Retour à la page d’accueil Femmes leaders dans le secteur minier

 

Regardez l’entrevue accordée par Jennifer Maki, membre des conseils d’administration de Pan American Silver Corp., de Baytex Energy Corp. et de Franco-Nevada Corporation, durant laquelle elle parle des possibilités qui lui ont été offertes et des leçons apprises tout au long de sa carrière.

 

La série vidéo Femmes leaders dans le secteur minier présente des modèles féminins qui, en partageant leur parcours professionnel et les leçons apprises, visent à inspirer et à faire progresser les femmes leaders de demain dans le secteur.

 

 

Jennifer Maki, membre des conseils d’administration de Pan American Silver Corp., de Baytex Energy Corp. et de Franco-Nevada Corporation.

Stephanie Porter : Nous sommes avec Jennifer qui nous parlera des femmes dans le secteur minier. Bienvenue.

Jennifer Maki : Merci. C’est un plaisir de pouvoir en parler.

Stephanie Porter : Nous aimerions en savoir plus sur votre carrière et tout particulièrement sur les facteurs qui vous ont aidée à atteindre vos objectifs.

Jennifer Maki : Pour parler un peu de ma formation et de mon expérience, j’ai un baccalauréat en commerce de l’Université Queen et je suis comptable agréée. J’ai travaillé dix ans pour un autre des Quatre Grands, d’abord dans divers secteurs, puis j’ai trouvé ma place dans celui des mines. J’avais un gros client à l’époque, Inco Ltd., et je crois que ce qui m’a attirée dans le secteur minier, c’était qu’il y avait toujours des opérations intéressantes et complexes, comme du financement, des F&A.

C’est vraiment là que ma passion pour ce secteur est née. En 2003, j’ai été embauchée par Inco. Puis en 2006, Inco a été acquise par Vale et à ce moment, plusieurs de mes collègues sont partis. J’ai choisi de rester et c’était le bon choix puisque j’ai eu accès à des possibilités de carrière qui ne m’auraient autrement pas été accessibles si tôt.

J’ai donc travaillé sept ans comme chef des finances de Vale Base Metals, trois ans comme directrice générale de Vale Base Metals et chef de la direction de Vale Canada, puis à la fin de 2017, j’ai décidé que j’avais besoin de changement et je suis devenue administratrice de sociétés. Je suis maintenant membre des conseils d’administration de Franco-Nevada, de Pan American Silver et de Baytex Energy.

Stephanie Porter : Merci, c’est très intéressant. Parlez-nous des leçons que vous avez apprises et qui selon vous, ont vraiment fait progresser votre carrière.

Jennifer Maki : D’abord, j’ai travaillé vraiment fort. Et je connais beaucoup de gens qui travaillent très fort, mais l’une des principales leçons que j’ai apprises est que je ne craignais pas d’essayer de nouveaux rôles ni de participer à des projets qui m’effrayaient un peu. Lorsqu’on n’est pas à l’aise dans un rôle ou un projet, ça veut dire qu’on progresse réellement.

J’ai parfois eu besoin qu’on me pousse à prendre un rôle ou à commencer un nouveau projet. J’ai eu de formidables mentors et des personnes qui m’ont poussée à prendre des rôles difficiles qui m’ont permis de vraiment m’épanouir. Alors j’encourage à foncer tous ceux qui occupent un poste ou qui en envisagent un et qui se sentent mal à l’aise, car c’est probablement celui qui fera progresser votre carrière.

Stephanie Porter : Excellent conseil. Vous avez mentionné des modèles et des mentors, pouvez-vous nous en dire plus sur ceux qui vous ont aidée à devenir la leader que vous êtes?

Jennifer Maki : Les leaders ou les personnes qui m’ont le plus influencée dans ma carrière travaillaient aussi à Inco. Il y a eu deux hommes en particulier, l’un était mon supérieur, l’autre un membre de la haute direction. Ils m’ont transmis les leçons qu’ils avaient apprises au fil du temps afin que je ne répète pas leurs erreurs.

Ils ont aussi fait en sorte que je me sente appuyée et que je participe à des projets qui présentaient des possibilités de perfectionnement. Je dois plusieurs de mes réussites à des hommes pour lesquels j’ai travaillé et qui ont été des mentors et des leaders.

Stephanie Porter : Ces leçons apprises sont certainement encore pertinentes pour les femmes aujourd’hui. Si vous pouviez revenir en arrière et vous adresser à celle que vous étiez à 20 ans, quels conseils lui donneriez-vous?

Jennifer Maki : Je lui dirais trois choses. La première, c’est d’avoir davantage confiance en elle, de croire en ses capacités, car j’ai souvent douté de moi et me suis crue incapable de réussir.

Puis, quand on y pense et qu’on regarde en arrière, on peut se surprendre. Alors, il faut se débarrasser de ce manque de confiance. J’ai souffert du syndrome de l’imposteur, et j’ai beaucoup travaillé pour m’en libérer.

Enfin, je crois que retenir les services d’un coach de carrière peut être d’une grande utilité. J’aurais aimé savoir ça plus tôt. Au cours de ma carrière, j’ai eu un coach qui m’a beaucoup aidée dans la vie et qui m’a aidée à relever les défis que certains rôles ont représenté et qui m’ont fait douter de moi. Une personne à qui je pouvais confier ce que je ressentais ou ce qui me troublait et à qui je pouvais m’adresser si je voulais me lancer dans quelque chose d’inconnu sans savoir comment m’y prendre. Le fait d’avoir un avis objectif s’est révélé très précieux.

Stephanie Porter : Je crois que ce sont les personnes les plus accomplies qui souffrent habituellement du syndrome de l’imposteur. Et c’est malheureusement plus courant chez les femmes. Vous avez parlé des défis que vous avez dû relever et du coach de carrière qui vous a aidée. Selon vous, quels sont certains des défis actuels du secteur sur lesquels il faut se pencher pour que les femmes réussissent?

Jennifer Maki : Tout d’abord, il faut attirer les femmes dans le secteur minier. Ce n’est pas un premier choix de carrière pour probablement 90 % des femmes. Ainsi, il faut s’y prendre tôt dans la vie d’une personne pour l’intéresser aux mines. Que ce soit au primaire ou au secondaire, il faut qu’il y ait des femmes dans les cours de sciences, de technologies, d’ingénierie et de mathématiques (STIM) pour susciter cet intérêt. Lorsque vous cherchez un emploi, vous pensez à une carrière future. Alors, renforcer le rôle des femmes en STIM est important Le deuxième défi pour le secteur est d’attirer de jeunes talents, hommes ou femmes. Les jeunes actuels veulent changer le monde Alors, il faut leur montrer comment le secteur minier change et influence le monde de manière positive. C’est vraiment important.

 L’autre défi concerne les préjugés probablement inconscients que l’on a à l’égard du secteur minier. Il faut s’intéresser aux pratiques d’embauche, notamment, car les femmes sont probablement évaluées selon des critères plus sévères que les hommes pour certains rôles.

Nous avons du travail à faire pour changer les pratiques d’embauche, peu importe l’étape de la carrière, et pour intégrer les femmes dans le secteur dès le début.

Stephanie Porter : Vous avez raison. Il faut qu’on revoie nos préjugés, qu’on ait de bons processus de recrutement et qu’on intègre les femmes dans le secteur. Vous avez travaillé à bien des endroits, alors lorsque des femmes entrent dans une entreprise, quels sont certains des éléments qui mènent à l’épanouissement de leur carrière?

Jennifer Maki : Ça commence au tout début de la carrière. Bien des entreprises minières auxquelles j’ai eu affaire mettent vraiment l’accent sur l’embauche de femmes et à tous les échelons. La société l’exige, elle demande aux entreprises minières de recruter une main-d’œuvre plus diversifiée. Et je pense que c’est une bonne chose.

 De l’intérieur, on voit des entreprises qui s’efforcent de mettre en œuvre des politiques de ressources humaines visant à maintenir en poste les femmes tout au long de leur carrière. On peut embaucher des femmes dans une entreprise minière, mais au fil du temps, elles la quittent pour diverses raisons. Ces entreprises adoptent des politiques en matière de travail flexible et de congé de maternité offrant un soutien accru.

On s’attarde aussi aux personnes promues et retenues, et c’est étroitement surveillé à la haute direction et au conseil d’administration. Selon moi, ce qui est mesuré est réalisé, de façon à ce que la haute direction et les conseils d’administration, en se concentrant sur la diversité de la main-d’œuvre et les promotions de femmes à des échelons supérieurs, aident à surmonter certains des obstacles auxquels nous avons été confrontées.

Enfin, l’automatisation y a joué un rôle. À mesure que des emplois souterrains sont automatisés, d’autres sont créés à la surface. Et comme il y a de plus en plus d’emplois en surface et à distance, il est plus facile de retenir une meilleure proportion des effectifs féminins de tous âges, car ces femmes trouvent l’équilibre avec leurs autres responsabilités.

Stephanie Porter : Oui, ça me semble logique. Alors, comme les entreprises agissent et font la bonne chose en embauchant plus de femmes, en les appuyant, en leur offrant du mentorat, en les retenant et en les parrainant, nous aurons beaucoup plus de femmes accomplies dans le secteur. Quelle importance accordez-vous à la présentation de la carrière de femmes qui ont une grande influence? Avez-vous constaté des changements dans le secteur sur ce plan?

Jennifer Maki : Ça revient aux principes de base. Si on peut le voir, on peut le croire. Alors, voir des femmes à des postes seniors et atteindre une masse critique de femmes à des postes subalternes sont des éléments importants, car si on ne le voit pas, on ne le croit pas, on n’y pense même pas.

Ce sont nos grands-pères qui ont travaillé dans le secteur minier, pas nos grands-mères. Alors, espérons qu’avec l’évolution des dernières années, ça change. Plus on verra de modèles de femmes fortes dans le secteur et plus les femmes le trouveront attirant. Je crois sincèrement que ça change. Lorsque j’étais chef des finances et chef de la direction, il y avait très peu de femmes dans la haute direction de ce secteur.

Aujourd’hui, il y en a plus, et on peut faire encore mieux, on est sur la bonne voie On voit aussi plus de femmes aux conseils d’administration d’entreprises du secteur minier. Encore une fois, c’est en partie la société qui l’exige, c’est bien et ça doit se poursuivre. Il faut féliciter les entreprises comme BHP qui se sont engagées il y a quelques années à ce que 50 % de leur main-d’œuvre soit composée de femmes d’ici le milieu des années 2020. Ça aurait été impensable il y a dix ans.

Lorsqu’on voit des entreprises s’affirmer et devenir chef de file en la matière, il faut les applaudir et les appuyer.

Stephanie Porter : En effet. Vous avez parlé du bien-être, de l’équilibre travail-vie privée et de la manière dont le secteur change. Qu’est-ce qui se fait dans le secteur relativement au bien-être et à l’innovation, plus particulièrement pour les femmes?

Jennifer Maki : Le secteur dans son ensemble n’a jamais été reconnu comme étant très innovateur, mais ça change. La société exige que le secteur change et c’est une excellente chose. Si on pense au monde actuel, il est propulsé par l’électrification, et cette électrification doit se faire non seulement dans tout le processus minier, mais aussi en ce qui a trait aux métaux qui en sont issus, et ce sont ces métaux qui alimentent cette nouvelle économie de l’électrification.

Alors lorsqu’on observe le processus d’exploitation minière, il fait l’objet d’innovation, il est repensé et transformé en ce moment même. Et il ne s’agit pas seulement des camions ou de la méthode d’exploitation sans rails qu’on utilise actuellement, mais aussi du déroulement du processus. Si on s’attarde au schéma de procédé des usines de transformation, ils sont revus pour réduire ou éliminer les émissions de gaz à effet de serre produits. Alors je crois qu’on s’en va dans la bonne direction, mais le secteur a mis beaucoup de temps pour y arriver.

Stephanie Porter : Vous êtes la personne idéale pour répondre à ma question parce que vous êtes vous-même une pionnière qui a grandement influencé le secteur. Que doivent faire les femmes pour devenir des pionnières et se tailler une place dans le secteur minier?

Jennifer Maki : C’est assez simple, si vous faites du bon travail, il sera remarqué. Vous ne vous en rendrez peut-être pas compte, mais vous êtes une source d’inspiration pour la prochaine génération de leaders quand vous relevez de nouveaux défis, que vous réussissez, que vous changez les processus. Ils vous voient transformer l’entreprise. Que ce soit dans votre domaine à la mine, dans une fonction de soutien aux ressources humaines responsable de la mise en œuvre d’une nouvelle politique qui permet de maintenir plus de femmes dans l’effectif. Ou encore le conseil d’administration. L’un des conseils dont je suis membre a élu une présidente et c’est une entreprise minière. C’est rare qu’on voie cela. Il y a beaucoup de choses pour inspirer la prochaine génération de leaders, hommes et femmes.

Stephanie Porter : C’est certain. Je vais conclure avec une question palpitante : que réserve l’avenir du secteur minier aux femmes qui l’intégreront?

Jennifer Maki : Il n’y a jamais eu de meilleur moment pour elles dans le secteur minier. La société exige que les entreprises du secteur des mines aient une main-d’œuvre et une équipe de direction plus diversifiées. Les possibilités d’épanouissement et de perfectionnement tout au long de votre carrière ainsi que les chances d’avancement sont meilleures aujourd’hui qu’elles ne l’ont probablement jamais été.

Le travail que les entreprises minières doivent faire au cours des prochaines années représente des défis intéressants, que ce soit d’automatiser le processus minier, de revoir le schéma de procédé, de mettre en marché de nouveaux métaux dans un nouveau monde écologique, de poursuivre l’exploitation alors que nous allons plus profondément ou plus loin et que de nouveaux problèmes se présentent,

et que de nouveaux problèmes se présentent, ou encore de mettre en œuvre de nouveaux projets pour répondre à la demande croissante des métaux pour les batteries. Le potentiel est grand et j’espère que les femmes vont saisir ces occasions parce que, je le répète, il n’y a jamais eu de meilleur moment pour les mines et pour les femmes dans le secteur minier.

Stephanie Porter : Merci d’avoir répondu à mes questions. C’est important pour nous, pour moi. C’est excellent pour les femmes d’entendre votre histoire, pour celles qui sont déjà dans le secteur minier comme pour celles qui songent à l’intégrer.

Jennifer Maki : Merci de m’avoir accueillie.

Communiquez avec nous

Vous avez aimé?  Communiquez avec nous pour en savoir davantage.