- Dans un contexte de baisse globale des investissements directs étrangers (IDE) en Europe, la Belgique a réussi à attirer un total de 215 investissements en 2023, ce qui représente une diminution de 8 % par rapport à 2022.
- Mais comme on constate des baisses un peu partout sur le continent, notre pays gagne une place et progresse de la 9ème à la 8ème place dans le classement européen.
- La baisse des investissements cache cependant une chute notable du nombre d’emplois créés, qui a reculé de 39 %.
C'est ce qui ressort de , une étude annuelle menée par EY pour mesurer l’attractivité de la Belgique en tant que terre d’investissement. EY est convaincue du potentiel de reprise et de croissance de l’Europe, mais souligne que la Belgique devra travailler sur son attractivité au sein de ce marché européen.
Les investissements directs étrangers (IDE) ne se redressent toujours pas complètement après la pandémie. Une fois de plus, l’explication se trouve dans la décélération des investissements internationaux en raison d’une croissance économique décevante, d’une inflation élevée, de la montée des tensions géopolitiques dans le monde et de la persistance des prix élevés de l’énergie. Ces tensions se font sentir à travers toute l'Europe. Les dix pays qui reçoivent le plus d’investissements ont presque tous enregistré une baisse en 2023. Seuls la Turquie (+ 17 %), les Pays-Bas (+ 7 %) et le Royaume-Uni (+ 6 %) ont réussi à progresser. L’Allemagne et l’Italie, où les investissements directs étrangers ont chuté de 12 % chacun, sont les deux pays qui enregistrent la plus forte baisse. En Belgique, le recul a été relativement limité (- 8 %), ce qui permet à notre pays de gagner une place dans le top 10.
Si l’on examine les IDE par secteurs et par domaines d’activité, la Belgique s’aligne globalement sur les tendances observées à l’échelle européenne. Mais alors que l’Europe a enregistré des baisses dans ses plus grands secteurs d’investissement – les logiciels et les services informatiques, ainsi que les services commerciaux et professionnels – respectivement de 19 % et 27 %, la situation de la Belgique est plus contrastée. Seul le secteur des logiciels et des services informatiques a connu une baisse, tandis que le secteur des services professionnels et des services aux entreprises a connu une augmentation. Avec un total de 40 projets, ce secteur arrive en tête des IDE, suivi par le secteur des transports et de la logistique et par le secteur pharmaceutique.
L’industrie manufacturière a bien résisté, tant au niveau européen que belge
L’investissement dans l’industrie manufacturière a bien résisté dans toute l’Europe, ne reculant que de 1 %. En Belgique, l’industrie manufacturière est devenue le principal moteur des IDE avec 63 projets, soit une forte augmentation par rapport à l’année dernière, contrairement aux autres domaines d’activité qui ont connu des baisses. La logistique, auparavant comparable à l’industrie manufacturière en termes de nombre de projets, est tombée à 41 projets, et est désormais dépassée par les services aux entreprises, qui ont attiré 46 projets. Tant au niveau européen que belge, les investissements dans l’industrie manufacturière ont très probablement été maintenus afin de répondre à l’augmentation attendue de la demande des consommateurs. Les efforts de restructuration des chaînes d’approvisionnement et de déplacement des bases de production vers l’Europe ont également contribué à maintenir ces niveaux d'investissement.
Les chiffres de l’emploi, en revanche, sont moins bons. Le nombre d’emplois associés aux 215 investissements s’élève à 4.918, ce qui représente une baisse substantielle de 39 % par rapport à l’année précédente. Dans le reste de l’Europe aussi, la création d’emplois a diminué plus fortement que le nombre d’investissements, avec des baisses respectives de 9 % et de 5 %. C’est surtout le secteur des services qui a vu le nombre de nouveaux emplois diminuer, tandis que la création d’emplois dans l’industrie manufacturière s’est maintenue.
La France a détrôné les États-Unis en tant que premier investisseur en Belgique
L’origine des investissements directs étrangers en Belgique est en constante évolution. L’année dernière, la France a détrôné les Etats-Unis en tant que principale source d’investissement en Belgique. Nos voisins du sud ont représenté un total de 38 projets, tandis que les Etats-Unis en ont enregistré 29. Cette baisse peut s’expliquer par le succès de l’Inflation Reduction Act (IRA) américaine, qui a peut-être détourné une partie des investissements de l’Europe vers les États-Unis. En conséquence, le nombre de projets annoncés par les entreprises américaines en Europe a chuté de 15 % en 2023. Par ailleurs, d’autres tendances se confirment. Par exemple, les investissements en provenance du Royaume-Uni continuent de baisser, passant de 27 en 2022 à 18 l’année dernière. Le Japon, en revanche, continue de progresser dans le classement des investisseurs en Belgique, terminant l’année 2023 avec 14 projets d’investissement.
« Dans une année marquée par un déclin général en Europe, la Belgique n'a fait que légèrement mieux que la plupart de ses voisins. Dans les années à venir, il sera crucial de s'attaquer au déclin de l'emploi lié aux investissements étrangers et de soutenir de manière adéquate les secteurs à forte intensité de main-d'œuvre et l'innovation. Des mesures urgentes doivent également être prises pour garantir que l'Europe reste compétitive face à une concurrence de plus en plus rude. Il suffit de penser à l’Industrial deal and Critical Raw Materials Act, par exemple », commente Tristan Dhondt, associé chez EY Belgium.
L’optimisme par rapport à l’Europe est nettement plus élevé qu’avant la pandémie
Comme chaque année, EY a également interrogé les décideurs internationaux sur leurs intentions d’investissement pour l’année à venir. Cette étude de perception montre que malgré un contexte géopolitique toujours très tendu, la confiance des investisseurs dans l’Europe s’est considérablement améliorée. Environ 72 % des entreprises interrogées prévoient de démarrer ou d’étendre leurs activités en Europe en 2024. L’année dernière, ce chiffre était de 65 %. Toutefois, en Belgique, le pourcentage d’entreprises prévoyant de démarrer ou d’étendre leurs activités a légèrement diminué. Alors que l’année dernière, 61 % des entreprises interrogées avaient de tels projets, ce chiffre est tombé à 59 % cette année. Les principales motivations pour s’établir ou s’étendre en Belgique sont l’accès à de nouveaux marchés et clients (38 %), l'optimisation des chaînes d’approvisionnement et de la logistique (37 %) et la saisie des opportunités offertes par les nouvelles technologies (31 %).
Pas moins de 75 % des personnes interrogées s’attendent à ce que l’attractivité de l’Europe s’améliore au cours des trois prochaines années. Lors de la même enquête l’année dernière, ce chiffre s’élevait à 67 %. L’optimisme des investisseurs est donc nettement plus élevé qu’avant la pandémie. De même, l’optimisme prévaut en Belgique en ce qui concerne l’attractivité du pays au cours des trois prochaines années. Cette année, 66 % des personnes interrogées prévoient une amélioration de l’environnement d’investissement en Belgique, contre 58 % l'année dernière. Cependant, ils soulignent également plusieurs risques : des niveaux élevés de dette publique ayant un impact sur les impôts, un marché du travail tendu dans certaines régions, et des défis liés aux difficultés des chaînes d’approvisionnement.
« Le paysage européen de l’investissement montre des signes de reprise, avec un optimisme accru quant à l’attractivité future. Cependant, la Belgique a vu diminuer son attrait à court terme en tant que destination d’investissement. Bien que les perspectives à long terme restent positives, des actions immédiates sont nécessaires pour répondre aux préoccupations liées à une dette publique élevée et à un marché du travail tendu, qui ont un impact sur notre position concurrentielle », souligne , associée chez EY Belgium.
-Fin du communiqué de presse-
À propos du Baromètre de l’Attractivité belge 2024
Les études d'attractivité menées par EY analysent l'attractivité de régions ou de pays spécifiques en tant que destinations d'investissement. Une double méthodologie analyse à la fois la réalité et la perception des investissements étrangers directs par pays ou par région.
- L'évaluation de la réalité des investissements directs étrangers en Europe repose sur l'EY European Investment Monitor (EIM), une base de données propre à EY.
- Pour la Belgique, l'étude de terrain a été menée par Longitude en février et mars 2024 via des entretiens en ligne, sur la base d'un panel représentatif de 200 décideurs internationaux. Pour l’ Europe, l'étude de terrain a été menée par Longitude en février et mars 2024 via des entretiens en ligne, sur la base d'un panel représentatif de 500 décideurs internationaux.
À propos d’EY
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