Panorama de l’immobilier et de la ville - 6e édition - 2022

Panorama de l’immobilier et de la ville - 6e édition - 2022


La 6ème édition du Panorama de l’immobilier et de la ville, réalisée par EY avec la Fondation Palladio et Business Immo, décrypte la performance économique, les perspectives de recrutement et les défis de transformation environnementale d’une industrie incontournable de l’économie française.

En 2021, cette industrie a davantage rebondi que l'ensemble de l'économie nationale et a créé plus de 51 100 emplois malgré les conditions liées à la crise sanitaire. Les 644 dirigeants interrogés ont retrouvé leur optimisme et, pour la majorité d’entre eux, leur niveau d’activité d’avant la crise. Pour que cette croissance soit durable, l’industrie immobilière doit désormais endosser des responsabilités majeures et la lutte contre le changement climatique s’impose clairement comme l’enjeu stratégique n°1 à l’agenda des dirigeants. Sur cet enjeu, les dirigeants interrogés sont lucides et mesurent le chemin à parcourir pour être au rendez-vous de l’exigence climatique : si 82% des dirigeants disent que l’industrie a pris conscience des enjeux environnementaux, seuls 26% pensent que les actions déployées sont à la hauteur de l’urgence climatique.

1 - L'industrie de l'immobilier et de la ville a davantage rebondi en 2021 que l'ensemble de l'économie nationale

Part de l’immobilier et de la ville dans le PIB français en 2021
soit 266,9 Md€ de valeur ajoutée

panorama-immobilier

Après cinq années de croissance soutenue, l’industrie de l’immobilier et de la ville avait connu un net coup d’arrêt en 2020, principalement provoqué par le premier confinement, qui a considérablement freiné l’activité pendant plusieurs semaines. Les dirigeants interrogés ajoutent que les élections municipales, dont l’entre-deux-tours a duré plus de trois mois, ont fortement ralenti la délivrance de permis de construire.

En 2021, l’industrie a néanmoins rebondi sous l’effet de plusieurs facteurs. En premier lieu, elle a été l’objet d’un « effet rattrapage » des retards et des décalages accumulés pendant le premier confinement. Par ailleurs, le rebond s’explique par des fondamentaux conjoncturels qui sont restés solides (la demande des ménages, la confiance des investisseurs dans les actifs immobiliers, des taux bas et des liquidités abondantes), mais également les forts besoins de transformation des entreprises ou encore l’évolution des modes de consommation.

2 - Elle a créé plus de 70 000 emplois en 2020 et 2021, malgré les conditions liées à la crise sanitaire

Évolution annuelle nette du nombre d’emplois dans l’immobilier et la ville en 2020
(vs - 302 600 emplois salariés pour l’ensemble de l’économie)

Évolution annuelle nette du nombre d’emplois dans l’immobilier et la ville en 2021
En 2021, l’industrie de l’immobilier et de la ville devrait créer 51 100 emplois nets, poursuivant ainsi la dynamique de ces dernières années avec plus de 210 000 postes créés entre 2015 et 2020. En 2020, l’industrie avait créé près de 20 000 emplois en particulier grâce au secteur de la construction.

En 2021, l’industrie de l’immobilier et de la ville devrait créer 51 100 emplois nets, poursuivant ainsi la dynamique de ces dernières années avec plus de 210 000 postes créés entre 2015 et 2020. En 2020, l’industrie avait créé près de 20 000 emplois en particulier grâce au secteur de la construction.

Part de l’immobilier et de la ville dans le nombre total d’emplois en France en 2021
soit 2,3 millions d’emplois

3 - Les dirigeants ont retrouvé leur optimisme et, pour la majorité d’entre eux, leur niveau d’activité d’avant la crise

 

des dirigeants disent avoir retrouvé leur niveau d’activité d’avant-crise (i.e. de 2019).
Un tiers des dirigeants assurent même l’avoir dépassé

des dirigeants se déclarent optimistes pour les perspectives économiques de leur secteur

Illustration du rebond de l’industrie de l’immobilier et de la ville en 2021, 74 % des dirigeants disent avoir retrouvé leur niveau d’activité de 2019. Un tiers des dirigeants assurent même l’avoir dépassé. Les dirigeants de l’immobilier et de la ville sont également moins inquiets que l’ensemble des dirigeants d’entreprise en France (9 % vs. 19 %) et plus sereins (18 % vs. 13 %).

D’une manière générale, ils jugent que les fondamentaux économiques de leur industrie restent solides : demande des ménages et des entreprises, transformations profondes des modes de travail et de consommation, taux d’intérêt bas et des actifs immobiliers qui demeurent une valeur refuge pour les investisseurs.

Les dirigeants sont aussi conscients des défis auxquels l’industrie devra faire face dans les années à venir par exemple en matière d’augmentation de la production de logements neufs, de rénovation des passoires thermiques, de lutte contre le mal logement ou de transformation de l’immobilier d’entreprise.

4 - La lutte contre le changement climatique s’impose comme l’enjeu stratégique n°1 pour l’industrie de l’immobilier et de la ville

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Cette préoccupation s’impose notamment en raison de l’empreinte carbone de l’immobilier et de la ville à l'échelle nationale puisque la conception, la construction et l’exploitation des bâtiments génèrent près de la moitié de la consommation d’énergie finale et près d’un tiers des émissions de gaz à effet de serre en France.

Elle s’impose également compte tenu des dispositions réglementaires et législatives prises par les pouvoirs publics en faveur de la transition énergétique (décret tertiaire, RE 2020, MaPrimeRénov’, taxonomie verte, etc.) et qui nécessitent d'adapter les modèles économiques et la gestion des actifs.

L’injonction à agir émane enfin également des citoyens, des salariés et des jeunes diplômés poussant l’ensemble des professionnels de l’industrie immobilière à faire évoluer leurs stratégies, organisations, produits et services. À titre d'exemple, 75 % des Français ont à cœur d’avoir un logement respectueux de l’environnement et 62% d’entre eux déclarent accorder une place importante aux réflexions sur les impacts environnementaux et sociétaux dans leurs décisions de placements financiers.

5 - De la prise de conscience à l’action, les dirigeants jugent l’industrie de l’immobilier et de la ville à mi-chemin sur les enjeux climatiques

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Les dirigeants interrogés font état d’actions de plus en plus volontaristes qui se traduisent dans le fonctionnement des entreprises, dans le suivi des consommations des bâtiments ou encore dans les techniques de construction (matériaux biosourcés, usage de la paille, du bois, de la terre cuite, du béton bas carbone...).

Malgré ces avancées et cette prise de conscience, les dirigeants interrogés sont cependant lucides sur l’ampleur du chemin à parcourir par l’industrie immobilière pour être au rendez-vous de l’exigence climatique. Ils soulignent que le plus gros reste à faire et que l’ampleur des transformations à mener va nécessiter une implication de l’ensemble des professionnels publics et privés de la fabrique de la ville.

6 - Ils identifient 6 défis principaux pour faire face au compte-à-rebours climatique

  • Innovation

Les dirigeants interrogés soulignent l’importance de renforcer les capacités d’innovation et les budgets de R&D pour réussir à répondre aux enjeux environnementaux.

42% des dirigeants pensent que l’industrie de l’immobilier et de la ville est peu ou très peu innovante, en comparaison avec les autres filières économiques (31% s’agissant des étudiants) .

  • Compétences

Le niveau de technicité posé par le défi climatique demande une montée en compétences des équipes et de muscler les formations techniques, initiales et continues.

49% des dirigeants considèrent que les formations ne sont pas assez solides sur les enjeux liés à la transition écologique.

  • Modèle économique

Les dirigeants soulignent la nécessité de réinterroger les modèles économiques compte-tenu des coûts supplémentaires induits par les exigences environnementales.

+10% de hausse estimée des coûts de construction à court terme par les professionnels du bâtiment du fait de la mise en œuvre de la RE 2020.

  • Transformation organisationnelle

Afin de favoriser l’innovation et encourager un enrichissement mutuel, certaines entreprises prennent le parti de fusionner leurs services ESG et leurs services techniques. La transformation passe aussi par la diversification des recrutements.

48% des dirigeants disent recruter des collaborateurs venant du secteur de l’énergie pour travailler sur les sujets de transition écologique.

  • Décloisonnement

La complexité des projets impose de poursuivre les efforts engagés pour décloisonner les secteurs, les métiers, les savoir-faire, de l’amont à l’aval de la filière et avec d’autres secteurs (mobilité, énergie, agriculture, etc.).

100 métiers et 8 secteurs composent l’industrie de l’immobilier et de la ville en France.

  • Stabilité réglementaire et flexibilité

Les dirigeants appellent à une stabilité réglementaire voire à une certaine simplification dans l’acte de construire afin de lancer plus facilement des initiatives en faveur de la protection du climat et de l’intérêt général.

46% des dirigeants citent la rareté du foncier comme l’une des principales transformations vécues aujourd’hui sur le terrain.

7 - Les dirigeants expriment toujours de fortes intentions de recrutement afin de gérer la dynamique et la transformation de l’immobilier et de la ville

 

des dirigeants ont l’intention de recruter de nouveaux collaborateurs au cours des trois prochaines années

des entreprises proposent des CDI & recrutent des jeunes expérimentés, avec 3 à 10 ans d’expérience

des dirigeants déclarent être confrontés à des difficultés de recrutement

L’industrie de l’immobilier et de la ville retrouve des besoins élevés en ressources humaines et comparables aux années précédentes, sous l’effet du rebond de l’activité et d’un turnover important observé en 2021 par certains dirigeants. En conséquence, les dirigeants interrogés privilégient le CDI, ainsi que les stages, apprentissages ou alternances.

Plus des trois-quarts éprouvent des difficultés à trouver les bons profils et en quantité suffisante, ce qui place l’immobilier et la ville parmi les secteurs les plus affectés par cette situation que l’on retrouve dans toute l’économie française. Enfin, ils estiment que la concurrence s’est intensifiée au sein de l’industrie en 2021 et constatent une pression à la hausse sur les salaires, en particulier chez les cadres et les profils expérimentés.

8 - Les étudiants, une des cibles de ce recrutement, restent optimistes sur leur avenir dans les métiers de l’immobilier et de la ville


des étudiants interrogés se disent optimistes pour leur avenir
des étudiants regardant en priorité le niveau de rémunération lorsqu’ils cherchent un emploi

Deux ans après le début de la crise sanitaire, les étudiants se disent optimistes pour leur avenir et semblent plutôt confiants quant au rebond de l’activité et à la poursuite des recrutements dans l’immobilier et la ville.

Les attentes des étudiants portent avant tout sur le niveau de rémunération et le cadre de vie au travail. Des critères qui peuvent avoir été renforcés par la crise sanitaire, l’incertitude économique et le travail (ou les études) à distance.

Sources principales : enquête auprès de 644 dirigeants (octobre-novembre 2021) et de 522 étudiants de l’immobilier et de la ville (novembre 2021–janvier 2022), analyses et projections EY au 15/01/2022, Carbone4, ADEME, sondage opinionway auprès de 606 dirigeants (juin 2021), Rapport parlementaire du Sénat (Mars 2021)


Ce qu'il faut retenir

Avec 7,7% de croissance et plus de 51 100 emplois créés en 2021, l’immobilier et la ville a davantage rebondi que l’ensemble de l’économie française. Les dirigeants continuent d’exprimer de fortes intentions de recrutement, en particulier pour poursuivre les transformations à l’œuvre. Parmi elles, la lutte contre le changement climatique s’impose comme l’enjeu stratégique n°1 des dirigeants, qui reconnaissent que, dans ce domaine, le plus gros reste à faire.

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