Pour la 14ème année consécutive, Numeum et EY présentent les résultats du Top 250 des éditeurs de logiciels français, le panorama de référence du secteur. Cette année, 265 entreprises ont pris part à l’enquête et se sont confiées sur leur situation économique et leurs ambitions. Les éditeurs de logiciels français maintiennent une bonne dynamique avec une croissance plus modérée de 7,6 % en 2023 par rapport à l’année précédente. Cette dynamique est portée par l'innovation, avec notamment une adoption massive des IA génératives dans leur offre.
En 2023, la croissance des éditeurs de logiciels français a été plus mesurée, atteignant 7,6 % contre 10,6 % en 2022. Dans le même temps, 85 % des entreprises ont réalisé un chiffre d’affaires en croissance, témoignant d'une résilience généralisée dans un environnement économique pourtant complexe.
L’innovation et l’upselling portent la croissance : si l'innovation (33 %) et l'upselling (18 %) sont les stratégies de croissance privilégiées des éditeurs de logiciels, la croissance externe (12 %) représente également un levier important.
Un modèle économique pérenne : l’année 2023 a mis en lumière la résilience et la viabilité du modèle économique des éditeurs de logiciels : 82 % des éditeurs du panel ont enregistré un bénéfice d'exploitation.
L'intelligence artificielle, l’avenir du secteur : bien que l’investissement dans le cloud et le SaaS reste crucial chez les éditeurs français de logiciels (48 %), ce chiffre est en baisse sur un an (54 % en 2022). Ce changement s’est opéré au profit de l’intelligence artificielle, qui s’impose comme la priorité numéro un chez 22 % de nos répondants (contre 14 % en 2022) et 74 % des éditeurs la considère comme une des trois premières priorités technologiques en 2023 (contre 58 % en 2022), devant la cybersécurité. Par ailleurs, l'intégration de l'IA générative dans les offres des éditeurs est en pleine expansion : 40 % des répondants ont d’ores et déjà intégré l’IA générative dans leur offre, et 42 % l’ont prévu dans les deux prochaines années. Dans ce contexte, l’enjeu de formation des salariés à l’usage de l’IA est considérable avec seulement 16 % des entreprises qui ont formé plus de 50 % de leurs salariés.
La RSE gagne du terrain : la RSE (responsabilité sociétale des entreprises) est devenue un sujet prioritaire pour 78 % des éditeurs du panel et 82 % ont initié une démarche RSE structurée (vs. 75 % en 2022). Ces données illustrent clairement la prise de conscience et l'engagement croissant des éditeurs de logiciels envers ces enjeux RSE, avec un accent particulier sur la mesure de l'impact carbone : 57 % des éditeurs réalisent leur bilan carbone contre 44 % en 2022.
L'international, un enjeu stratégique qui reste difficile à relever pour une partie des éditeurs de logiciels français : si le niveau d’internationalisation reste relativement élevé et stable depuis 7 ans (56 % du chiffre d’affaires en 2023 contre 58 % en 2022), il est dépendant de la taille des entreprises. Les éditeurs affichant plus de 100 millions d’euros continuent leur expansion géographique avec 62 % du chiffre d’affaires à l’international en 2023. La situation est plus contrastée dans les entreprises de moins de 50 millions de chiffre d’affaires : certaines s’appuient très tôt sur le levier du développement international comme Braincube, qui réalise près de 80 % de son chiffre d’affaires à l’étranger, quand d’autres se concentrent sur le marché français, avec moins de 30 % du chiffre d’affaires réalisé à l'étranger en moyenne.
La croissance externe, un levier confirmé de développement : malgré les incertitudes relatives à l'environnement macro-économique, 54 % des éditeurs envisagent de réaliser une opération à l'avenir, chiffre constant par rapport à l’année dernière. Les éditeurs souhaitent faire évoluer leur empreinte à l’international puisque plus de 50 % du panel vise l’étranger pour la réalisation de leur prochaine opération de croissance externe.
L’autofinancement demeure un atout majeur : Comme l’année dernière, 91 % des éditeurs de logiciels français s’autofinancent, en lien avec leur capacité à dégager rapidement de la rentabilité opérationnelle.
Le second levier des éditeurs de logiciels français est l’endettement puisque 68 % déclarent y avoir recours pour financer leur développement. Ces leviers de financement sont stables.
Les talents restent une ressource clé pour les éditeurs de logiciels : les effectifs continuent de croître (+7 % pour la totalité du panel et +4 % pour les éditeurs pure player), signe de bonne santé et de dynamisme du secteur. La croissance des effectifs devrait se poursuivre en 2024, puisque 72 % des éditeurs de logiciels prévoient d’augmenter leurs effectifs en 2024. Cependant, les difficultés de recrutement subsistent : 71 % font face à des difficultés de recrutement et la parité homme/femme reste un défi en raison notamment d'un déficit de femmes à l’entrée des cursus de formation pour les métiers du digital au sens large. En effet, les éditeurs de logiciel comptent en moyenne 27 % de femmes dans les comités de direction et 34% dans l’effectif global.
Les cyberattaques, une menace constante : 62 % des éditeurs du panel ont fait face à une ou plusieurs tentatives d’intrusion dans leurs systèmes informatiques depuis le 1er janvier 2023. Le phishing et le malware sont les principales attaques rencontrées. Dans ce contexte, les éditeurs préfèrent confier l’hébergement des données à des spécialistes afin de pouvoir se concentrer sur leur métier et se protéger contre le risque de cyberattaques. 83 % d’entre eux font appel alternativement à des datacenters externes ou des fournisseurs cloud.
La R&D est un moteur essentiel de croissance : plus d’un tiers des effectifs totaux (34 %) sont consacrés à la R&D et les dépenses dans ce domaine représentent 22 % du chiffre d’affaires. Cet engagement en R&D est observé indépendamment de la taille de l'éditeur. Par ailleurs, 66 % des effectifs R&D du panel sont localisés en France. Cette forte concentration des activités de R&D sur le territoire français souligne l'efficacité des dispositifs d'incitation fiscale pour maintenir et développer l'innovation dans le pays.
Les dispositifs fiscaux, leviers majeurs pour l'innovation : Les éditeurs de logiciels français continuent de s'appuyer massivement sur les dispositifs fiscaux pour soutenir leurs efforts de recherche et d'innovation : 67 % d'entre eux ont eu recours au crédit d’impôt recherche (CIR) en 2023. Dans le même temps, le crédit d’impôt innovation (CII) est également adopté par les éditeurs de logiciels, puisque la majorité d’entre eux (59 %) ont déclaré avoir utilisé ce dispositif. C’est pourquoi, à l’occasion du projet de loi de finances 2025, Numeum et vingt organisations nationales et territoriales ont récemment rappelé l’importance de préserver les dispositifs de soutien à l’innovation. Des piliers de la création d’emplois et du développement de la propriété intellectuelle en France.
« L’activité des éditeurs de logiciels français, en croissance de 7,6 %, fait preuve d’une belle résistance face à la crise. Ce dynamisme est d’autant plus remarquable que les PME et ETI du secteur affichent des hausses à deux chiffres en 2023, avec 85 % des éditeurs ayant enregistré une croissance supérieure à celle de l’année précédente. Aujourd’hui, les éditeurs de logiciels français relèvent un nouveau défi : l’intelligence artificielle, qui devient une priorité technologique pour 74 % d’entre eux. Parmi eux, 40 % intègrent déjà des fonctionnalités d’IA générative dans leurs offres, tandis que 42 % envisagent de le faire dans les deux prochaines années. Ce rythme d’adoption, bien qu’impressionnant, devra encore s’accélérer pour rester compétitif à l’échelle mondiale et anticiper les transformations à venir des modèles économiques. Dans cette dynamique d’investissement soutenu en R&D, il devient essentiel de préserver les dispositifs de financement de l’innovation au niveau national, car le logiciel est appelé à jouer un rôle central dans l’adoption des IA génératives pour l’ensemble de notre économie », souligne Jean-Philippe Couturier, président du collège Editeurs et Plateformes de Numeum.
« À l’heure où les indicateurs opérationnels restent bien orientés et où le vent des défis technologiques
pousse le développement des éditeurs de logiciels, espérons que la crise du financement ne viendra pas limiter leur capacité d’investissement. Car l’intelligence artificielle, notamment, est nécessaire au maintien d’une croissance élevée dans un contexte d’évolution des modèles et de compétition internationale. » affirme Jean-Christophe Pernet, associé EY.