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Défaillances d’entreprises : Que faut-il espérer ou craindre en 2023 ?


EY et AU Group dressent un bilan des entreprises défaillantes en 2022 grâce aux données fournies par Allianz Trade et aux avis d’experts dans ce domaine



En résumé :

  • L’exercice 2022 semble se normaliser avec 41 020 défaillances constatées.
  • Parmi les principales défaillances, on retrouve Geoxia, Camaïeu ou Scopelec, en liquidation judiciaire ; Clestra Hauserman, en redressement judiciaire.
  • Depuis décembre 2022, nous constatons une remontée des défaillances, tendance qui devrait s’accentuer en 2023 avec une augmentation de 41% des défaillances.
  • Notre analyse quantitative des défaillances par région et par secteur est enrichie par une analyse qualitative grâce aux différents témoignages d’experts : Ludovic Subran, Chief Economist Allianz, Franck Sebag, Associé EY, Guillaume Cadiou, Délégué interministériel aux restructurations d'entreprise, Marc Delerue, Directeur Grand Comptes - AU Group et Alexandre Montay, Délégué Général – METI.

Après avoir atteint un plancher inédit en 35 ans en 2021 – seules 27 592 procédures collectives ont été enregistrées -, l’exercice 2022 semble se normaliser sans pour autant être comparable aux années pré-Covid, avec 41 020 défaillances constatées.

Ce retour à la normale n’est pas si surprenant. Dans notre étude publiée l’année dernière, nous constations en effet dès décembre 2021 une remontée des défaillances, marquée par une augmentation des dossiers en prévention et en conciliation notamment. En 2022, ce phénomène s’est donc confirmé, s’accélérant mois après mois. Quid de 2023 ? Selon Allianz Trade, la tendance devrait s’accentuer. Une augmentation de 41% des défaillances est attendue.

Parmi les principales défaillances déplorées en 2022, citons :

  • Geoxia (CA 261M€), Camaïeu (CA 300M€) ou Scopelec (CA 463M€), en liquidation judiciaire ;
  • Clestra Hauserman (CA 77M€), en redressement judiciaire.

Toutefois, la grande majorité des procédures collectives a surtout concerné des sociétés récentes et de petites tailles, structurellement plus fragiles que les autres.

Explosion du coût de l’énergie, remontée de l’inflation à des niveaux inédits depuis les années 80, ruptures des chaînes d’approvisionnement, flambée des prix des matières premières, revendications salariales, tensions sociales, hausse des taux d’intérêt… ces tendances macroéconomiques négatives, auxquelles s’ajoutent les incertitudes géopolitiques - conflit russo-ukrainien, guerre larvée entre Taïwan et la Chine… - pèsent sur le développement des entreprises qui doivent parallèlement faire face à une baisse des aides de l’État et se plier au remboursement des PGE accordés lors de la crise sanitaire pour résister à l’effondrement de l’activité économique.

Déjà, nous constatons une augmentation des demandes de rééchelonnement des PGE, via la médiation du crédit ou des procédures de conciliation en fonction de la taille des dossiers.

Une récession en 2023 est-elle une hypothèse crédible ? Elle semble faire consensus chez certains des économistes, que ce soit en France ou en Europe. Le premier semestre s’annonce donc délicat. Déjà, les activités de fusion-acquisition et de LBO donnent des signes de fragilité. Est-ce un signe avant-coureur ?

Pour étudier le profil des entreprises en difficulté en 2022, les secteurs et les régions les plus impactés par les défaillances et décrypter les tendances 2023, EY, leader du conseil et AU Group, le leader du courtage en assurance-crédit et financement de créances unissent leurs forces pour réaliser cette étude (à partir des données fournies par Allianz Trade) autour d’un panel d’experts : Ludovic Subran, Chief Economist Allianz, Franck Sebag, Associé EY Fast Growing Companies Leader EMEIA & Europe West, Guillaume Cadiou, Délégué interministériel aux restructurations d'entreprise, Marc Delerue, Directeur Grand Comptes - AU Group, expert en financement du poste clients et Alexandre Montay, Délégué Général - METI (Mouvement des Entreprises de Taille Intermédiaire).

TOP 10 des défaillances 2022

Les principales entrées en procédures collectives sont reprises dans le tableau ci-dessous.

Top 10 des entrées en procédure collective en 2022

Raison sociale

Secteur d’activité

Région

Dernière procédure en cours en 2022

Chiffre d'affaires (€)

Nombre d'employés

SCOPELEC

Fabrication d'équipements de communication

Languedoc-Roussillon- Midi-Pyrénées

Liquidation judiciaire

463 867 000

1 785

FINANCIERE DU ROULE (GEOXIA)

Activités des sociétés holding

Île-de-France

Liquidation judiciaire

261 282 000

1 639

LUDERIX INTERNATIONA

Autres commerces de détail spécialisés divers

Hauts de France

Liquidation judiciaire

210 995 947

1 180

CNIM GROUPE

Fabrication de fours et brûleurs

Île-de-France

Liquidation judiciaire

178 587 431

329

PLACE DU MARCHE

Commerce de détail de produits surgelés

Auvergne-Rhône-Alpes

Redressement judiciaire

164 528 520

1 666

CNIM ENVIRONNEMENT & ENERGIE EPC

Ingénierie, études techniques

Île-de-France

Liquidation judiciaire

92 937 134

48

OOGARDEN

Vente à distance sur catalogue général

Auvergne-Rhône-Alpes

Redressement judiciaire

88 754 284

213

SMARDTV GLOBAL SAS

Fabrication d'ordinateurs et d'équipements périphériques

Provence-Alpes-Côte d'Azur

Liquidation judiciaire

85 284 406

NC

SETELEN

Travaux d'installation électrique dans tous locaux

Auvergne-Rhône-Alpes

Redressement judiciaire

84 968 894

784

10 GEOXIA NORD OUEST

Construction de maisons individuelles

Hauts de France

Liquidation judiciaire

84 494 491

233

  • Sources :

    les données relatives aux défaillances ont été fournies par Allianz Trade. Seules les entreprises qui ont fait l’objet d’un premier jugement en 2022 sont retenues. Ainsi, Camaïeu, liquidation judiciaire emblématique de l’année 2022, n’apparaît pas dans nos analyses car la société avait ouvert un redressement judiciaire antérieur à 2022. Si une entreprise a ouvert plusieurs procédures collectives au cours de l’année 2022, seule la dernière procédure connue est prise en compte dans les statistiques présentées.

    Définition :

    chaque entreprise correspond à un SIREN et donc à une entité juridique.


Etude Défaillances 2023 – EY x AU Group



Ce qu'il faut retenir

Après avoir atteint un plancher inédit en 35 ans en 2021 – seules 27 592 procédures collectives ont été enregistrées -, l’exercice 2022 semble se normaliser sans pour autant être comparable aux années pré-Covid, avec 41 020 défaillances constatées.

Ce retour à la normale n’est pas si surprenant. Dans notre étude publiée l’année dernière, nous constations en effet dès décembre 2021 une remontée des défaillances, marquée par une augmentation des dossiers en prévention et en conciliation notamment. En 2022, ce phénomène s’est donc confirmé, s’accélérant mois après mois. Quid de 2023 ? Selon Allianz Trade, la tendance devrait s’accentuer. Une augmentation de 41% des défaillances est attendue.



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