Constitution familiale
Selon Eric Van Hoof, deux tendances contribuent à la prise de conscience que le tour de la jeune génération est venu. “La première est celle des concepts ESG de durabilité, d'impact social et de gouvernance d'entreprise. Des concepts que la génération plus âgée ne maîtrise peut-être pas aussi bien. Il en va de même pour la numérisation. Pensez à l'évolution extrêmement rapide des communications, et notamment des médias sociaux.”
Dans la pratique, il y a toujours une raison de commencer à réfléchir à la professionnalisation et à la gouvernance familiale, note-t-il. “Il peut s'agir d'une situation difficile, comme un décès ou un accident. Mais la discussion peut aussi s'ouvrir simplement parce qu'on en parle davantage, par exemple grâce à notre « Family Business Award of Excellence® ». En outre, les baby-boomers arrivent en fin de parcours professionnel. C'est un élément déclencheur potentiel qui gagnera en importance dans les cinq prochaines années.”
Un bon exemple de gouvernance familiale est la rédaction d'une charte familiale. Une sorte de “constitution” qui précise les conditions d'accès à l'entreprise. “Il faut bien sûr élaborer des règles, mais c'est aussi utile pour apprendre à parler de choses délicates, ce qui n'est pas nécessairement dans la nature des Belges”, note Liesbeth De Ridder.
Philippe Haspeslagh reconnaît la dimension cruciale de ces conversations. “Lors d'une transition entre générations, il faut savoir ce qu'il faut préserver des racines de l'entreprise, de ses valeurs et de sa vision, et ce qu'il faut changer. Je pense que la génération plus âgée a parfois peur que la jeune génération veuille tout changer trop rapidement. Les jeunes, en retour, n'expriment pas toujours ce qu'ils apprécient du passé et ce qu'ils veulent en conserver. Ils devraient en parler davantage les uns avec les autres. La génération plus âgée pourrait alors lâcher prise plus facilement.”