre Mahé décryptent les grands défis des marques à l’heure du sans cookies tiers.

    13 déc. 2024 Joachim Martin + 1

    Deux ans de ChatGPT : les prochains bouleversements ne viendront pas des grands modèles d’IA générative

    Dans cette note d’analyse de presse les experts d’ EY Fabernovel décryptent les mouvements stratégiques de ChatGPT pour ses deux ans et les grands bouleversements à venir de l’IA générative.

    02 nov. 2024 Nicolas Bouchez + 1

    EY annonce la création d’un nouvel espace exclusivement dédié à la transformation durable des organisations

    Découvrez l'EY impACT Lab à Paris, un espace dédié à la durabilité des organisations. Stimulant le débat, la cocréation et l'innovation pour des modèles durables.

    05 déc. 2023 Amélie Fournier
      You are visiting EY fr (fr)
      fr fr