4 minutes de lecture 24 août 2023

Canada must double down on the programs that encourage consumers to buy electric vehicles to achieve its zero-emissions goal by 2035.

Personne procédant à la recharge de sa voiture

Les parties prenantes du secteur des véhicules électriques doivent collaborer pour progresser au Canada

Par Jennifer Rogers

Leader nationale, Automobile et transports, EY Canada

Mener les gens et les produits à destination – plus efficacement, plus rapidement et plus intelligemment – dans un monde en évolution rapide.

4 minutes de lecture 24 août 2023

Le Canada doit redoubler d’efforts pour encourager les consommateurs à faire l’acquisition de véhicules électriques afin d’atteindre la carboneutralité d’ici 2035.

Auteurs : Jason Clifton | associé, Mobilité électronique, Reef Hamadah | conseiller senior, Mobilité électrique

En bref :

  • Même si l’adoption des véhicules électriques est en hausse au Canada, de nouvelles études font état de difficultés importantes qui font hésiter les consommateurs à prendre ce virage.
  • Afin de renforcer la confiance des consommateurs et de favoriser l’atteinte des objectifs environnementaux à long terme du Canada, les parties prenantes doivent collaborer pour améliorer l’infrastructure de recharge et l’expérience utilisateur, et pour s’attaquer aux défis liés à la chaîne d’approvisionnement.

L’adoption des véhicules électriques (VE) augmente d’année en année au Canada. Néanmoins, la question reste entière : le virage se produit-il assez rapidement pour permettre au Canada d’atteindre ses objectifs nationaux et environnementaux consistant en ce que les VE représentent 100 % des ventes de véhicules légers? Des préoccupations concernant l’infrastructure de recharge, l’expérience utilisateur et la chaîne d’approvisionnement pourraient très bien nuire à l’atteinte de ces objectifs. Le Canada se voit offrir une occasion unique de se concentrer sur l’évolution de la confiance des consommateurs afin d’obtenir des résultats significatifs sur le plan de la transition énergétique au pays. La clé? Refuser de laisser passer cette occasion.

Au Canada, la confiance des consommateurs à l’égard des VE gagne du terrain et leur adoption arrive à maturité. En chiffes, l’indice EY de la mobilité des consommateurs 2023 indique que 52 % des Canadiens ont l’intention de faire l’acquisition d’un véhicule entièrement électrique, hybride rechargeable ou hybride au cours des prochaines années. De plus, 75 % des répondants indiquent qu’ils paieraient jusqu’à 30 % plus cher pour faire l’acquisition d’un VE, ce qui témoigne d’un changement important dans l’opinion des consommateurs. Il s’agit d’une hausse de 6 % des intentions d’achat par rapport à 2022.

Qu’est-ce qui sous‑tend ce regain d’intérêt et cette hausse de l’adoption? Le prix élevé de l’essence est le principal facteur de motivation des acheteurs possibles de VE au Canada, mais ce n’est qu’une pièce du casse‑tête. Les préoccupations d’ordre environnemental (36 % des répondants) amènent les consommateurs canadiens à envisager l’achat d’un VE.

Avec la hausse de l’adoption, des difficultés liées à l’expérience du consommateur font surface au Canada et ailleurs dans le monde. Cette réalité donne lieu à des difficultés qui empêchent les Canadiens d’adopter les VE à grande échelle. Qu’en ressort‑il?

Il semble être fastidieux d’accéder à de l’information sur les véhicules et leur recharge, et l’information trouvée peut être morcelée ou difficile à comprendre. Les consommateurs s’épuisent donc à tenter de faire des recherches fructueuses au sujet des VE.

Le marché souffre d’un manque de clarté quant aux coûts d’acquisition initiaux, aux remises et à la fiabilité, tandis que des difficultés concernant la revente et les mauvaises expériences avec les réseaux de recharge persistent.

En approfondissant ces constatations, nous découvrons une foule de thèmes connexes, notamment la question de savoir si une meilleure collaboration entre les ordres de gouvernements, les services publics, les fabricants d’équipement d’origine (FEO) et les entités privées pourrait améliorer l’expérience d’acquisition, de possession et de conduite d’un VE.

Les données vont assurément dans ce sens. Bien qu’il soit important de mettre en place une infrastructure de recharge plus complète afin de favoriser l’ampleur et la durabilité de l’adoption des VE au Canada, les FEO, les services publics et les exploitants de bornes de recharge doivent faire preuve d’un meilleur synchronisme au sein de l’écosystème afin de continuer à renforcer la confiance des consommateurs pour les inciter à passer aux VE.

Par exemple, ces groupes peuvent faire ensemble ce qui suit :

  • Améliorer la chaîne d’approvisionnement à l’échelle nationale afin de garantir les commandes de VE. L’étude d’EY révèle qu’au Canada, la mobilité partagée continue de faire face à une foule de problèmes, notamment l’incapacité de renouveler les stocks de véhicules dans un contexte de difficultés prolongées liées à la chaîne d’approvisionnement, de pénuries de main‑d’œuvre et de pressions inflationnistes, ce qui entraîne une hausse des prix et une certaine indisponibilité au chapitre des véhicules ou des conducteurs.
  • Unir leurs efforts afin d’élaborer des programmes de services publics comme des remises sur le temps d’utilisation. Cette initiative pourrait contribuer à rassurer près du quart des répondants au Canada qui s’inquiètent du coût de possession d’un VE.
  • Créer des solutions de recharge pratiques, sécuritaires et accessibles. L’étude d’EY révèle que le coût élevé de l’installation des bornes de recharge et la sécurité entourant leur installation sont les principales préoccupations de 60 % des propriétaires de VE au Canada. Par ailleurs, plus de la moitié des répondants ont indiqué que la localisation d’une borne de recharge et la réduction des délais d’attente figuraient parmi les facteurs les plus importants qu’ils prenaient en compte.
  • Favoriser la collaboration entre les exploitants de bornes de recharge et les organismes de réglementation afin d’améliorer l’expérience client. Cette collaboration pourrait prendre forme grâce à un certain nombre de canaux potentiels, notamment en offrant des réseaux d’itinérance, en augmentant la disponibilité du réseau et en mettant en place des options de paiement sans contact.

Certaines initiatives ont déjà été prises dans ce sens. Mentionnons notamment les efforts collectifs déployés par les FEO du secteur de l’automobile afin de mettre en place un réseau de bornes de recharge à l’échelle nationale1, et les travaux du gouvernement du Canada visant à améliorer l’empreinte de fabrication. Néanmoins, notre étude révèle que ces efforts isolés, en eux‑mêmes, ne suffiront pas.

Afin de s’attaquer véritablement aux problèmes liés à l’expérience client en vue de favoriser l’adoption durable des VE, le Canada doit procéder à qui suit :

1.    Favoriser les efforts de collaboration afin d’améliorer l’expérience des consommateurs en matière de recharge des véhicules. L’expérience des utilisateurs à l’égard du réseau de bornes de recharge peut être améliorée. Plus de la moitié des répondants à l’étude d’EY (59 %) ont indiqué avoir eu de la difficulté à trouver une borne de recharge, et 45 % ont mentionné avoir connu de longs délais d’attente. Parallèlement, les trois quarts des répondants ont affirmé avoir eu affaire à des bornes de recharge défectueuses (incapacité d’accéder au port ou problèmes d’interopérabilité).

Les exploitants de bornes de recharge et les organismes de réglementation peuvent faire preuve de collaboration afin d’appliquer des normes en matière de disponibilité et d’entretien des bornes et de renforcer la résilience de l’infrastructure. Au Royaume‑Uni, une nouvelle réglementation oblige désormais les exploitants de bornes de recharge à présenter un taux de fiabilité de 99 % et à offrir des options de paiements sans contact. De plus, compte tenu des 41 % des utilisateurs qui se disent préoccupés par la hauteur des frais de recharge, il pourrait être bénéfique de veiller à l’augmentation des options de traitement des paiements et des capacités d’itinérance permettant la baisse des frais de recharge interréseaux.

2.    Simplifier l’information portant sur les VE afin de renforcer la sensibilisation. Compte tenu des nombreux points de rencontre entre les gouvernements et les citoyens, l’établissement de communications ciblées simplifiant le processus d’acquisition pour les consommateurs au Canada pourrait contribuer à la mise en place d’un écosystème cohérent favorisant l’adoption des VE. Les entreprises de services publics, les FEO, les exploitants de bornes de recharge et les blogueurs du secteur de l’automobile ont tous des points de vue sur les VE, sur les technologies de recharge et sur les frais de recharge. Bien que les médias numériques soient les plus populaires, il existe de nombreuses sources d’information générale qui peuvent être fastidieuses à consulter pour les consommateurs qui tentent de faire des recherches quant à leurs options.

L’adoption de canaux numériques peut contribuer à la simplification de ce processus, en permettant aux consommateurs de mieux comprendre ce qui se passe sur le marché et de prendre des décisions éclairées. À l’échelle mondiale, les FEO mettent en place des salles de démonstration numériques qui intègrent la réalité augmentée et virtuelle afin de faciliter le processus de préacquisition. Plus de la moitié (52 %) des répondants à l’étude d’EY ont indiqué que cette approche simplifierait leur prise de décision. Le fait d’investir dans la formation des vendeurs chez les concessionnaires peut aussi contribuer à enrichir l’expérience des acheteurs de VE.

3.    Revoir la planification énergétique et les remises. Au Canada, 59 % des répondants se disent préoccupés par le coût élevé de l’installation des bornes de recharge, et 44 % se disent préoccupés par le coût initial élevé des véhicules électriques à batterie. Cela étant dit, certains de ces acheteurs potentiels pourraient bénéficier des remises sur les bornes de recharge offertes par leur fournisseur de services publics (p. ex. : remises sur les VE de la Colombie‑Britannique et sur les bornes de recharge de VE de BC Hydro et subvention de 5 000 $ de Fortis BC pour l’installation d’une borne de recharge). Bien que les entreprises de services publics offrent ces programmes, lorsque les consommateurs en prennent connaissance, bon nombre d’entre eux sont lassés de faire des recherches

En changeant le paradigme et en adoptant une approche ascendante en matière de planification énergétique, les entreprises de services publics peuvent réagir plus rapidement, car elles disposent des renseignements opérationnels nécessaires pour gérer les besoins de leur marché local et pour les satisfaire.

Améliorer les connaissances sur le cycle de vie et l’entretien des batteries. Les consommateurs se disent préoccupés par le coût de remplacement et d’entretien des batteries. En fait, un quart des répondants (24 %) ont indiqué que le prix élevé du remplacement de la batterie les dissuadait d’acheter un VE. Les informations concernant le cycle de vie des batteries sont encore parcellaires. Néanmoins, à mesure que le nombre de kilomètres parcourus par les VE augmente à l’échelle mondiale, les FEO et les entités de sensibilisation peuvent éclairer les consommateurs sur la santé des batteries au cours de la durée de vie des véhicules. Ils peuvent participer à la sensibilisation des consommateurs quant aux pratiques de pointe à adopter sur le plan de l’entretien et de la sécurité, et quant aux mesures appropriées à prendre lorsqu’une batterie atteint la fin de sa durée de vie utile.

En communiquant mieux avec les consommateurs, les parties prenantes du secteur peuvent aider ceux-ci à établir des plans, notamment en matière de recyclage et de réutilisation des batteries. Les nouvelles technologies peuvent également accroître la transparence des paramètres d’autonomie de la batterie, ce qui donne aux propriétaires de VE les moyens d’agir et d’accroître la valeur de revente de la batterie.

  • Montrer les références#Cacher les références

    [1] « Major automakers unite to build electric vehicle charging network they say will rival Tesla’s », CBC News, 26 juillet 2023, https://www.cbc.ca/news/canada/windsor/automakers-unite-electric-vehicle-charging-network-1.6918442

Résumé

Bien que le Canada s’efforce de favoriser le changement, il faudra redoubler d’efforts pour mettre en œuvre des programmes qui permettront aux consommateurs d’investir en toute confiance dans l’acquisition de véhicules électriques, alors que le Canada cherche toujours à atteindre son objectif consistant en ce que l’ensemble des ventes de voitures et de camions de passagers soit des véhicules à zéro émission d’ici 2035.

À propos de cet article

Par Jennifer Rogers

Leader nationale, Automobile et transports, EY Canada

Mener les gens et les produits à destination – plus efficacement, plus rapidement et plus intelligemment – dans un monde en évolution rapide.